• Le vase de Soissons n'existe pas
    & autres vérités cruelles sur l'histoire de France

    Le vase de Soissons n'existe pas, Christophe Granger & Victoria VanneauChristophe Granger
    & Victoria Vanneau

    Le vase de Soissons, le sou de Varennes, le masque de fer, le bouclier de Vercingétorix : qui n'en a pas entendu parler ? Ces objets semblent à eux seuls incarner l'histoire de France. Et pourtant… aussi légendaires soient-ils, la plupart n'existent pas !

    Le vase de Soissons, butin de guerre de Clovis brisé par un soldat refusant que la relique soit rendue à l'Église, est pour certains un vase, pour d'autres tout juste une coupe… A-t-il d'ailleurs même été brisé ? Une chose est certaine : il n'en demeure aucune trace.
    D'où vient cette légende, qui met en scène l'épopée du premier Roi Très Chrétien et fournit à la monarchie française une lignée glorieuse ?
    Deux historiens sont partis sur les traces de quinze objets mythiques de notre histoire, pour mettre à nu la formidable saga de leur invention. Oubliez ce qu'on vous a raconté sur l'histoire de France : voici une enquête inédite, joyeuse et passionnante, qui raconte notre histoire telle que nous ne la connaissons pas.

    Autrement, octobre 2013  
    coll. « Leçons de chose » 
    130x200 mm • 263 pages  
    isbn : 978-2-7467-3555-2
    prix : 16 €

    Compte rendu dans aggiornamento hist-géo, par Véronique Servat 

     Qu’y a-t-il de commun entre le bouclier de Vercingétorix, la culotte de Dagobert (qu’il avait semble-t-il mis à l’envers),  l’étendard de Jeanne d’Arc, le masque de fer, le godemiché de Marie-Antoinette ou le chasse-mouches du dey d’Alger ? Sans trop s’y risquer on répondrait que ce sont des objets qui ont eu un rôle dans l’Histoire. Oui, mais ce n’est pas si simple et la quête de la vérité n’est pas toujours un long fleuve tranquille surtout lorsqu’elle est enfouie sous des siècles d’écritures historienne, littéraire ou cinématographique. Et, comme l’annonce le sous-titre de l’ouvrage qui nous occupe il y a des vérités cruelles sur l’histoire de France, qu’il est bon de rappeler. Parmi celles-ci, on le sait dès qu’on a la couverture sous les yeux, l’un des plus insupportables est peut être Le Vase de Soissons n’existe pas.

    lire la suite  http://aggiornamento.hypotheses.org/1646


     

    La prison du masque de fer - Ile Sainte Marguerite

     

     


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  • Du changement dans l'école.

    Les réformes de l'éducation de 1936 à nos jours

    Du changement dans l'école - Les réformes de l'éducation de 1936 à nos jours - Antoine ProstAntoine Prost

    L’école semble impossible à réformer et, pourtant, elle a beaucoup changé. C'est le paradoxe qu'éclaire cette histoire des réformes depuis Jean Zay en 1936 jusqu'à François Fillon en 2005. Certaines ont suscité de bruyantes polémiques, d'autres sont passées inaperçues. Les unes ont fait l'objet de lois, d'autres de décrets ou de circulaires.

    L'enchaînement commission/rapport/loi/texte d'application n'est pas général. Bref, le changement a pris de multiples visages. Pourquoi certaines réformes ont-elles réussi et d'autres échoué? Pour répondre à cette question centrale et évaluer le rôle des divers acteurs, politiques, administrateurs, commissions, syndicats et autres, Antoine Prost revisite l'histoire de notre enseignement: le Front populaire, la Libération, les années de Gaulle, puis les ministères d'Alain Savary, Jean-Pierre Chevènement, Lionel lospin et François Fillon. La consultation de nombreuses archives le conduit à réviser certaines interprétations et à mettre en évidence le rôle d'acteurs comme Georges Pompidou. 

     

    Ce livre n'est ni un manuel ni une thèse mais une synthèse aiguisée sur soixante-dix ans de réformes de l'éducation. 

    Antoine Prost, professeur émérite à l'université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne, a publié des ouvrages sur les combattants de la Grande Guerre, les ouvriers du Front populaire et de la Libération, et l'histoire de l'éducation. Sa connaissance du système éducatif lui a valu de participer à plusieurs commissions officielles et de rejoindre le cabinet de Michel Rocard en 1988-1990, sans jamais quitter l'Université. 

     

    Seuil, octobre 2013  coll. « L'Univers historique »   155x240 mm • 394 p.  isbn : 978-2-02-110574-2  prix : 21 €

     

     

    Quelques recensions sur la toile

    Sur France Culture Emission Rue des Écoles de Louise Tourret :

     

      "Dans son livre, Antoine Prost revisite les principaux épisodes de notre enseignement grâce à la consultation de nombreuses archives allant du Front Populaire à la Réforme Jospin. Ce livre n'est ni un manuel, ni une thèse, mais une analyse de l'Histoire de l'éducation et de l'enseignement en France."

     

     

     

    Sur le site du Café pédagogique, un entretien avec Antoine Prost: http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/10/10102013Article635169795179603439.aspx

     Les Cahiers pédagogiques, n° 508, novembre 2013 Du changement dans l'école d'Antoine Prost est le livre du mois dans les  Compte rendu de Jean-Michel Zakhartchouk

    "C’est toujours un grand plaisir intellectuel d’écouter ou de lire Antoine Prost. On trouve chez lui ce qu’on aime trouver dans les écrits d’historien : un langage clair pour évoquer des choses complexes, de la rigueur qui permet de séparer l’énoncé des faits d’éventuels commentaires, l’alliance de l’analyse fine toujours indispensable et de la synthèse qui se garde d’être trop généralisante. C’est bien le cas pour son dernier livre."
    lire la suite : http://www.cahiers-pedagogiques.com/Du-changement-dans-l-ecole

    Sur le site du Centre Henri Aigueperse (Unsa éducation)
    Le nouvel ouvrage d’Antoine Prost a pour ambition de s’interroger, en historien — au-delà des discours convenus — sur la réalité ou l’échec des réformes en éducation du Front populaire à nos jours, de Jean Zay à Vincent Peillon.

    http://cha.unsa-education.com/spip.php?article35

    et les propos recueillis par Maryline Baumard, Le Monde culture et idées
    aller à :  http://himase.fr/IMG/pdf/Prost-Baumard.pdf

     

     


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  • La Grande Guerre expliquée en images

    La Grande Guerre expliquée en images. Antoine ProstAntoine Prost

    1 400 000 morts,
    3 à 4 millions de blessés,
    600 000 veuves,
    76 000 orphelins
    :
    c’est le bilan, rien que pour la France, de la guerre de 1914-1918, celle que l’on appelle la Grande Guerre. Autant de chiffres qui dépassent l’imagination et nous poussent à nous demander com-ment le début du XXe siècle a-t-il pu accoucher d’un tel drame.
    Alors que les derniers poilus se sont éteints, Antoine Prost, historien émérite de la Première Guerre mondiale, nous explique cette douloureuse histoire avec beaucoup de précision, de clarté, et de pédagogie, répondant à de multiples questions : quelles sont les causes du conflit ? Qu’est-ce que la mobilisation? Comment vivaient? et mouraient? les poilus? Comment fonctionnaient les usines pendant la guerre ? Qu’est-ce qu’ont fait les femmes? Pourquoi les États-Unis sont-ils entrés dans la guerre en 1917?... Et enfin : comment est-on parvenu à la paix?

    Seuil, octobre 2013  168 pages   25 €


     Les photographies ci-dessous, pour illustrer cette page, sont accessibles sur Gallica

    La Grande Guerre expliquée en images. Poilus permissionnaires 1916

    Poilus permissionnaires en 1916 (garde de l'est)
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    Source : Gallica

    La Grande Guerre expliquée en images. Poilus en permission, Paris  1916

    Poilus en permission, Paris 1916
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    Source : Gallica

     

    La Grande Guerre expliquée en images. 1916  Réfectoire en plein air, bancs et tables confectionnés par les poilus, en rotin à la carrière du Chauffour

     1916  Réfectoire en plein air, bancs et tables confectionnés par les poilus, en rotin à la carrière du Chauffourà proximité de Thiescourt (Oise)
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    Source : Gallica

    La Grande Guerre expliquée en images. 1915, après une attaque des poilus se réconfortent

    1915, après une attaque des poilus se réconfortent
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    Source : Gallica

    La Grande Guerre expliquée en images. En 1916, à  Frise (Somme) le lavoir des poilus

     En 1916, à  Frise (Somme) le lavoir des poilus 
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    Source : Gallica

    La Grande Guerre expliquée en images. 1916, Grenades à main allemandes appelées par les poilus "crapauds"

    1916, Grenades à main allemandes appelées par les poilus "crapauds"
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    Source : Gallica

    La Grande Guerre expliquée en images. 1916 Petites bombes à ailettes appelées par les poilus "pigeons"

     1916 Petites bombes à ailettes appelées par les poilus "pigeons"
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    Source : Gallica

    La Grande Guerre expliquée en images. Paris, 10e arrondissement, les premières femmes facteurs, le 1er juin 1917

    Paris, 10e arrondissement, les premières femmes facteurs, le 1er juin 1917
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    Source : Gallica

     

     


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  • L'urbanisme espagnol depuis les années 1970
    La ville, la démocratie et le marché

    L'urbanisme espagnol depuis les années 1970. Laurent Coudroy de Lille, Céline Vaz et Charlotte Vormssous la direction de
    Laurent Coudroy de Lille, Céline Vaz et Charlotte Vorms

    La dépression économique traversée depuis 2008 par l'Espagne a partie liée avec une grave crise immobilière. Or celle-ci s'inscrit dans une histoire plus longue de l'urbanisation dans ce pays. L'ouvrage en propose à la fois un panorama et une lecture dynamique.

    La démocratisation des institutions au tournant des années 1970-1980 s'est accompagnée de l'avènement de nouvelles politiques urbaines, permettant une modernisation accélérée des villes et de plus grandes métropoles européennes, Barcelone une référence de l'urbanisme mondial, tandis que l'on découvrait Bilbao, Valence, Séville et quantité d'autres villes à travers de nouveaux équipements de prestige. Cependant l'urbanisation touristique du littoral, la surchauffe immobilière et, avec elles, la destruction des paysages et des équilibres environnementaux se poursuivaient dans le même temps. Ces évolutions contrastées s'ancrent dans une histoire qui remonte au moins au franquisme, mettant en question la rupture qu'aurait signifiée la Transition démocratique pour les villes.
    Parmi les spécialistes qui ont contribué à cet ouvrage, certains ont été acteurs de la fin du franquisme et de la refondation d'un urbanisme plus démocratique, décentralisé, puis dérégulé. Au-delà d'un propos critique et inquiet sur le cas espagnol, les auteurs alimentent la réflexion sur la durabilité du modèle de la ville européenne.
    Contributions de Julio Alguacil Gómez, Nacima Baron-Yelles, Renaud Boivin, Jordi Borja Sebastià, Estrella Candelaria Cruz, Horacio Capel Saéz, María Castrillo Romón, Alfonso Fernández Tabales, Jesús Leal Maldonado, Antonio Montiel Márquez,  José Manuel Naredo, Luciano Parejo Alfonso, Julie Pollard, Fernando Roch Peña, Javier Ruiz Sánchez, Luis Santos Ganges, Hovig Ter Minassian

    Presses universitaires de Rennes, octobre 2013
    collection «Espace et Territoires»
    165x240 mm • 307 pages ill.
    isbn : 978-2-7535-2671-6
    prix : 20 €

    Voir le compte rendu dans La Vie des idées par Virgilio Pinto Crespo
    Extrait : […] La Prosperidad a sa propre personnalité, et ce livre est une biographie féconde, qui fait appel aux méthodes de l’histoire urbaine, de la microhistoire et de l’ethnographie historique. Il inclut la dynamique du quartier dans celle de la ville toute entière, et dessine une image riche de ses transformations, à une époque où les gens étaient partie prenante de ces changements. Une biographie dont la lecture s’avère encore plus intéressante aujourd’hui, où nous constatons que nous avons cessé d’être les acteurs de notre réalité, et où notre vie se déroule dans un cadre conçu on ne sait où ni par qui.


    Table des matières

    Laurent Coudroy de Lille, Céline Vaz, Charlotte Vorms
    Introduction. Retour sur quarante années d’urbanisation espagnole
    Première partie
    Démocratisation, Décentralisation, libéralisation
    Luciano Parejo Alfonso
    L’évolution du cadre juridique de la production de la ville depuis 1956
    Javier Ruiz Sánchez
    L’intervention publique étatique dans la production du sol urbain en Espagne
    Julie Pollard
    De la toute-puissance à l’effondrement : les promoteurs espagnols et la crise immobilière 
    Antonio Montiel Márquez
    Le modèle d’aménagement urbain dans la communauté autonome de Valence et ses effets sur les droits individuels, les ressources naturelles et autres biens collectifs 
    Julio Alguacil Gómez
    La mobilisation citadine dans la transformation des quartiers périphériques de Madrid 
    Jordi Borja Sebastià
    Retour sur le « modèle Barcelone » par un de ses acteurs 

    Deuxième partie
    Villes en mutation
    María Castrillo Romón
    La réhabilitation urbaine : une politique impossible ?
    Jesús Leal Maldonado
    Les mutations de l’espace social des grandes villes
    Hovig Ter Minassian
    Les politiques urbaines municipales dans la vielle ville de Barcelone (1979-2008)
    Renaud Boivin
    Réhabilitation et gentrification du centre historique de Madrid.
    Le quartier de Lavapiés

    Troisième partie
    croissance urbaine et production immobilière
    José Manuel Naredo
    Genèse et conséquences du modèle immobilier espagnol 
    Nacima Baron-Yelles
    Développement résidentiel et protection environnementale
    sur le littoral d’Andalousie occidentale des années 1970 à 2010
    Luis Santos y Ganges
    La ville et le système ferroviaire.
    Spéculation publique dans les grands chantiers urbains 
    Estrella Candelaria Cruz Mazo, Alfonso Fernández Tabales
    Le bâtiment et l’immobilier en Andalousie. Analyse territoriale,
    panorama économique et social
    Fernando Roch Peña
    Le logement dans le modèle urbain espagnol.
    Une perspective critique
    Horacio Capel Saéz
    Urbanisme, politique et économie : pour une approche comparée
    de l’Espagne et de la France

    Bibliographie
    Résumés des contributions et présentation des auteurs
    Repères chronologiques 

    « L’urbanisme espagnol depuis les années 1970 », Laurent Coudroy de Lille, Céline Vaz et Charlotte Vorms (dir.)
    ISBN 978-2-7535-2671-6 Presses universitaires de Rennes, 2013, www.pur-editions.fr


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  • Jean Delumeau. De la peur à l'espérance

    Jean Delumeau. De la peur à l'espérance.  Pascal OryÉdition et avant-propos, Pascal Ory

    Ce volume réunit deux livres majeurs de Jean Delumeau ainsi qu'une dizaine d'écrits pour la plupart peu connus, voire inédits. Un tel choix vise à apprécier dans leur globalité l'oeuvre et la pensée de ce grand historien du sensible, devenu l'un des principaux essayistes chrétiens de notre temps. 

    On retrouve ici tout d'abord son ouvrage scientifique le plus célèbre, La Peur en Occident (XIVe-XVIIIe siècle), volume initial d'une série qui marqua une date décisive dans l'avènement d'une «histoire des mentalités religieuses». Ce qu'il nous dit là des peurs «spontanées» du plus grand nombre et des peurs «réfléchies» des élites n'est pas sans écho dans le monde d'aujourd'hui.

    Suit l'essai le plus important de sa bibliographie chrétienne,Guetter l'aurore, dans lequel Delumeau développe et approfondit sa réflexion sur l'avenir du christianisme. À cette interrogation, il répond par un appel au dialogue, témoignant d'une rare capacité d'émerveillement et d'optimisme.

    Cette édition regroupe enfin ses deux exposés fondateurs prononcés au Collège de France, six textes jalonnant le cheminement de ses recherches, un Entretien sur la fin des temps et le dossier de la vive polémique suscitée par la publication de son livre Le christianisme va-t-il mourir ?

    Autant de témoignages de l'approche ouverte et lumineuse que l'auteur a toujours eue de la religion chrétienne, dont il parle ici en exégète autant qu'en visionnaire.

    Le volume contient : un Avant-propos de Pascal Ory 

    et deux  ouvrages de Jean Delumeau
    • La peur en Occident (XIVe-XVIIIe siècle). Une cité assiégée
    • Guetter l'aurore. Un christianisme pour demain

    suivis d'un chapitre Parcours, recherches et débats, textes présentés par Pascal Ory 

    Robert Laffont, octobre 2013 
    collection «Bouquins»  
    130x200 mm • 997 pages 
    isbn : 978-2-221-12569-4
    prix : 31 €


    Illustration, 27 octobre 1978, l'émission Apostrophes (TV A2) animée par Bernard PIVOT est consacrée à "la peur", Jean Delumeau est un des invités, à l'occasion de la sortie de son livre, La peur en occident... extrait :

     

     


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  • Une histoire des festivals, XXe-XXIe siècle

    Une histoire des festivals, XXe-XXIe siècle, - Pascale Goetschel et Julie Verlaine Avignon, Cannes, Festpaco, Newport, Woodstock…  tous ces noms évoquent des festivals célèbres, pour certains mythiques. C’est à l’histoire de ces manifestations culturelles singulières que s’attache cet ouvrage. Une histoire contemporaine qui va parfois chercher ses racines loin dans le temps. Une histoire de moments singuliers et de lieux inédits. Une histoire révélatrice de fortes aspirations esthétiques, nourrie par de puissants enjeux politiques, économiques ou sociaux. Une histoire foisonnante, inscrite dans une perspective locale, nationale et mondiale, laissant une large place aux phénomènes d’échanges, de circulations et de métissages

    Ont contribué à cet ouvrage : Aude Ameille, Sarah Andrieu, Bana Barka, Harouna Barka, Iris Berbain, Lenka Bokova, Alice Byrne, Amélie Charnay, Elina Djebbari, Anaïs Fléchet, Pascale Goetschel, Laurence Guillon, Sotirios Haviaras, Patricia Hidiroglou, Sophie Jacotot, Sylvain Lesage, Skadi Loist, Caroline Moine, Marcos Napolitano, Pascal Ory, Stephano Pisu, Géraldine Poels, Michel Rapoport, Sylvain Schryburt, Marie-Noëlle Semet, Françoise Taliano-Des Garets, Florence Tamagne, Julie Verlaine et John Wäfler.   

    Direction de l'ouvrage  - Anaïs Fléchet  Pascale Goetschel  Sophie Jacotot  Patricia Hidiroglou Caroline Moine  Julie Verlaine
    Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire contemporaine, n° 9 »
    160 x 240 mm • 350 p. illustrées
    prix : 25 €

     

    Vidéo complète : Présentation  par Pascale Goeschel et Julie Verlaine
    Réalisation : Jeanne Menjoulet   -   Production : CHS

    Irruption historique

    Dans la première partie de cette réalisation vidéo, Pascale Goetschel retrace les origines anglaises du festival contemporain, dans les années 1770-1790, puis sa diffusion dans les années 1820-1830 et sous le Second Empire, dans toute la France (en partant du nord) sous la forme du mouvement orphéonique. Les orphéons comptaient des dizaines de milliers de membres. Les festivals, comme celui de l'Industrie de Berlioz en 1844, s'inscrivaient également dans la valorisation de l'industrie française.
    Les festivals contemporains ont aussi une seconde affiliation, d'origine germanique, dont la matrice est le festival de Bayreuth, autour de Wagner.

    Julie Verlaine souligne que l'explosion des festivals après la Seconde Guerre mondiale est tout d'abord numérique : explosion de leur nombre sur la scène occidentale (notamment ceux pop et rock), mais aussi catégorielle : expansion significative des disciplines et cultures concernées par les festivals – l'objet n'étant plus seulement la musique et le chant choral, mais de nouveaux médias (cinéma, puis télévision…) et des cultures, comme les cultures juives par exemple. La dilatation du nombre de festivals est aussi mondiale, tous les continents sont concernés.

    Les lieux
    Les festivals se déroulent souvent dans des lieux singuliers (les chorégies d'Orange liées au patrimoine architectural de la ville ou, par exemple, Woodstock). Ils se caractérisent souvent par un rapport au centre singulier, mélangeant centralité et dilatation, le festival d'Avignon en est un exemple avec le In et le Off.
    Les festivals sont fréquemment synonymes de lieux insolites, marginaux, ou de lieux ouverts… avec les exemples des biennales de Nantes (estuaire du fleuve) et de Lyon (exploitation de quartiers en friche, futurs pôles de développement, comme les usines TASE de Vaux-en-Velin).
    Les festivals représentent parfois l'occasion de construire des équipements d'infrastructure impulsés par un volontarisme municipal et/ou des subventions ministérielles.
    Les festivals peuvent aussi avoir une vocation locale, exemple des militants d'éducation populaire, mais également être caractérisés par une vocation nationale, exemple du festival de Salzbourg.
    À ce lien très fort avec le territoire s'ajoute une dimension de circulation internationale et transnationale – artistes et organisations faisant le tour des festivals –, ainsi qu'une logique d'articulation entre le local, le national et l'international. À ce niveau, il peut être question de complémentarités mais également de tensions, ainsi l’exemple du festival des masques de Dédougou en Afrique, au Burkina Fasso, où le local est amené à se conformer à un modèle tel qu'il est attendu au niveau national.
    Autre exemple, celui du festival d'Angoulême : initiative locale (dans le contexte plus général de la municipalisation de la Culture en France) et enjeu national (dans un contexte plus général, celui de la décentralisation) avec la construction du Centre national de la bande dessinée où l'État ajoute une « pierre » à la politique municipale, complémentarité plutôt que substitution…

    Passage à l'art, création artistique et rôle des directeurs de festivals
    Pascale Goetschel souligne un aspect très intéressant de l'ouvrage, celui du rôle des festivals dans le processus de légitimation artistique de certaines disciplines où les festivals sont souvent le vecteur d'un ancrage des objets dans le champ artistique : cinéma, télévision, bande dessinée… L'enjeu peut être analysé comme une question d'identité, à laquelle s'ajoute une recherche de reconnaissance de la qualité d'une discipline. Des arts réputés "mineurs" ambitionnent d'être reconnus comme des Arts à part entière.

    Dans cette optique, les festivals sont souvent le théâtre de conférences, de débats savants qui s'inscrivent dans ce processus d'artification, dans ce "passage à l'art".
    Il peut y avoir aussi processus de re-légitimation d'une discipline, exemple des festivals d'Aldeburgh et d'Aix-en-Provence et du rôle qu'ils ont joué dans la renaissance de l'opéra.
    Julie Verlaine insiste pour sa part sur le rôle prescripteur du festival. Prescription par la commande (exemple de commandes pour la création d'opéra) et prescription dans la consécration apportée par la sélection du festival ou les remises de prix…
    Le passage à l'art peut prendre la forme, dans certains cas, d'une transformation en bien culturel (exemple du festival de Dédougou, au Burkina Fasso).

    Rôle des directeurs et organisateurs de festivals
    Des personnalités fortes ou des associations donnent bien souvent l'impulsion initiale d'un festival. Exemple de Jean Vilar à Avignon, ou d'Alioune Diop (le fondateur de la revue Présence Africaine) concernant le festival mondial des arts nègres de Dakar en 1966 (sans oublier le rôle de Senghor ou d'Aimé Césaire).


    Place des femmes dans les directions de festivals
    Jusqu'aux années 1950-1960, il s'agit beaucoup plus souvent d'hommes que de femmes (les femmes étant quasi absentes de ces réseaux), mais on constate l’apparition de festivals féministes dans les années 1960-1970 (festival de films de Créteil). Aujourd'hui cette évolution correspond à une celle assez générale des métiers artistiques et la féminisation des postes de direction de festival ne fait pas exception à la règle.

    Rôle des festivals dans la création
    Les festivals contribuent bien sûr à la diffusion de la culture. Dès les origines du festival contemporain, le mouvement orphéonique contribua à la diffusion des festivals en Europe. Aujourd'hui, les festivals forment des maillons essentiels de transmission transnationale et de circulation des artistes et des créations (exemple du FTA de Montréal pour la circulation des créations théâtrales), exemple du festival de Cannes, (lieu de promotion d'esthétique nationale…). Le festival de théâtre de Nancy créé par Jack Lang illustre également ces propos, dans la mesure où il produisit des troupes du monde entier comme le Bread and Puppet Theatre.

    Les festivals, enjeux politique
    Les festivals représentent parfois l’occasion de revendiquer une position sur la scène internationale et une existence nationale. Moyens d'affirmation politique, les festivals africains, festival des Arts nègres de Dakar, Festac du Nigeria et Panaf à Alger ont marqué l'histoire des festivals dans ce sens.

    Promotion nationale ou idéologique
    De la légitimation nationale à la promotion nationale, il n'y a qu'un pas… La dimension promotionnelle (propagande nationale) est illustrée par l'exemple du festival of Britain (aspect campagne publicitaire) qui est caractéristique de l'enjeu politique. La période de la guerre froide est aussi très marquée par l'utilisation des festivals dans le grand jeu diplomatique et dans le cadre de la concurrence entre les deux blocs. Les exemples de ce type de tentative, côté bloc soviétique, est celui de la création d'un festival concurrent de Cannes et Venise et celui des festivals mondiaux de la jeunesse organisés pour réunir une jeunesse qui se retrouvait dans des idéaux marxistes.

    Enjeux politiques parfois très violents
    Au nord du Cameroun, l’exemple de deux festivals concurrents valorisant des "identités" arabes-Choa et Sao-Kotoko où les enjeux dépassent largement l'esthétique. 
    Les subventions peuvent représenter un enjeu qui n'est pas tout à fait le même selon que la subvention vient du ministère des Affaires étrangères (vocation de rayonnement international) ou du ministère de la Culture.

    "La subvention est-elle la sujétion ? " (Victor Hugo)
    Un chapitre de l'ouvrage est consacré à l’exemple d’un festival qui se veut contestataire et dont l'indépendance ne semble pas remis en cause par les subventions : celui des musiques populaires de Rio, au Brésil (MPB). Financé par la télévision nationale brésilienne, sous un régime politique militaire, ce festival illustre la capacités de festivals à porter une dimension contestataire tout en étant porté par une politique nationale...
    Une partie des festivals se construit sur une logique de contestation (principe de l'avant-garde) mais on observe globalement une disjonction entre la subvention et la création (avec malgré tout, ici ou là, des tensions entre édiles et artistes).
    Souvent ouverts à la contestation, les festivals de rock des années 1960 donnaient lieu à une intervention des pouvoirs publics – intervention se situant au niveau des règlements, des interdictions et de la sécurité – ils provoquaient parfois de fortes tensions.

    Construction identitaire
    Comment un art est-il utilisé pour valoriser une identité nationale ? Exemple des festivals africains ou du festival de Salzbourg en Autriche.
    Ambiguïté de la fonction du festival comme vitrine. Les mécanismes identitaires et communautaires sont observables avec la multiplication de festivals très spécialisés. Exemple des festivals LGBT dont l'objet est aussi la reconnaissance des communautés qui impulsent ces festivals.
    Des regroupements peuvent s'opérer autour d'identités artistiques. Pour exemple, celui d’Avignon – haut lieu de communauté d'un public qui aime le théâtre – et dont le In et le Off donnent lieu à des regroupements.

    Les festivals, lieux de négociation économique
    Espaces de confluences et de discussions économiques pour les compagnies de théâtre. Producteurs ou co-producteurs de pièces de théâtre, par exemple, les festivals sont souvent le lieu de conclusion d'accords concernant des tournées, des reprises de pièces… Exemple également du festival TV de Monte Carlo où les chaînes de télévision font leur marché ; en ce sens, les festivals peuvent être assimilés à des « foires ».

    Mais les festivals sont des lieux de rencontres d'artistes, exemple des festivals de jazz de l'immédiate après guerre (Newport, Nice), où les musiciens se côtoient et font des « bœufs ».

    Pour finir...
    L'entretien vidéo se termine sur la question de la distinction : des logiques de distinction sociale, par affinités de goût, qui n'épuisent pas la question de la quête de l'entre-soi. Alors que se sont développés les discours autour de la démocratisation nécessaire de l'accès à la culture, les festivals sont le théâtre de deux logiques à l'œuvre avec d'une part celle de l’aspiration à toucher des publics variés et d'autre part celle de l’entre-soi.

     


    Ecoutez une émission radiophonique, avec Pascale Goetschel, sur l'histoire des festivals
    sur le site de la Radio-Télévision Suisse (RTS) :
    http://www.rts.ch/espace-2/programmes/babylone/5932460-babylone-du-02-07-2014.html

     

    TABLE DE MATIERES

    INTRODUCTION
    Le festival, objet d’histoire - par Pascale Goetschel et Patricia Hidiroglou 

    JALONS ET TERRITOIRES
    Émergences et générations
    Qu’est-ce qu’un festival ? Une réponse par l’histoire - par Pascal Ory 
    La renaissance de l’opéra en Europe dans la seconde moitié du xxe siècle grâce aux festivals - par Aude Ameille 
    Les festivals artistiques de la guerre froide : quel rôle dans le renouveau de l’espace culturel européen ? (années 1940-1960) - par Caroline Moine 
    Les festivals internationaux de cinéma dans l’URSS du second stalinisme, ou brèves histoires de contre-festivals « fantômes » -  par Stefano Pisu 
    Les festivals de musique populaire : un objet transnational (années 1950-1970) - par Anaïs Fléchet 
    The era of song festivals: a fundamental moment in Musica Popular Brasileira (MPB), 1966-1968 - par Marcos Napolitano 
    Les festivals « pop » et « rock » en Europe : débats et enjeux (fin des années 1960 - début des années 1980) - par Florence Tamagne 

    Vers une « festivalisation » de la vie culturelle ?

    Changing festival definitions: a brief history of the Fribourg International Film Festival in Switzerland - par John Wäfler 
    The Queer Film Festival Phenomenon in a Global Historical Perspective (the 1970s-2000s) - par Skadi Loist 
    Une forme globalisée, des enjeux localisés. Les festivals culturels régionaux au Burkina Faso des années 1990 à aujourd’hui - par Sarah Andrieu 
    Les festivals de théâtre : esquisse d’une sociologie du champ théâtral international - par Sylvian Schryburt 

    FORMES ET DYNAMIQUES
    Modèles, contre-modèles
    Le festival d’Athènes-Épidaure : un organisme en pleine mutation - par Sotirios Haviaras et Marie-Noëlle Semet 
    Le KlezKamp de New York et le festival de Culture juive de Cracovie : modèles d’une culture yiddish réinventée - par Patricia Hidiroglou
    La naissance de deux festivals de culture juive dans le Berlin divisé - par Laurence Guillon
    Les festivals au Cameroun et leurs enjeux identitaires et politiques : Festik (2000) et Festat (2003) - par Bana Barka et Harouna Barka 

    Création et légitimation
    Au coeur de la construction de l’identité autrichienne : le festival de Salzbourg, 1917-1950 -par Amélie Charnay 
    Le festival d’Aldeburgh et Benjamin Britten - par Michel Rapoport 
    « Britain at home to the world ». Propagande et relations culturelles au Festival of Britain, 1951- par Alice Byrne 
    Angoulême, « la ville qui vit en ses images » ? Politisation de la culture et institutionnalisation du festival - par Sylvain Lesage 
    Le festival international de télévision de Monte-Carlo, à la recherche du 8e art - par Géraldine Poels 
    Les biennales d’art contemporain de Bordeaux, Lyon et Nantes, un nouvel âge de l’événement urbain ? - par Françoise Taliano-Des Garets
    La Biennale artistique et culturelle du Mali : la mise en scène d’une culture nationale, de l’indépendance à aujourd’hui - par Elina Djebbari 

    Regards croisés
    Quelles sources pour l’histoire des festivals ? Les collections du département des Arts du spectacle de la BnF ; l’histoire du festival d’Avignon dans les collections de la maison Jean Vilar - par Iris Berbain et Lenka Bokova
    Festan, Festac, Panaf - par Catherine Coquery-Vidrovitch


    À propos des orphéons, illustration de 1867...  à la Grande Guerre

    Nous vous proposons, en accompagnement de cette page consacrée à l'ouvrage, Une histoire des festivals, une autre page qui donne une illustration visuelle, textuelle (et radio) des orphéons, vous pouvez lire cet article ici : Les orphéons, chant choral aux origines de l'histoire des festivals, en France, un article du journal La Rue (Jules Vallès)


    Revue de presse Festival de Cannes, 1939

    Et pour clore cette page, un petit tour à Cannes, en 1939, alors que les préparatifs pour le premier festival, prévu pour le 1er septembre (et qui vit en fin de compte le jour en 1946, après-guerre)... Revue de presse :


    Le Petit Parisien, 12 juin 1939, annonce du festival de Cannes

    Cannes abrite désormais le festival international du film

    Nice, 11 juin 1939 (Le Petit Parisien)

    Un grand événement pour la France et pour la Côte d’Azur vient de se produire. Il est, en effet, offi­ciel aujourd’hui que dès septembre prochain, le festival international du film aura lieu à Cannes et que ce festival remplacera la biennale de Venise.

    Cette manifestation, qui devait d’abord avoir lieu tous les deux ans, devint vite, on le sait, un concours annuel. Or les produc­teurs américaine avaient décidé de ne plus prendre part à la biennale de Venise et avaient souhaité que cette grande épreuve du film ait lieu en France.

    Biarritz et Cannes étaient sur les rangs. Un comité patronné par le président du Conseil, le ministre de l'Education nationale et le haut commissaire au Tourisme examina donc les moyens offerts par les deux villes, et, après une visite à ces stations de M. Philippe Erlan­ger, directeur de l’Association fran­çaise de l’action artistique à l'étranger, c’est Cannes qui fut choisie. 

     Ce festival ce déroulera du 5 au 17 septembre.

     

     

     

     

     CE QUE SERA LE FESTIVAL DU FILM A CANNES,
    Le Figaro, 18 août 1939

     PAR Y.-GEORGES PRADE, membre du Comité d’organisation

    CE QUE SERA LE FESTIVAL DU FILM A CANNES, Le Figaro, 18 août 1939Parce que la politique y avait indiscutablement pris le pas sur l’art, et la technique, l’Exposition italienne du cinéma (improprement appelée la Biennale de Venise) paraissait condamnée à la fin de l’été dernier. La France avait le devoir, à la fois de recueillir cette succession, dont il est superflu de souligner l’importance, et de tenter autre chose sur un plan international sensiblement différent.

     Tel est le but du Festival du Film dont nous avions saisi, dès octobre 1938, les autorités gouvernementales qualifiées. Il se tien­dra, on le sait, à Cannes, du 1er au 20 septembre prochain et les adhésions recueillies parmi les pays producteurs permettent d’es­compter un succès certain — il sera, n’en doutons pas, le Cham­pionnat du monde du Cinéma.

     Quelques explications sont nécessaires pour en détailler le mécanisme, comment ne pas les fournir au Figaro qui comprit de si bonne heure la portée de cette manifestation nationale et qui nous apporta son appui spontané. Le Festival est d'essence officielle, il est organisé par le Gouvernement français et les invitations aux différentes nations ont été envoyées par le canal de notre ministère des Affaires étrangères. Signalons à ce propos, que, bien entendu, aucune exclusive n’a été prononcée, les puissances de l'Axe ont été conviées en temps utile, elles ont décliné l'invitation. Le Ministère responsable du déroulement est celui de l’Education nationale et l'exécution technique a été confiée à la Direction générale des Beaux- Arts.  (Suite page 5, col. 1, 2 et 3.)

    CE QUE SERA LE FESTIVAL DU FILM A CANNES, Le Figaro, 18 août 1939 (2ème page)

    L’importance de la participation est proportionnelle au nombre des films produits, la France, par exemple, et la Grande-Bretagne enverront chacune quatre films à long métrage, les États-Unis, par contre, auront droit à douze, tel aurait été également le cas du Japon (on y sort près de 800 films par an) s’il avait été présent à Cannes. Négligeons, pour l’instant, les catégories telles que les documentaires, scientifiques, dessins animés, etc..., pour ne nous occuper que du classement des grandes productions dites à scé­nario. Celles-ci seront aux prises nationalement dans les Grands Prix du Festival et du Jury international, décernés à chaque pays. Ainsi les films américains concourront entre eux, Stanley et Livingstone affrontera entre autres Bachelor Mother, Wissard of Oz, Union Pacific ; il en sera de même pour nos représentants choisis ces jours derniers par une commission spéciale, comme pour l’Angleterre, la Belgique, etc... En définitive, le Jury proclamera un champion par pays et chacune des bandes vic­torieuses aura droit pour les projections commerciales futures à la mention « Grand Prix du Festival de Cannes 1939 ».

    Avec la Coupe Louis Lumière, la compétition que l’inventeur du cinéma patronne personnellement s’élargira, ce trophée est destiné à récompenser le meilleur metteur en scène ; sur les noms de leurs réalisateurs, tous les films pourront donc se mesurer. Les prix de l'interprétation féminine et masculine, ceux du meilleur scénario, de la meilleure partition musicale, du meilleur opérateur, permettront en outre des jugements complémentaires significatifs.

    N’ayons garde de sous-estimer les Grands Prix (longs et courts métrages) des dessins animés, des documentaires, des films scientifiques, pédagogiques, de l’actualité et du reportage. Là encore, nous sommes assurés d’envois hors de pair, Cannes démontrera avec éclat qu’il n’est pas sur l’écran de catégories mineures. Le Festival sera caractérisé par des premières représentations européennes, souvent mondiales, et quoique le règlement autorise l’inscription de toute réalisation de l’année, les films inédits seront en écrasante majorité.

    Qui donc les classera ? Ai-je souvent entendu questionner ? Un jury constitué par les représentants des pays participants, ceux-ci ayant été désignés, à raison d’un par nation, par leur Gouvernement respectif. M. Georges Huisman détiendra la voix de la France, M. Harold Smith, celle des Etats-Unis; sir Henry Vansittart, probablement celle de l’Angleterre, M. de Maegt, la Suède, M. Van Staveren, la Hollande, M. Borggren-Franck, la Belgique, ajoutons-y les délégués de la Pologne, de l’U. R. S. S., de l’Egypte, de la Tchéco-Slovaquie, toutes ces adhésions étant déjà parvenues.

    Pourtant, objectera-t-on, Veni­se a lieu cette année, nous ne le contestons pas, le Dr Gœbbels en a même présidé les journées d’ouverture qui révèlent une participation restreinte. Mais le cinéma américain y fait complètement défaut, il sera, selon l’expression de ses dirigeants, 100 pour 100 à Cannes, et cette seule préférence nous dispense de toute comparaison entre les deux manifestations.

    Dans peu de jours, la France recevra ses invités, pouvait-on choisir de cadre plus idéal ? De la Napoule au fort d’Antibes, qu’aimait à peindre deux fois dans sa journée le délicat Signac, une nature privilégiée offre généreusement ses écrans pittoresques. La falaise du Suquet, Mougins si paisible, Biot aux perspectives florentines, Vallauris, montagne de fleurs, Juan-les-Pins, des jeux aquatiques, la Croisette, boulevard international, sont autant d'éléments qui réalisent la vie en or et le climat que demande le ci­néma.

    Y. Georges Prade.

     LE PREMIER FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM EN FRANCE (1) 10 août 1939

    LE PREMIER FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM EN FRANCE
    10 août 1939, L'Humanité
    On sait que la France a décidé d’organiser un grand festival annuel international de cinéma. Nous connaissons maintenant les grandes lignes du premier de ces festivals qui va avoir lieu a Cannes, du 1er au 15 septembre prochain.

    En organisant cette grande manifestation, la France a voulu encou­rager le développement de l’art cinématographique sous toutes ses formes, et créer entre tous les pays producteurs de films un véritable esprit de collaboration, dans une atmosphère de complète cordialité. 

    Le Festival international de Cannes se déroulera pendant environ trois semaines, au cours desquelles seront présentés pour la première fois en de brillantes soirées de gala, les films les plus marquants de la production mondiale, dont la réalisation est  LE PREMIER FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM EN FRANCE (2) 10 août 1939actuellement en voie d’achèvement dan les studios de Hollywood, de Londres, de Paris et des autres centres cinématographiques.  

    Les vedettes étrangères et françaises les plus célèbres, ainsi que les metteurs en scène les plus réputés se rendront à Cannes pour participer à ce, festival, qui constituera une manifestation cinématographique - internationale d’un éclat incomparable.
    M. Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale et des beaux arts, présidera personnellement le festival de Cannes, qui a été placé sous le patronage du grand savant français : Louis Lumière, membre de l’institut de France. Et le gouvernement a chargé l’Association française d’action artistique à l’étranger de l’organisation de cette première manifestation.

     

    Un comité d’organisation a été immédiatement formé, dont le président est M. Georges Huisman, directeur général des beaux arts, et qui comprend de nombreuses personnalités officielles,  LE PREMIER FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM EN FRANCE (3) 10 août 1939notamment des représentants de la présidence du Conseil, du ministère des Affaires étrangères, du Com- missariat général du tourisme, de la ville de Cannes.

    Le jury sera composé uniquement de personnalités n’ayant aucune attache directe avec l’industrie cinématographique. Les jurés seront des hommes de lettres, de hauts fonctionnaires, en un mot, des hommes avertis, des hommes de goût ; mais non des techniciens au sens strict du mot. On a voulu ainsi éliminer le risque d’une déformation professionnelle, normale, et même logique, chez une personnalité intimement mêlée, par son action quotidienne, à la production cinématographique.
    Ce jury comprendra un représentant de chaque pays participant.. La France n’y aura qu’une voix, et le choix même du président dépendra du vote du jury. En effet, tous les films étrangers et français présentés à Cannes seront l’objet, d’une compétition, et ils de­vront avoir été réalisés dans les douze mois précédent l’ouverture, du festival. De plus, 50 p. cent des films de long métrage devront être de première vision européenne.... Une des originalités du règlement sera de superposer les compétitions dans le cadre national et dans le cadre international.

    Compétitions nationales. — Des prix seront, en effet, attribués aux meilleurs films de chaque nation repré­sentée. Il y aura ainsi, pour chaque pays, un Grand prix du festival international de Cannes 1939, qui récompensera le film le plus apprécié, présenté par ce pays.

     Compétitions internationales. — La course internationale proprement dite se déroulera entre les metteurs en scène, les interprètes, les opérateurs, les auteurs de scénario et les compositeurs. 

    Un grand prix récompensera le meilleur metteur en scène, tandis que deux autres seront attribués à la meilleure interprète féminine, et au meilleur interprète masculin. D'autres prix ont été également prévus pour l’auteur du meilleur scénario, l’auteur de la meilleure partition musicale, et le meilleur opérateur de prises de vues. Seront également récompensés les meilleurs films de court métrage, documentaires, dessins animés, actualités, films scientifiques, éducatifs, etc... Tous les pays producteurs de films ont été invités, et si, faute de temps, toutes les réponses officielles ne sont pas encore parvenues, un nombre important de pays ont déjà donné leur adhésion.

    C’est ainsi que les Etats-Unis, l’U. R. S. S., la Grande-Bretagne, la Belgique, la Suède, la Pologne, l’Egypte ont annoncé leur participation officielle au festival de Cannes. Dans quelques jours; le secrétariat du comité d’organisation du festival sera à-même de communiquer la liste des films qui seront projetés à Cannes. Mais déjà l’on peut dire que la Belgique présentera trois documentaires sur l’Acier, Memling et le Congo.

    Il est incontestable qu’il y a dans la formule de ce programme de réelles originalités. Il nous paraît bien que la France, qui n’a voulu faire concurrence à personne, ni répéter ce qui existait déjà ailleurs, n’ait voulu ni d’un jury uniquement français, ou à prépondérance française, ni de récompenses spéciales réservées aux films français. De même notre pays a tenu à ne participer à ce festival qu’en tant qu’invité, au même titre et dans les mêmes conditions que les autres délégations présentes.

    Cependant, nous ne saurions trouver bon qu’une telle manifestation se déroule à Cannes. Son caractère même exigeait qu'elle ait lieu à Paris, et non comme pour favoriser la « saison » d’une plage à la mode, Cannes ou une autre, peu importe. Cela a beau être sous le signe de la bonne humeur, comme dit le communiqué, de telles épreuves réclament un climat psychologique plus sérieux que celui des ébats «côte-d’azuréens ». Car on devine à quel genre de public appartiendront les invités et les spectateurs payants. Pour des raisons analogues, nous faisons toutes réserves sur la compétence du jury. On nous prévient qu’on l’a choisi parmi, des personnalités sans attache directe avec l’industrie cinématographique, que les hommes de lettres et les hauts fonctionnaires nommés sont hommes de goût et intelligents, nous voulons bien le croire, mais même pris comme tels, ils n’en représentent pas moins qu’une partie quelconque du public. Il aurait donc fallu, puisqu'on ne voulait se placer ni sur le plan de la connaissance technique, ni sur celui de l'esprit critique, leur adjoindre des représentants du public populaire, dont les réactions sont au moins aussi importantes que celles des autres classes sociales. Et ce n’est pas la décision, sans originalité ni audace, du Grand prix national du cinéma français, émise par un jury mystérieux mais sans doute de même composition, qui pourrait nous faire changer d’avis.

    Bastien

    Le fest Le festival décommandé, 4 septembre 1939ival décommandé
    Le Figaro, 4 septembre 1939

    « Trois semaines d'éblouissement » annoncent les affiches du Festival de Cannes, à chaque tournant des routes de la Côte d’Azur. En vingt-quatre heures, le Midi est passe de l’état de fête à l’état de siège. Ce changement à vue s’est d’ailleurs opéré sans affolement. Les hôtels se sont vidés, les autos ont pris la route et des troupes sont venues relever les estivants. Aujourd'hui, un canon est en batterie à la pointe du Palm Beach et des Sénégalais bivouaquent sur ces plages où, hier encore, on prenait des bains de soleil.


     

     

      


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