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Par Sylvie Le Dantec le 7 Novembre 2014 à 17:53
Filmer les grands ensembles
Paris, Créaphis, septembre 2014
Coll. «Lieux habités»
380 pages illustréesisbn : 978-2-35428-069-7
prix : 25 €
diffusion SeuilLes grands ensembles n'ont pas toujours eu le visage banlieusard fait de façades lépreuses, d'uniformité grise et de violence qui est au coeur des images actuelles.
Au croisement de l'histoire urbaine et de l'histoire des représentations, cet ouvrage analyse l'évolution de la représentation audiovisuelle des grands ensembles à partir du milieu des années 1930, au moment où les prototypes sont construits et filmés, jusqu'au début des années 1980 quand on envisage leur démolition. Pour étudier la circulation des images ; dater leur apparition, leur diffusion et leur disparition ; comprendre le rôle des médias dans la définition des grands ensembles, cette étude s'appuie sur des films d'origines et de genres variés (télévision, cinéma de fiction et documentaire, films institutionnels). Alors que l'analyse diachronique restitue la complexité de la chronologie, l'approche synchronique révèle la mise en place d'un stéréotype : le grand ensemble est montré comme un lieu à part, durablement exclu de l'espace banal de la ville. Les faiseurs d'images contribuent ainsi à ériger en cliché sa singularité formelle, urbaine et sociale. Le livre met aussi en lumière la répétition des mêmes récits et images, qui font de chaque grand ensemble - Sarcelles, Le Mirail, La Grande Borne... - une nouvelle « ville nouvelle » chassant les édifices précédents hors de l'urbain, dans la quête perpétuelle d'une ville rêvée, toujours introuvable.Quelques extraits de l'ouvrage
Faire l’histoire des grands ensemblesDes voitures qui brûlent au bas des immeubles, des « cités de la peur », des jeunes, le visage caché par une écharpe, témoignant de leur haine d’une police dont on dit qu’elle ne pénètre plus dans les cités. Des scénarios presque immuables, de Vénissieux, durant l’été 1981 à Villiers-le-Bel lors de l’hiver 2007, en passant par Clichy-sous-Bois en 2005, des explosions de violences, des marches silencieuses et des appels au calme suite au décès d’un jeune dans des circonstances souvent confuses. Les grands ensembles occupent de façon récurrente le devant d’une scène médiatique prompte à les accuser de bien des maux. Le cinéma s’en est aussi emparé, mettant en scène une
jeunesse parfois désœuvrée, souvent délinquante, toujours prête aux explosions de colère, comme dans La Haine de Mathieu Kassovitz ou Ma 6-té va cracker de Jean-François Richet. Aujourd’hui, l’évocation de la banlieue appelle invariablement des images de grands ensembles, tandis que dans l’imaginaire, les grands ensembles sont tous banlieusards, voire incarnent la banlieue. Au-delà de l’amalgame entre des mots - banlieue, cité, immigration, des sigles - HLM, ZUP, ZEP…, et des images - barres, tours, caves… qui renvoient à de sombres réalités, il convient de démêler cet écheveau de représentations confuses qui plongent leurs racines dans une crainte ancienne des marginalités urbaines.
Les grands ensembles n’ont pas toujours eu ce visage banlieusard, fait de façades lépreuses, d’uniformité grise, de mal de vivre et de violence. Des images éparses subsistent dans la mémoire collective, qui nous rappellent qu’ils furent présentés et ressentis, lors de leur édification, comme un progrès dans une France en proie à une crise du logement dramatique. Une part importante delà population vivait alors dans des taudis et la plupart des logis ne disposaient d’aucun confort. Les images
des grands ensembles demeurent ainsi ancrées dans un registre légendaire. Légende rose des premiers temps, relayée par les habitants qui se rappellent avec émotion leurs premiers pas dans ces cités toutes neuves, et par les médias qui, l’air entendu de ceux qui connaissent la suite de l’histoire, exhument ponctuellement des archives de la télévision des images au commentaire dithyrambique. Légende grise qui voit bientôt la sarcellite, maladie des grands ensembles, remplacer la lumière, l’air et les espaces verts, tandis que se profilent à l’horizon les blousons noirs et les zoulous. Légende noire enfin de cette « racaille » qui hante désormais ces grands ensembles assimilés à une banlieue honnie et effrayante. Si on commence à mieux cerner cet objet urbain et son histoire, on ignore cependant quand et comment l’image des grands ensembles a basculé de la modernité au monstre architectural, de la ville nouvelle à la banlieue sinistre. (p. 5-6)chapitre 1 • Trois sources d’une même histoire
Les grands ensembles ont été filmés du début de leur construction à nos jours par des cinéastes, mais aussi par leurs habitants, les autorités - nationales ou locales, les constructeurs - professionnels du bâtiment ou organismes HLM. Les images abondent, au moins sur le papier puisqu’il est parfois difficile de retrouver les films dont le titre surgit au détour d’une recherche. À l’instar des historiens, qui ont étudié à partir d’un nombre important d’œuvres les représentations audiovisuelles de la Révolution française, des ouvriers ou des rapports sociaux de sexe sur le petit ou le grand écran, nous avons souhaité envisager un ample corpus. En effet, ce n’est qu’à partir d’une grande quantité de films que l’histoire des représentations audiovisuelles d’un objet peut déceler permanences et ruptures, emprunts et nouveautés. L’existence de sources audiovisuelles variées sur les grands ensembles nous a incité à croiser les regards. Les images circulent et les emprunts entre genres et médias sont fréquents. Il s’agit alors par le comparatisme, de s’immerger dans le « bain visuel » dans lequel ont été plongés auteurs, commanditaires et spectateurs afin de s’attacher à la circulation des représentations. Il nous a fallu faire un choix parmi les images produites sur les grands ensembles sous peine d’être submergée par leur nombre. La nécessité de constituer un corpus cohérent et visible nous a incité à nous pencher sur les films issus des collections du ministère de l’Équipement, les émissions de télévision conservées à l’Institut national de l’audiovisuel, et sur les fictions ou documentaires diffusés au cinéma durant la période de construction des grands ensembles. Ce corpus permet de confronter trois regards, celui de l’institution qui impulse la construction, celui d’une télévision dont l’objectif est d’informer, de cultiver et de distraire et celui de l’industrie cinématographique. (p. 35)
chapitre 5 • L'entrée dans la modernité
Un marqueur de modernité
Dans les films interprétés par Jean Gabin, les grands ensembles sont un marqueur du changement et de la modernité.
La première scène de Mélodie en sous-sol en est l’exemple le plus abouti. Le film commence par un plan moyen sur la bouche de métro Gare du Nord, un panoramique latéral suit, vers la droite, un taxi qui se gare à proximité de la gare. Au premier plan, se détache un panneau « banlieue ». Un homme sort du taxi. Il avance. La caméra le suit alors qu’il rentre dans la gare. De nombreux voyageurs, vus en plongée, sortent d’un train à l’arrêt sur le quai. Divers plans du wagon et des gens qui y voyagent occupent la séquence suivante. Les conversations sont animées, vacances en Grèce, en camping, Bréhat, Saint-Jean-de-Luz. Chacun vaque à ses activités, hommes et femmes montent et descendent à chaque arrêt. Arrivé à une gare, Gabin, au milieu d’autres voyageurs, monte un escalier. Parvenu en haut, il s’arrête alors que des gens passent à côté de lui, pressés. On le voit de dos, regardant un paysage d’immeubles modernes, formé d’une large avenue bordée de barres, puis le gros plan d’un panneau localise précisément l’action, « Sarcelles Lochères ». La voix de Gabin s’élève, « bah ils ont tout d’même pas rasé ma cabane, Ginette m’aurait écrit.Fig. 19 : De paris à Sarcelles, un voyage dans la ville et un voyage dans le temps.
Le prégénérique et le générique de Mélodie en sous-sol, Henri Verneuil 1963.Hé ben, dire que j’avais ach’té ça pour les arbres et pour les jardins… ils appelaient ça la zone verte… c’est d’venu New York la zone verte ». Le générique commence alors. Sur une musique jazzy assez rythmée de Michel Magne, divers plans d’immeubles s’enchaînent, plans fixes sur des immeubles pris de près, contre-plongée sur une tour, plan fixe du bas d’une tour, panoramique sur un plan d’ensemble de barres, plan fixe sur les barres. Ces plans sont interrompus à deux reprises par des scènes au cours desquelles Gabin demande à un livreur puis à des ouvriers où se trouve la rue Théophile Gautier, sans succès. Le générique s’achève lorsque Gabin arrive dans le jardin de son pavillon, qu’il a enfin déniché, entre chez lui, et retrouve son épouse. Au milieu du salon trône un téléviseur.
Le plan de la bouche de métro sur laquelle est indiqué « gare du Nord », puis de l’extérieur de la gare du Nord avec le panneau « banlieue » font office d’introduction. Le voyage en train est une transition entre Paris et Sarcelles, entre le temps d’avant et les Trente Glorieuses. La montée des escaliers par Jean Gabin qui stationne, interloqué, à l’orée du grand ensemble avant que la caméra ne panote verticalement d’un immeuble au panneau indiquant « Sarcelles-Lochère », achève de figurer le passage d’un monde à un autre. Le générique nous fait entrer, sur fond de musique jazzy, dans le monde du grand ensemble, cette « zone verte » devenue « New York ». Le grand ensemble est tout d’abord dans cette scène un marqueur temporel, qui aiguille le spectateur sur l’absence du personnage de Charles. Formes urbaines érigées avec rapidité sur le territoire français et en banlieue parisienne au lendemain de la guerre et surtout après 1953, les grands ensembles constituent, à cette époque, un bouleversement radical du paysage urbain. Le fait que Charles les découvre, interloqué, en sortant de la gare, tout comme il écoutait avec ironie les conversations de ses compagnons de voyage sur leurs vacances en camping ou leur croisière en Grèce, signifie au spectateur qu’il a été absent quelques temps et n’a pu assister à ces rapides changements. Ils montrent également la transformation radicale de la société au point qu’un homme d’une cinquantaine d’années les perçoit, après une absence, avec étonnement.
Les grands ensembles sont un marqueur de la modernité dans tous les autres films mettant Gabin en scène. Par exemple, dans Archimède le clochard, la construction d’une cité dans laquelle on met l’eau et le gaz symbolise l’accès du plus grand nombre au confort.Mais ces grands ensemblesne constituent pas un marqueur temporel neutre. La mise en scène et la place que les réalisateurs leur donnent dans le récit les font apparaître comme le symbole d’une modernité destructrice, dans laquelle on se perd et à laquelle on se heurte. (p. 86-187).
chapitre 7 • Les grands ensembles entre ville et banlieue
Un grand ensemble en clichés
La référence au bruit et aux malfaçons des grands ensembles est un cliché des représentations antérieures, que reprend abondamment le film de Gérard Pires. Marlène détache les papiers peints et démonte plinthes et meubles de cuisine de l’appartement de la Grande Borne qu’elle visite. Les sons de la vie quotidienne du jeune couple, batterie, ébats, disputes, sont l’occasion de scènes comiques mettant en scène Robert Castel, le voisin rabat-joie. À peine arrivés dans leur appartement, Marlène et Bernard s’embrassent. Celui-ci demande à Marlène de dire moins fort ses « je t’aime », et celle-ci, qui soupire que les voisins n’entendent rien, se voit répliquer par Marcel, alors en train de charger son arme de service, « si, ils entendent les voisins ! ils entendent ! ».
Gérard Pires met par ailleurs en images nombre de thématiques très présentes dans les reportages télévisés. Le fait que les grands ensembles produisent un mode de vie uniformisé dont se plaignaient les habitantes et que dénonçaient les journalistes ou les sociologues, est synthétisé dans le film en une brève scène. Marcel, qui nettoie sa voiture le dimanche, crie à sa femme de lui lancer un paquet de lessive. De nombreuses fenêtres s’ouvrent alors, d’où partent autant de paquets de lessive envoyés par des épouses habituées à cette requête maritale, qui atterrissent tous sur la tête de Robert Castel.
L’histoire elle-même de Marlène et Bernard reflète l’itinéraire déçu des habitants des grands ensembles, de l’espoir de l’installation aux désillusions. Le désir de Bernard et Marlène de quitter une ville congestionnée et bruyante rappelle l’urbaphobie des premiers documentaires du ministère. Leur difficulté à trouver un logement entre en résonance avec les moments les plus aigus de la crise du logement. Leur installation dans leur nouvel appartement est enthousiaste, laissant présager une vie conjugale et familiale épanouie. Bernard trouve que l’immeuble sent bon la cuisine, alors qu’il s’agit en fait de l’usine de ravioli voisine, Marlène loue auprès de ses amis la rapidité avec laquelle il est possible de se rendre à Paris, et le jeune couple est, dans les premiers jours, plus amoureux que jamais. (p. 264-265).<= Fig. 27 : Un mode de vie uniformisé.
Elle court, elle court la banlieue, Gérard Pirès, 1973.conclusion •
Des images à l’héritage durable
Quel est aujourd’hui le legs de ces images des grands ensembles produites au temps de leur édification, jusqu’au moment où l’on a envisagé pour la première fois de les détruire ? Le principal legs réside dans le fait que les grands ensembles demeurent, aujourd’hui comme lors des premiers films qui les ont mis à l’écran, un lieu à part. Barres et tours ne peuvent être, à l’image, le lieu de la banalité et de la normalité. La moindre histoire d’amour y prend une coloration dramatique, la plus petite incartade y devient le signe d’une activité délinquante, chaque famille y est potentiellement défaillante. Les grands ensembles sont exclus de l’espace banal de la ville figurée par les images. Leur apparition à l’écran traîne toujours un cortège d’images marquées du sceau de l’exclusion. Cette mise à l’écart des grands ensembles caractérise leurs représentations depuis les premières images qui les présentent comme une rupture radicale avec l’histoire et l’espace de la ville, jusqu’aux images du début des années 1980 qui les désignent comme un problème qu’il convient de prendre en charge.
Ce legs est également marqué par une absence, celle de ces images des années 1960, oubliées par une mémoire qui n’a pas souhaité se rappeler les nuances de la période d’édification des grands ensembles. Elle n’en a conservé qu’un pan, celui d’une adhésion absolue à laquelle a succédé un rejet radical. Sans doute n’est-il pas possible, alors que les grands ensembles sont aujourd’hui, et depuis longtemps, l’objet d’une vindicte presque unanime, de se rappeler qu’à l’aube, déjà, de leur construction, ils ont été l’objet de regards inquiets. L’apport de ce livre est alors aussi de dépasser cette dimension mémorielle pour faire surgir des images oubliées, les replacer dans le contexte de leur période de production et de diffusion et dans celui, plus large, des images de la ville. (p. 341-342).
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Par Sylvie Le Dantec le 5 Novembre 2014 à 19:34
CFDT : l’identité en questions.
Regards sur un demi-siècle (1964-2014)Paris, L'Arbre bleu, décembre 2014
coll. «Le corps social»
135 x 215 mm • 280 pagesISBN : 979-10-90129-13-9
prix : 24 €En novembre 1964 à Paris, la Confédération française des travailleurs chrétiens, au prix d’une scission douloureuse, abandonnait ses références confessionnelles pour donner le jour à la Confédération française démocratique du travail. La jeune CFDT se réclamait alors du mouvement ouvrier, affirmait combattre « toutes les formes de capitalisme et de totalitarisme », tout en revendiquant encore l’héritage de l’« humanisme chrétien ». En juin 2014 à Marseille, cette dernière mention disparaît des statuts, tandis que l’anticapitalisme fait place à la priorité donnée au « dialogue social ». Entre ces deux dates, la CFDT semble n’avoir jamais cessé d’interroger son identité, du « socialisme autogestionnaire » au « réformisme assumé ».
Revenant sur ce demi-siècle autour de quelques thèmes-clés (rapport au religieux, au politique, aux autres acteurs du mouvement social, au contrat et au conflit, etc.), Frank Georgi pose en historien la question des ruptures et des continuités identitaires d’un syndicalisme confronté aux bouleversements du monde.Présentation filmée (30 mn) :
Des thèmes de son ouvrages sont repris par Frank Georgi, dans ce film de 30 mn, en particulier :
Le thème de l'autogestion, qui fut le mot d'ordre d'une organisation syndicale favorable à une modification radicale de la société et des entreprises. L'autogestion fut pendant 15 ans au coeur de cette identité. Les précurseurs étaient alors la Yougoslavie de Tito, et l'Algérie toute nouvellement indépendante (fermes autogérées). Frank Georgi montre les continuités et les ruptures de ce mot d'ordre quasi-identitaire durant les années 1970, aujourd'hui depuis longtemps abandonné. De la vision initiale, formulée notamment par exemple par Albert Détraz, à celle que développèrent des théoriciens comme Pierre Rosanvallon, introduisant la dimension libérale de ce concept, Frank Georgi montre en quoi l'autogestion fut utilisée comme un concept relais vers une vision libérale de l'économie et de la négociation.
Le thème de la politique contractuelle développée par la CFDT est analysé, ainsi que le tournant opéré à la fin des années 1970, et surtout après 1984.
L'approche de la CFDT vis à vis des thèmes de société fait aussi partie de son identité, et présente là encore des continuités et des ruptures. Après le foisonnements des engagements, dans les années 1970, aux côtés de très nombreux collectifs, de la lutte anti-nucléaire, en passant par les comités de soldats, cette approche ouverte sur les thèmes de société, dans et hors de l'entreprise, n'a pas tout à fait disparu. Frank Georgi aborde par exemple l'approche de la CFDT vis à vis des droits des femmes, et montre à la fois comment une dirigeante confédérale comme Jeannette Laot n'a pas été portée par son organisation sur le thème de l'avortement, tout en ayant la possibilité d'être co-fondatrice du MLAC (Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la Contraception) "à titre personnel".
La transformation d'une organisation qui, sans être cléricale, se réclamait néanmoins jusqu'en 1964 d'une inspiration chrétienne, en un syndicat laïc est abordé, et Frank Georgi montre en quoi cette ouverture sur la laïcité ne correspondait en rien à un rejet du catholicisme.
Enfin, l'identité de la CFDT est regardée sous l'angle de ses rapports à la CGT et à Force-ouvrière.
Réalisation : Jeanne menjoulet
production CHS
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Par Sylvie Le Dantec le 27 Octobre 2014 à 17:17
Mémoire et oubli
Francis Eustache, Jean-Gabriel Ganascia,
Robert Jaffard, Denis Peschanski et Bernard StieglerParis, Éditions Le Pommier, octobre 2014
coll. « L'Observatoire B2V des mémoires, n°1 »
135 x 200 mm • 159 pagesisbn 978-2-7465*0870-5
prix : 15 €Paradoxalement, mémoire et oubli partagent les mêmes objectifs : gérer de façon optimale la montagne de souvenirs qu'engendre la vie quotidienne. Résolument transdisciplinaire, ce livre, première production de l’Observatoire B2V des mémoires, a pour enjeu de fournir des perspectives croisées sur ce duo « mémoire et oubli ». C'est la seule façon de comprendre la complexité et l'importance de la mémoire au plan individuel et collectif, ainsi que ses changements dans une société disposant de moyens de communication amplifiés. Le philosophe, le neurobiologiste et le neuropsychologue étudient le rôle de la mémoire dans la constitution de l'individu, c'est la mémoire intime. L'historien étudie son versant social, qui construit le grand récit unissant la communauté. L’intelligence artificielle permet de mieux comprendre certains fonctionnements de la mémoire à partir de l'expérience de la gestion des ensembles de données.
Francis Eustache est directeur d'études à l'EPHE et dirige, à l'université de Caen, une unité de l'Inserm dédiée à l'étude de la mémoire humaine et de ses maladies. Il est président du conseil scientifique de l'Observatoire B2V des mémoires.
Bernard Stiegler, philosophe, Robert Jaffard, neurobiologiste, Denis Peschanski, historien et Jean-Gabriel Ganascia, spécialiste d'intelligence artificielle, sont tous membres du conseil de cet observatoire.
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Par Sylvie Le Dantec le 14 Octobre 2014 à 15:18
Au théâtre !
La sortie au spectacle, XIXe-XXIe sièclessous la direction de Pascale Goetschel et Jean-Claude Yon
Aller au spectacle, à l’époque contemporaine, est une activité relativement banale et pratiquée dans toutes les parties du monde, selon toutefois des modalités et des enjeux qui varient considérablement dans le temps et l’espace. L’objet des quinze études réunies dans ce volume est d’étudier ce phénomène dans toute sa variété. De la fin du XVIIIe siècle à nos jours, de l’Amérique latine à la Russie en passant par Londres et Paris, Au théâtre ! en présente les différents aspects. Attente dans la queue, trafic de billets, goûts et stratégies sociales, codes et rituels, petits métiers liés à la sortie : tous ces éléments et bien d’autres sont ici analysés pour mieux appréhender cette expérience singulière qu’est la sortie au spectacle.
Paris, Publications de la Sorbonne, décembre 2014
coll. « Histoire contemporaine, n°12 »
160 x 224 mm • 322 p. illustrées prix : 25 €Ont contribué à l'ouvrage : Robert Beck, Manuel Charpy, Delphine Diaz, Florence Fix, Anaïs Fléchet, Susan K. Foley, Flore Garcin-Marrou, René Gaudy, Pascale Goetschel, Julien Esteban Gomez, Pascale Melani, Jeanne Moisand, Sylvain Nicolle, Dominique Pasquier, Michel Rapoport, Solveig Serre, Charles Sowerwine et Jean-Claude Yon
Vidéo : Présentation par les historiens Pascale Goetschel et Jean-Claude Yon de l'ouvrage qu'ils ont dirigé "Au théâtre ! La sortie au spectacle". Le film s'appuie sur de nombreuses images (archives, gravures...) relatives au spectacle et au public. Quelques minutes du film "Les enfants du paradis" apparaissent en citation de certains propos relatifs à cette sortie au théâtre.
Réalisation vidéo : Jeanne Menjoulet. Production : CHS
Table des matières
La sortie au spectacle
par Pascale Goetschel et Jean-Claude YonLe trafic de billets de théâtre à Paris sous la Restauration : l’impossible contrôle (1814-1830) par Sylvain Nicolle
La file d’attente de mélodrame : émotions fortes à l’extérieur du théâtre
par Florence FixDemandez le programme ! La scène londonienne (des années 1880 à 1940)
par Michel Rapoport
PUBLICS, GOÛTS ET STRATÉGIES SOCIALES
Le spectacle de la marchandise. Sorties au théâtre et phénomènes de mode à Paris, Londres et New York dans la seconde moitié du XIXe siècle
par Manuel CharpyLa sortie au spectacle à Rio de Janeiro sous la Première République (1889-1930)
par Anaïs FléchetLes théâtres Politeama et Colon à Buenos Aires : la spatialisation du débat social en Argentine entre 1880 et 1914
par Julian Esteban GomezDE QUELQUES CATÉGORIES DE PUBLICS
« Capitations », galas, gratis...
Les représentations exceptionnelles de l’Opéra de Paris à la fin de l’Ancien Régime
par Solveig SerreLes étrangers au théâtre sous la monarchie de Juillet :
entre observateurs et acteurs de la salle de spectacle
par Delphine DiazMatinée blanche ou soirée verte ?
La spécialisation sexuelle du théâtre à Madrid et à Barcelone (1870-1910)
par Jeanne MoisandSortir au théâtre selon le journal de Franz Caspar Krieger,
maître passementier bavarois, (1821-1872)
par Robert BeckGoûts et habitudes théâtrales d’une « nouvelle couche sociale » :
Léonie Léon et Léon Gambetta au théâtre
par Susan Foley et Charles SowerwineLa sortie à l’opéra. Souvenirs d’un amateur d’art lyrique à Moscou, 1880-1914
par Pascale MelaniDANS LA SALLE
Être ouvreuse dans un théâtre parisien : velours rouge et précarité
par Flore Garcin-MarrouLe « droit de tousser ». Spectateurs de théâtre face à l’ascèse corporelle
par Dominique PasquierDormir au spectacle
par René GaudyEN GUISE DE BREF ÉPILOGUE...
Après : le souvenir du spectacle
par Pascale Goetschel et Jean-Claude YonBon de commande
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Par Sylvie Le Dantec le 14 Octobre 2014 à 13:57
Le sujet communiste
Identités militantes et laboratoires du « moi »sous la direction de
Claude Pennetier et Bernard Pudal
Rennes, Presses universitaires de Rennes, octobre 2014
coll. «Histoire»
155 x 240 mm • 260 p.isbn : 978-2-7535-3481-0
prix : 20 €Les analyses des égo-documents (journaux intimes, correspondances, autobiographies de parti, autocritiques, etc.), des entretiens biographiques, et les archives policières ou judiciaires, désormais accessibles, renouvellent nos perceptions, ossifiées et simplificatrices, des « sujets » communistes. Portant aussi bien sur des pays communistes que sur des partis communistes occidentaux (notamment le PCF), cet ouvrage présente ce nouveau domaine de recherche qui, s’affranchissant des controverses historiographiques traditionnelles, ouvre la voie d’un véritable renouveau de l’histoire des communismes et des communistes.
Publié avec le soutien de l’équipe CSU-CRESPA et de l’université Paris Ouest Nanterre La Défense
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Par Sylvie Le Dantec le 13 Octobre 2014 à 16:05
Les grands ensembles en France.
Genèse d'une politique publique, 1945-1962Gwenaëlle Le Goullon
Paris, Éditions du comité des Travaux historiques
et scientifiques, septembre 2014
coll. « CTHS Histoire », n° 56
359 p. • 1 cahier coul.isbn : 978-2-7355-0825-9
prix : 28€Cet ouvrage retrace la naissance d'une politique publique, née à la Libération, consistant à construire de grands bâtiments de logement collectif, peu à peu désignés sous le vocable de « grands ensembles ». Au moment où l'on détruit et où l'on réhabilite une partie de ces habitations, il était temps d'en écrire l'histoire. Gwenaëlle Le Goullon détricote ainsi pas à pas les légendes noires en confrontant histoire nationale et études de cas locales. L'option des grands ensembles ne s'est en effet pas imposée naturellement et brutalement dans les années 1950 : cette politique a été élaborée selon une méthode de travail empirique et raisonnée et non selon des dogmes architecturaux ou urbanistiques. Il ne s'agit nullement d'entasser des travailleurs immigrés, mais bien d'inventer, avec la généralisation du « bon logement », un des aspects nouveaux de l'État-providence dont la France a besoin pour s'extraire des années noires. Comprendre la genèse de cette politique, au-delà des caricatures, reste sans doute la meilleure façon de ne pas se tromper de diagnostic aujourd'hui.
Maître de conférences en histoire contemporaine à l'université Jean-Moulin-Lyon III, Gwenaëlle Le Goullon est spécialiste de l'histoire sociale et politique du logement et de la construction au xxe siècle
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Par Sylvie Le Dantec le 19 Septembre 2014 à 14:34
Travailler ensemble ?
Des disciplines aux sciences socialessous la direction de
Christian ChevandierRouen, PU Rouen
juillet 2014
258 pagesisbn 979-10-240-0097-8
prix : 19 €Dans cet ouvrage à la forte dimension épistémologique, des historiens, des ethnologues, des géographes, des sociologues, mais aussi une biologiste, un démographe et un cinéaste, vingt praticiens de la recherche posent la question de la pluridisciplinarité au sein des sciences sociales. S'appuyant sur leur pratique, ils comprennent à quel point leurs méthodes et leurs questionnements empruntent aux autres disciplines et se retrouvent, en cela, fécondes. Mais ils constatent également avec lucidité les limites de leurs démarches interdisciplinaires qui, loin d'être uniquement volontaristes, leur semblent s'imposer au-delà de cloisonnements académiques qui n'ont plus lieu d'être
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Par Sylvie Le Dantec le 19 Septembre 2014 à 11:04
Le Val-de-Marne
Anthologie : 1964-2014par Emmanuel Bellanger
et Julia MoroIvry, Éditions de l'Atelier, octobre 2014
400 p., 100 ill., 1 atlasisbn : 9-782708-242968
prix : 30 €La naissance en 1964 du Val-de-Marne est le fruit d'une vaste réorganisation territoriale de la région Île-de-France à l'origine de la création de six départements autour de Paris en lieu et place de la Seine et de la Seine-et-Oise. Parmi ces départements, le Val-de-Marne est le plus hétérogène. Il n'a ni l'aura médiatique ni le degré d'homogénéité de la Seine-Saint-Denis ou des Hauts-de-Seine, dominés par des communes de traditions populaires ou des cités à l'entre-soi plus résidentiel et bourgeois. Le « 94 » agrège des territoires plus composites.
Au cours des cinquante dernières années, l'urbanisation et la rénovation urbaine du Val-de-Marne, sa recomposition sociologique et sa restructuration économique ont profondément changé sa morphologie. Ces mutations ont également nourri des mouvements de contestation contre la désindustrialisation, contre l'enracinement des ségrégations, ou pour la défense du cadre de vie et de l'environnement. La vocation de ce livre est de révéler l'histoire de ce territoire contrasté à la lumière de textes historiques qui ont scandé les grandes transformations de la France urbaine. Cette anthologie réunit quatre-vingt-quatorze séquences couvrant la période 1964-2014. Elle offre une succession de notices et de documents - près de deux cents - présentés, contextualisés et analysés par vingt-sept auteurs. Un atlas s'attache également à tracer les grandes mutations qui ont marqué l'histoire du Val-de-Marne et une chronologie détaillée met en perspective la vie politique, sociale, culturelle, économique et urbaine de ce jeune département.
Auteurs : Michel Baiard, Claire Barillé, Emmanuel Bellanger, Laurent Besse, Paul Boulland, Florence Bourillon, Carolina Carpinschi, Anaïs Collet, Laurent Coudroy de Lille, Alexandre Delarge, Sébastien Fath, Emmanuel Hagen, Éric Jingeaux, Sébastien Jolis, Guy Krivopissko, |ean Laloum, Florent Le Bot, Gwenaëlle Legoullon, Julia Moro, Claude Pennetier, Mathilde Pilon, Pauline Rossi, Nadine Roudil, Nadia Seisen, Juliette Spire, Marie-Christine Volovitch-Tavares, Redha Zaouche.
Présentation filmée :
Production Vidéo : CHS, Réalisation : Jeanne Menjoulet
Emmanuel Bellanger (historien chercheur au CNRS au Centre d'histoire Sociale, CHS) et Julia Moro (doctorante en histoire contemporaine au Centre de recherche en histoire européenne comparée, CRHEC) qui ont dirigé l'ouvrage Le Val-de-Marne, anthologie 1964-2014 en présentent le contenu. Ils sont accompagnés de Marie-André Corcuff, directrice des Archives départementales du Val-de-Marne sous les auspices desquelles le livre a été écrit. Le livre révèle l’histoire du département – au sein de la région Ile-de-France, du Grand Paris – à la lumière de textes historiques conservés aux archives départementales. Cette anthologie val-de-marnaise réunit 94 séquences chronologiques de la période 1964 à 2014, écrites par 27 auteurs, couvrant toutes les facettes de l'histoire urbaine, politique, humaine, sociale et culturelle du Val-de-Marne.
Toutes les images "sources AD 94" apparaissant dans ce film vidéo appartiennent aux archives départementales du Val de Marne, http://archives.valdemarne.fr/
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Par Sylvie Le Dantec le 7 Septembre 2014 à 10:22
Enfermements, justice et libertés. Aujourd'hui et hier, ici et ailleurs
sous la direction de Christian Chevandier,
Jean-Manuel Larralde et Pierre Tournier
Paris, L'Harmattan, septembre 2014
coll. "Criminologie”, 309 p.prix : 32 €
Locaux de garde, centres éducatifs fermés, prisons, lieux destinés à la prise en charge médicale des personnes privées de liberté, rétention de sûreté et rétention administrative des étrangers… les objectifs de l’enfermement, hier comme aujourd’hui, en France comme ailleurs, sont complexes et ambigus: entre inclusion et exclusion, ordre et insertion, entre soin et sanction. Dans tous ces lieux, la dignité des personnes peut être mise en cause, leurs droits fondamentaux non respectés, leur état physique et mental menacé.
La structure de l’ouvrage prend en compte cette diversité des lieux de privation de liberté et des disciplines scientifiques des contributeurs, tout en s’en libérant par la transversalité :
Introduction de Christian Chevandier, professeur d’histoire contemporaine à l’Université du Havre, I. La retenue desétrangers, II. Enfermement et psychiatrie, III. L’enfermement des mineurs, IV. Prisons d’hier, V. Prisons d’ailleurs, VI. Prisons d’aujourd’hui en France.
Présentant les contributions du « 2e colloque jeunes chercheurs sur la privation de liberté », organisé en mars 2014 par le Centre d’histoire sociale du XXe siècle, cet ouvrage offre l’opportunité à des étudiants en master 2, doctorants ou « jeunes » docteurs de faire connaître leurs premiers travauxde recherche. Les 15 contributeurs sont spécialistes en droit, sociologie, anthropologie, histoire, géographie, psychiatrie ou psychologie. Ils nous offrent un regard pluriel sur l’enfermement.
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Par Sylvie Le Dantec le 30 Août 2014 à 15:28
Révolutions africaines.
Congo, Sénégal, Madagascar, années 1960-1970Françoise Blum
Rennes, PUR, septembre 2014
Coll. "Histoire", 204 p.isbn : 978-2-7535-3428-5
prix : 18 €Ce livre propose une analyse comparative de trois révoltes intervenues peu après des indépendances négociées, sur le terrain de l’ancien Empire français d’Afrique (les « Trois glorieuses » au Congo Brazzaville, 1963, mai 1972 à Madagascar, mai 1968 au Sénégal). L’auteur s’est intéressée aux réseaux et aux acteurs de diffusion d’une culture d’opposition, de pratiques et de savoirs militants globalisés : réseaux étudiants (FEANF, AEOM) et réseaux syndicaux.
Bon de commande : http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=3575
Emission de France culture La Fabrique de l'Histoire, d'Emmanuel Laurentin, 17 septembre 2014
Mouvements et formations des étudiants d'Afrique noire 3/4
Table des matières
Avant-propos
Introduction
Première partie : Révolutions
Introduction 23
Éphémérides 26
[Ce qui fit, entre autre, la différence] Du pouvoir des armées et… des chefs d’État 31
[Et ce qu’il y eu de commun…] Le carcan des accords de coopération 42
Accords de défense 43
Accords sur l’enseignement 46Accords sur les personnes 50
… Et leur rejet 51
Vers le départ des troupes françaises du Congo et de Madagascar 52
Pour l’africanisation et la malgachisation culturelle 54
Pour l’africanisation du monde du travail 56
Le carcan du Parti unique (ou dominant) 59
Résistances : syndicats, salariés et « petit peuple » 67
Éphémères triomphes 73
Le petit peuple : un acteur essentiel 76
La jeunesse : avènement d’une génération dans le champ des luttes politiques et sociales 79
Étudiants et scolaires 80
Et les autres 84
Des révoltes globales ? 89Deuxième partie: Réseaux et passeurs de savoirs militants
Introduction 105
Feanf et Aeom : creusets de formation politique multinautionaux 107
La nationalisation des luttes 118
Le cas des étudiants guinéens : exils 121
Le cas des étudiants camerounais : de la guerre coloniale et du deuil de l’indépendance 125
L’AEOM 127
Un réseau syndical : l’Union panafricaine des Travailleurs croyants 129
Un réseau panafricain 132
Réseaux internationaux 137
Formation syndicale communiste : l’université ouvrière de Guinée 146
Difficultés 148
Appel de l’UGTAN à la FSM 149
À l’origine de l’UOA 150
Mise en place 151
Stages et stagiaires : une Afrique socialiste et en lutte 153
Réception des enseignements 156
Une vision communiste de l’Afrique 159
Origine socio-professionnelle des stagiaires 162
Le « complot des enseignants » 163Conclusion 169
Voir aussi Questions à Françoise Blum dans Africa4
http://libeafrica4.blogs.liberation.fr/mon-blog/2014/10/r%C3%A9volutions-africaines-.html
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