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Jean-Jacques de Félice, un avocat militant des droits de l'homme
dossier coordonné par Bassirou Barry, Liora Israël et Sylvie Thénault
Matériaux pour l'histoire de notre temps, Bdic, n° 115-116, 1er trimestre 2015
80 pages illustréesprix : 20 €
Avocat, vice-président de la LDH (de 1983 à 1986, et membre du comité central de la LDH), Jean-Jacques de Félice fut aussi avocat du FLN, de militants indépendantistes kanaks ou de militants des "sans" (Droit au logement...). Comme bien d’autres militants, Jean-Jacques de Félice avait le souci de mettre ses archives à la disposition des chercheurs et il a choisi de les déposer à la BDIC. Sources documentaires complémentaires des archives publiques émanant de l’Etat, elles éclairent l’histoire politique du temps présent, depuis la période de la guerre d’indépendance algérienne, du point de vue d’un acteur…
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Film CHS
A l'occasion de la sortie du numéro de la revue "Matériaux pour l'histoire de notre temps" (BDIC, 2015), les historiennes Sylvie Thénault et Liora Israël, et l'archiviste, Bassirou Barry, développent quelques thématiques autours du parcours de l'avocat militant des droits de l'homme, décédé en 2008, Jean-Jacques de Félice :
Avocat de militants du FLN (dont Ben Bella) durant la guerre d'Algérie, avocat d'une figure de la lutte anti-apartheid, comme Nelson Mandela, avocat de leaders indépendantistes kanaks, comme Jean-Marie Tjibaou, ou avocat de terroristes d'extrême-gauche des années 1970 (Brigades Rouges, Bande à Baader), Jean-Jacques de Félice était par ailleurs avocat des militants de la non violence, en particuliers des objecteurs de conscience.
De nombreux extraits d'entretiens réalisés du vivant de l'avocat alternent avec les analyses des historiennes relatives à ces apparents paradoxes. Outre la question de la guerre d'Algérie et de la violence politique, le sens de l'engagement par le biais du droit est également questionné : le droit "chiffon de papier", ou le droit comme une arme de lutte ?
Des expériences comme celle du "Mouvement d'action judiciaire" qui regroupait des juristes comme J.J. de Félice, Henri Leclerc, Irène Terrel ou Michel Tubiana sont abordées ainsi que la question de la désobéissance civile, de la mobilisation sur le plateau du Larzac et de combats des années 2000, de l'emprisonnement de José Bové aux actions pour le droit au logement (occupation de l'immeuble de la rue du dragon, avec l'Abbé Pierre).
Les droits de l'homme, sont un fil conducteur de tous ces engagements (Jean-Jacques de Félice fut vice-président de la LDH), sans compter des motivations plus personnelles, comme les croyances religieuses (l'éducation protestante de l'avocat le rapprochait d'une certaine façon de militants du FLN pour qui les convictions religieuses musulmanes étaient importantes).
L'importance des archives de Jean-Jacques de Félice est soulignée dans ce film par les historiennes, tandis que l'archiviste de la BDIC remercie l'entourage de J.J. de Félice et en particulier son épouse, l'avocate Irène Terrel (dont une séquence montre un engagement du même ordre que celui de Jean-Jacqes de Félice, dans l'affaire de Tarnac).
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Le syndrome de 1940
Un trou noir mémoriel ?sous la direction de Gilles Vergnon et Yves Santamaria
Paris, Riveneuve éditions, juillet 2015
coll. « Actes académiques »isbn : 978-2-36013-302-4
prix : 24 €Mai-juin 1940 est la défaite militaire la plus traumatique de l’histoire de la France contemporaine. Elle a fait l’objet d’une abondante production historiographique, en France comme à l’étranger. Les conclusions sont généralement nuancées sur les raisons de l’effondrement, même si des désaccords subsistent entre historiens sur la possibilité d’une « histoire alternative ». Mais, à la différence des travaux sur le régime de Vichy, voire sur la Résistance, ces conclusions n’ont jamais pu vraiment s’acculturer dans la société française. La mémoire de 1940, peu chargée d’histoire, reste peuplée de lieux communs forgés pour certains dès 1940 : des soldats lâches, au minimum peu combatifs, conduits par des chefs stupides ou incompétents ; tels sont présentés les faits dans les films de La 7e Compagnie.
Le présent ouvrage analyse cette faiblesse de la parole publique sur la défaite. Il étudie les différents canaux mémoriels (politiques, étatiques, associatifs, religieux, littéraires) qui ont participé dès 1940 à la constitution de cette « légende noire » qui a eu des incidences redoutables sur l’image du pays et sur « l’estime de soi » des Français.
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L'Internationale situationniste
par Anna Trespeuch-Berthelot
Paris, Presses universitaires de France, septembre 2015
coll. " Hors collection"
568 p.prix : 29 €
isbn : 978-2-13-061970-3
voir le site des PufL’Internationale situationniste a une postérité foisonnante. En tant que dernière avant-garde artistique, elle est aujourd’hui une matrice incontournable du monde des arts et de l’architecture. Depuis les années 1968, sa théorie critique nourrit la vie intellectuelle et les pratiques militantes. Quant à son leader Guy Debord, il est entré au panthéon français des grands penseurs contemporains en 2009. Cet ouvrage d’histoire culturelle analyse sa réception. Comment ce mouvement, qui était réduit et confidentiel à sa création et qui refusa de faire école à sa disparition, parvint-il à essaimer dans le monde entier ?
Du vivant de l’organisation (1957-1972), les situationnistes eurent un rôle de premier plan dans la diffusion de leurs idées et de leur esthétique : ils choisirent leurs réseaux et bâtirent leur propre mythologie. En revanche, depuis sa redécouverte à la fin de la Guerre froide, la multiplicité des acteurs et des réappropriations de son héritage crée toutes les conditions d’une seconde naissance de l’Internationale situationniste.Table des matières
Préface de Pascal Ory
Introduction
Première partie – L’IS actrice de sa réception
Un mouvement confidentiel (1948-1965)
Chapitre 1. Le creuset situationniste
I. L’Internationale situationniste à la confluence de trois mouvements artistiques d’après-guerre
II. La connexion situationniste
III. Le premier élargissement de l’IS : vers un collectif d’artistes
Chapitre 2. Les voies ouvertes
I. Un foyer d’expérimentations artistiques
II. La fragile mise en théorie
III. La voie parallèle : l’engagement militant et intellectuel
Chapitre 3. Forger l’identité situationniste
I. Une organisation hybride
II. « La première réalisation d’une avant-garde, maintenant, c’est l’avant-garde elle-même. »
III. Une réception limitée
Le dévoilement (1965 - 1972)
Chapitre 4. La jeunesse : une tactique payante
I. La nouvelle donne internationale
II. Le tremplin des étudiants libertaires
Chapitre 5. Une voie politique étroite
I. L’ancrage théorique
II. Les incursions situationnistes dans la révolte de mai-juin 68
Chapitre 6. Les apories des années 1968
I. L’enjeu mémoriel des années 68
II. La dernière phase de l’IS : l’activisme politique
Seconde partie – La réception posthume
Chapitre 7. Les passeurs de l’ombre
I. Les temps de la révolution imminente
II. Les années d’hiver
III. Les inventeurs du trésor situationniste
Chapitre 8. Debord et sa mémoire
I. Diffuser
II. Prolonger…
III. Affronter les assaillants
Chapitre 9. La légitimation d’un mouvement subversif
I. Les médiateurs du champ artistique
II. Les médiateurs du champ intellectuel
III. La patrimonialisation institutionnelle
Chapitre 10. L’élaboration d’un mythe français
I. Les relais médiatiques
II. Le processus mémorielConclusion
Annexes
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Histoire et conflits de mémoire en Europe
dossier sous la direction de Charlotte Vorms et Élodie Richard
Vingtième siècle, revue d'histoire, n°127, juillet-septembre 2015numéro à découvrir sur Cairn
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La Fabrique de l'histoire sur France culture
Il y a quarante ans, la mort de Francisco Franco ouvrait un processus de transition démocratique négocié entre le gouvernement et l’opposition antifranquiste. Il était mis fin à un régime établi une quarantaine d’années auparavant, au terme d’une guerre civile particulièrement meurtrière, déclenchée par un coup d’État militaire. Ainsi la démocratie espagnole ne rompit-elle pas officiellement avec la dictature et évita-t-elle de revenir sur les circonstances de son avènement.
Depuis la fin des années 1990, ce « consensus transitionnel » est critiqué par les mouvements sociaux en faveur de la « récupération de la mémoire historique » et rompu par les partis qui se saisissent désormais du passé comme d’une arme politique. Ce contexte n’est pas sans conséquences sur le travail des historiens, dont les interprétations de la Seconde République, de la guerre civile et de la dictature sont au cœur des conflits de mémoire.
Ce numéro spécial de Vingtième Siècle explore les effets de ces débats mémoriels sur la manière dont on écrit l’histoire du 20e siècle espagnol, en proposant un tour d’horizon des recherches menées depuis une vingtaine d’années.Film CHS
Quelques lignes de l'introduction par Charlotte Vorms et Élodie Richard
La genèse de ce numéro spécial remonte au début des années 2000, alors que toutes deux doctorantes, vivant à Madrid, nous fûmes témoins de l’irruption des questions mémorielles sur le passé récent dans le débat public. Ce fut d’abord la voix émue, entendue à la radio, de jeunes gens qui venaient de déterrer les dépouilles de leurs grands-pères, combattants républicains dont les restes gisaient depuis...
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Le Paris de la Commune - 1871
sous la direction de Jean-Louis Robert
avec sylvie April, Laure Godineau, Claudine Rey
et Jacques RougerieParis, Belin, septembre 2015
191 pages illustréesisbn 978-2-7011-9555-1
prix : 28 €Ce livre présente Paris sous la Commune au travers d'approches très diversifiées. C'est que la Commune est fondamentalement polysémique, tant patriotique qu'internationaliste, tant républicaine que socialiste révolutionnaire ou fédéraliste, tant montagnarde que proudhonienne. La Commune quasi-libertaire de Courbet et des artistes plasticiens coexiste avec la Commune rigoureuse, voire autoritaire, du procureur Rigault. Paris n'est d'ailleurs pas tout acquis à la Commune. On y trouve aussi des indifférents, des attentistes et des adversaires, pas tous «francs-fMeurs» à Versailles.
La Commune de Paris est souvent réduite à l'image spectaculaire et terrible des barricades et de la Semaine sanglante; mais on a aussi vécu à Paris pendant 72 jours, en 1871, une expérience au quotidien, appuyée sur la volonté de construire une démocratie active et sociale. La participation des étrangers et des femmes à la Commune, d'une ampleur inédite, est un signe que la Commune c'est aussi pour Paris l'entrée dans la modernité du xxe siècle.
Ce livre bénéficie d'une très riche illustration, rarement éditée et provenant de collections privées.
table des matières
Introduction par Jean-Louis Robert
Première Partie • Une révolution
Chapitre 1. Une histoire politique de la Commune, par Jean-Louis Robert
Chapitre 2. Contre la Commune, par Laure Godineau
Deuxième Partie • Le peuple souverain
Chapitre 3. La Commune et la démocratie, par Jacques Rougerie
Chapitre 4. Les femmes de la Commune, par Claudine Rey
Chapitre 5. La Commune et ses étrangers, par Sylvie Aprile
Troisième Partie • La Commune en actes
Chapitre 6. La Commune et les arts, par Jean-Louis Robert
Chapitre 7. La Commune et la justice, par Jean-Louis Robert
Annexes
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