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Par Sylvie Le Dantec le 13 Juin 2014 à 17:15
Les scrutins municipaux sous le regard des sciences sociales
par Emmanuel Bellanger, Fabien Desage
et Jean RivièreDossier : Les campagnes électorales municipales constituent des moments particuliers dans le cycle de la vie politique locale. Les auteurs réunis dans ce dossier montrent qu’elles représentent également un terrain fécond pour les sciences sociales, révélateur du fonctionnement et des transformations des systèmes politiques locaux. Quelques semaines après les dernières élections municipales, les articles présentés offrent une exploration dans le temps et dans l’espace (géographique et social) des « enjeux municipaux ».
Dossier de Metropolitiques.eu mis en ligne le 21 avril 2014
Télécharger « Les-scrutins-municipaux-sous-le.html »<= "V'là ma cartouche" dit un ouvrier en désignant son bulletin de vote, tandis que la foule, derrière lui, se presse vers le bureau électoral. source : Gallica.
<= Intérieur d'un bureau de vote : les isoloirs. Source : Gallica.
isoloirs modernes
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Par Sylvie Le Dantec le 3 Juin 2014 à 17:31
Histoire de l'Algérie à la période coloniale
1830-1962sous la direction de
A. Bouchène, J.-P. Peyroulou, O. Siari Tengour,
Sylvie ThénaultPlus de cinquante ans après la fin de la guerre d'indépendance algérienne, cette vaste fresque de l'Algérie coloniale, replaçant la guerre d'indépendance dans le temps long – car c'est bien dans la longue durée que le conflit s'enracine – est plus que jamais essentielle pour mieux comprendre la situation actuelle dans les deux pays, ainsi que leurs relations depuis 1962.
Dans ce cadre historique, cet ouvrage, écrit principalement par des historiens (algériens, français et d'autres nationalités), met à disposition des lecteurs les travaux les plus récents, qui tiennent compte des interrogations actuelles des sociétés sur ce passé. Il entend questionner comment l'histoire de ces deux pays et de ces populations s'est nouée, dans des rapports complexes de domination et de violence, mais aussi d'échanges, dans les contextes de la colonisation puis de la décolonisation. Il s'agit, enfin, d'interroger les héritages de ces cent trente-deux ans de colonisation qui marquent encore les sociétés algériennes et françaises.Paris, La Découverte/Poche, février 2014
coll. «Essais n° 400»
125 x 190mm • 717 pages
isbn 978-2-7071-7837-4
prix : 16 €Nous vous proposons ci-dessous quelques extraits de l'ouvrage accompagnés d'illustrations
• Fadhma N'Soumeur, une femme en guerre par Zineb Ali-Benali
Les subalternes peuvent-elles parler? » La question de Gayatri Chakravorty Spivak, titre d'un des textes fondateurs des études postcoloniales, Can the Subaltem Speak?, peut être reprise à propos d'une femme algérienne, Fadhma N'Soumeur (1830-1863), qui participa à la résistance armée en Kabylie contre la conquête française pendant une dizaine d'années jusqu'à la défaite du mouvement en 1857. Née au cœur d'une Kabylie non encore occupée, mais qui était déjà touchée, de plus en plus directement, par ce qui depuis le début la débordait de tous côtés, elle participa à la lutte contre l'avancée de l'armée de conquête, aux côtés de son père, Si Tayeb, qui dirigeait la zaouïa d'Ourdja, et de ses frères, Si Ahmed, Si Tahar, Si Chérif et Si el-Hadi. De 1854 à 1857, c'est le cœur de la Kabylie qui a résisté, selon des modalités alors les seules possibles, déterminées par la féodalité et de maraboutisme (ce sera encore le cas en 1871). => p. 137<= Le territoire de la Mitidja au XIXe siècle et, dessous, vue de Blida
• L'exploitation de la Mitidja, vitrine de l'entreprise coloniale ?
par Marc Côte
[…] Un territoire hostile, difficile à mettre en valeurÀ la veille de la colonisation, cette plaine avait pour elle un atout fondamental et une faiblesse indéniable. L'atout était sa localisation, près du littoral méditerranéen et aux portes d'Alger, capitale du pays depuis plus de trois siècles. Un bassin agricole aux portes d'une grande ville, le premier nourrissant la seconde, la seconde organisant le premier, c'était là une complémentarité bénéfique dans tout le bassin méditerranéen. Les autorités ottomanes l'avaient bien compris, qui avaient structuré le territoire algérien en trois beylik (Ouest, Centre, Est), mais avaient créé pour Alger et la Mitidja une circonscription particulière, gérée directement par le pouvoir central, le Dar es-Soltane.
Cette plaine avait toutefois une faiblesse : c'était un terroir difficile à mettre en valeur, constitué de terres lourdes, souvent marécageuses. Cet ancien bras de mer, en arrière des collines du Sahel, avait été progressivement remblayé par les alluvions des cours d'eau descendant de l'Atlas blidéen. Cependant, ce processus de remblaiement était contrarié par un phénomène de subsidence, c'est-à-dire d'enfoncement progressif sous le poids des sédiments. Ainsi, les différents oueds (Nador, Djer, Chiffa, El Harrach, Hamiz) découpaient la plaine en cinq ou six bassins mal exondés et séparés par des seuils imperceptibles. De ce fait persistait, jalonnant le pied des collines du Sahel, un axe de marécages, étirés sur 70 km d'ouest en est. Seules les collines du Sahel (et leurs jardins maraîchers) et la partie méridionale de la plaine, constituée en piémonts bien égouttés, étaient mises en valeur depuis longtemps, tel le piémont de Blida et ses célèbres orangeraies. On comprend donc les différences de jugements portés sur la Mitidja, selon que l'observateur regardait les paysages de Blida ou les bas-fonds de la plaine centrale. => p. 270-271• Abdelhamid Ben Badis et l'Association des oulémas
par James McDougall
Parmi les différents mouvements, courants d'idées et lignes de clivage qui émergèrent dans la société algérienne de l'entre-deux-guerres, l'un des plus difficiles à caractériser reste le mouvement de la réforme islamique (Islah) porté par l'Association des oulémas (en arabe 'ulama, au singulier 'alitn ; docteur de la loi). Groupés à partir des années 1920 autour du cheikh Abdelhamid Ben Badis (1889-1940) et son successeur à la tête de l'Association Bachir El-Ibrahimi (1889-1965), les oulémas réformistes (tnuslihin) formèrent à la fois une association intellectuelle de lettrés religieux, un mouvement social de renouveau moral et de prosélytisme doctrinal, un réseau d'écoles, d'éducateurs et d'étudiants, un lieu de sociabilité et de socialisation. L'association fut aussi un groupement politique porteur de revendications liées tout d'abord aux questions de culte, mais aussi à celles de langue, de droit et, en fin de compte, à celle de l'indépendance nationale. => p. 387• Les médinas, lieux d'inscription de la culture musulmane : l'exemple de Nédroma
par Gilbert GrandguillaumeDans le paysage urbain de l'Algérie, il est important de distinguer les villes qui existaient avant la colonisation (les « médinas », francisation de leur nom arabe madîna) de celles que le pouvoir colonial créa de toutes pièces, comme Sidi Bel Abbés. Nédroma, fondée au XIe siècle dans l'extrême ouest de l'Algérie d'aujourd'hui, fait ainsi partie de la grande famille des médinas caractéristiques du monde musulman – comme Tlemcen et Constantine en Algérie, Fès au Maroc ou Kairouan en Tunisie. Alors qu'au Maroc les villes européennes furent établies à côté des médinas pour préserver celles-ci, en Algérie un tel souci n'exista pas et beaucoup de traces de ce passé précolonial ont été effacées. Ce ne fut pas le cas de Nédroma (32 500 habitants en 2008) qui, à part ses remparts, a conservé l'essentiel de sa structure jusque dans l'entre-deux-guerres et même au-delà, représentant encore aujourd'hui l'un des lieux de mémoire de l'Algérie.
Le modèle de la ville musulmane
La médina est, par rapport à son environnement tribal ou rural, un lieu d'excellence de l'islam, dont le modèle sophistiqué, au Maghreb, remonte aux premiers siècles de son expansion (VIIe-Xe siècles). Ses activités sont classiquement, selon l'expression de Jacques Berque, l'artisanat, le commerce et l'étude. Elle est aussi le lieu d'un pouvoir qui se légitime de l'allégeance des savants (oulémas).
Dès l'origine, le centre de la ville était la mosquée cathédrale (al-djâma' al-kebir), où avaient lieu la prière du vendredi et la prédication (khotba), pour la distinguer des mosquées de quartier ; son annexe était le hammam, nécessaire pour les purifications liées à la prière. Dans certains cas était adjointe une madrasa, lieu d'enseignement pour les étudiants. La mosquée était entourée du quartier commercial, le « souk » (sûq), avec ses différentes spécialités de métiers. Au-delà du souk, se tenaient les quartiers d'habitation eux-mêmes, structurés selon des liens familiaux, voire ethniques. Ces quartiers préservaient une certaine privauté, dans la mesure où ils étaient articulés sur des impasses : aucun étranger au quartier n'était censé s'y rendre sans raison particulière. Souvent une mosquée locale permettait à ses habitants d'y faire la prière et de s'y réunir. La plupart de ces villes étaient entourées de remparts (sûr). Généralement s'y adjoignait une citadelle (qasbalt), dont la position dominante devait assurer la protection de la ville et qui abritait la résidence du prince.
Ces villes étaient le lieu d'une activité économique intense. L'artisanat (du textile, du cuir, du bois, etc.) produisait des biens qui alimentaient le marché. Le commerce, autre activité majeure, s'alimentait de biens produits localement et dans les campagnes environnantes ou importés d'autres régions. […] => p. 428-429Ce que la presse en dit…
«Épouser les reliefs, les paradoxes, la singularité des hommes et des situations, c'est le pari réussi de cette synthèse intelligemment pensée.» (Le Monde des livres, Julie Clarini)
«Un outil exceptionnel pour la compréhension de cette aventure commune. Un vrai état des connaissances sur le sujet.» (Le Nouvel Observateur, Laurent Lemire)
«"Livre événement" en mesure de renouveler le champ référentiel d'une histoire commune.» (El Watan, Ameziane Ferhani)
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Par Sylvie Le Dantec le 2 Juin 2014 à 13:41
La question pénale au fil de l'actualité.
Chroniques d'outre-nombrePierre-Victor Tournier
Paris, L'Harmattan, septembre 2014
coll. « Criminologie », 320 p.isbn : 978-2-343-04169-8
prix : 31 €A l’automne 2011, le site Le Plus Nouvelobs.com, faisait appel à un certain nombre « d’experts » de différentes sensibilités pour constituer un « club des décrypteurs 2012 ». Chacun, dans son domaine, allait être chargé de fournir, au fil de l’actualité, des éléments de compréhension des enjeux de l’élection présidentielle. Aussi Pierre V. Tournier a-t-il été sollicité par Hélène Decommer, rédactrice en chef adjointe, afin d’assurer une veille régulière sur les questions de sécurité, de justice et de prison au cours de la campagne. Point de départ de cet ouvrage, la vingtaine de chroniques mises ne ligne, a été complétée par autant de textes diffusés sur d’autres supports entre le 1er juillet 2011 et le 31 décembre 2013 : 5 semestres donnant lieu à 5 chapitres qui vont rythmer la conception hésitante du projet de loi porté par Christiane Taubira, sur la prévention de la récidive et l’individualisation des peines :
1. En précampagne - 2. La gauche revient - 3. Le changement ce n’est pas pour tout de suite - 4. Le consensus introuvable - 5. En attendant la contrainte pénale…
L’ouvrage s’achève par un exercice de prospective, que certains pourront trouver hasardeux, qui nous amène au 1er juin 2025, date choisie par le gouvernement pour commémorer le 10ème anniversaire de la « grande loi Taubira » qui aura mis fin à la primauté de la privation de liberté en matière correctionnelle.
Une bonne partie des textes publiés s’apparente au Fact Checking. Mais la critique des chiffres brandis par les uns et les autres ne se réduit pas à une pure cuisine statistique, d’où le terme de chronique d’outre-nombre : il s’agit d’aller bien au-delà de la question de la quantification, à la recherche du sens. Le thème récurrent de la récidive est, à ce sujet, fort éclairant.introduction du livre => Télécharger « Pierre Tournier-2014-INTRODUCTION-La question pénale.pdf »
bon de commande : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=44233
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Par Sylvie Le Dantec le 2 Juin 2014 à 12:57
Enfermements, justice et libertés.
Aujourd'hui et hier, ici et ailleurssous la direction de Christian Chevandier,
Jean-Manuel Larralde et Pierre V. Tournier
Paris, L'Harmattan, collection « Criminologie »Locaux de garde, centres éducatifs fermés, prisons, lieux destinés à la prise en charge médicale des personnes privées de liberté, rétention de sûreté et rétention administrative des étrangers… les objectifs de l’enfermement, hier comme aujourd’hui, en France comme ailleurs, sont complexes et ambigus : entre inclusion et exclusion, ordre et insertion, entre soin et sanction. Dans tous ces lieux, la dignité des personnes peut être mise en cause, leurs droits fondamentaux non respectés, leur état physique et mental menacé.
La structure de l’ouvrage prend en compte cette diversité des lieux de privation de liberté et des disciplines scientifiques des contributeurs, tout en s’en libérant par la transversalité : Introduction de Christian Chevandier, professeur d’histoire contemporaine à l’Université » du Havre, I. La retenue des étrangers, II. Enfermement et psychiatrie, III. L’enfermement des mineurs, IV. Prisons d’hier, V. Prisons d’ailleurs, VI. Prisons d’aujourd’hui en France, le soin de conclure étant confié à Jean-Manuel Larralde, professeur de droit public à l’Université de Caen Basse-Normandie.Présentant les contributions du « 2e colloque jeunes chercheurs sur la privation de liberté », organisé en mars 2014 par le Centre d’histoire sociale du XXe siècle, cet ouvrage offre l’opportunité à des étudiants en master 2, doctorants ou « jeunes » docteurs de faire connaître leurs premiers travaux de recherche. Les 15 contributeurs sont spécialistes en droit, sociologie, anthropologie, histoire, géographie, psychiatrie ou psychologie. Ils nous offrent un regard pluriel sur l’enfermement.
Contributeurs : Nadia Beddiar, Aline Chassagne, Sébastien Chevalier, Chloé Constant, Camille Garnier, Astrid Garraud, Anna Glazewski, Fanny Layani, Benjamin Levy, Adrien Maret, Caroline Mennereau, Céline Riquois-Gouvernet, Anna Roudot, Thibaut Slingeneyer et Aude Ventéjoux.
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Par Projet2015 le 16 Avril 2014 à 13:45
LES ANARCHISTES Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone
Les Anarchistes ont enfin leur premier dictionnaire biographique ! Un document monumental, essentiel, pour connaître le mouvement anarchiste et célébrer un siècle et demi de lutte en redonnant leur place aux principaux acteurs du mouvement libertaire : les militantes et les militants, ceci dans toutes leurs diversités. Cinq cents biographies comme autant d’itinéraires pour témoigner des différentes périodes, milieux et formes de l’engagement libertaire.
Ces vies exigeantes, intenses, « joyeuses » disait Léo Ferré, parfois tragiques : les plus célèbres (Proudhon, Louise Michel) y côtoient des parcours plus modestes ; artistes et chanteurs (Pissarro, Ferré, Brassens, Cross) se mêlent aux théoriciens (Jean Grave, Sébastien Faure) ; illégalistes et propagandistes (Bonnot, Ravachol) cohabitent avec les figures fondatrices du syndicalisme révolutionnaire (Fernand Pelloutier, Pierre Monatte).
L’équipe des rédacteurs a souhaité dépasser les frontières hexagonales en intégrant les biographies de militants suisses, belges, québécois, de ceux partis pour les Etats-Unis ou de militants dont l’impact ou le rôle en France furent très importants (Bakounine, Max Nettlau).
Un long chantier….
Ce travail fut un long chantier, entamé en 2006. En 2014, à sa parution le 1er mai, il constitue le dernier volume du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social (Maitron), le plus grand dictionnaire français. Initié par Jean Maitron (1910-1987, pionnier de l’histoire ouvrière et introducteur de l’histoire de l’anarchisme à l’université), le Maitron est actuellement dirigé par Claude Pennetier (chercheur au CNRS), qui est à l’initiative avec Hugues Lenoir (producteur sur Radio libertaire) de ce dictionnaire des anarchistes. Le chantier a été piloté par une équipe mixte, composée de militants libertaires volontaires et d’historiens, correspondants du Maitron, qui ont assuré la coordination du projet, la collecte, le choix et la relecture des biographies. Une soixante d'entre-elles sont illustrées et ont été retenues pour le dictionnaire papier, avec le souci de respecter la diversité du mouvement libertaire.
Supplément numérique
Ces 500 itinéraires de militant-e-s publiés dans la version papier sont accompagnés de plus de 3.200 autres dans la base informatique du Maitron, consultable sur le site Maitron-en-ligne, auquel les acheteurs et souscripteurs du Dictionnaire des Anarchistes ont accès.Auteurs (et animateurs de ce vaste chantier) :
Marianne Enckell, Rolf Dupuy, Hugues Lenoir, Anthony Lorry, Claude Pennetier et Anne Steiner, avec une quarantaine de rédacteurs.Présenté par Hugues Lenoir (Radio libertaire) et Claude Pennetier (directeur du Maitron), le dictionnaire est précédé d’une introduction chronologique commentée des origines à nos jours par Marianne Enckell, responsable du Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA) de Lausanne.
En librairie dès le 1er Mai 2014
Quelques petites présentations vidéo de militant-e-s dont la biographie est à lire dans le dictionnaire :
Thérèse Taugourdeau : biographie d'une militante anarchiste, Thérèse Taugourdeau. Animatrice du "Comité féminin" qui fut un des premiers regroupements politiques de femmes (syndicalistes, anarchistes, etc.). le comité féminin forma des oratrices, à une époque où les femmes prenaient extrêmement rarement la parole dans les meetings...Production vidéo : Centre d'Histoire sociale (CNRS/Université Paris1)
Réalisation vidéo : Jeanne Menjoulet
Thérèse Taugoudreau figurait-elle sur cette photographie de 1917 montrant des couturières (="des midinettes") en grève, devant la maison des syndicats, à Paris, au 33 rue de la Grange aux Belles ? (cliquer sur la photo pour agrandir)
source photo : GallicaVoir dans le Maitron des anarchistes la biographie complète de Thérèse Taugourdeau, la couturière qui écrivait dans le Libertaire du 16 mars 1912 « Féminisons les hommes » :
« Elle fut ensuite la première secrétaire du Comité féminin contre la loi Berry-Millerand, les bagnes militaires et toutes les iniquités sociales, formé en septembre 1912 à l’initiative du syndicat parisien des couturières. Le comité tint ses premières réunions à la Bourse du travail de Paris, pendant la permanence du syndicat des couturières. Il se réunit ensuite à la Maison des syndiqués du XVIIe arrondissement, au 67 rue Pouchet. »
Thérèse Taugourdeau fut très présente dans la succession de grands meetings en 1913 au Pré-Saint-Gervais "contre les 3 ans" de service militaire.
Ludovic Ménard. Petite biographie de ce militant anarchiste, anarcho-syndicaliste, fondateur de la fédération des ardoisiers (ouvriers des carrières d'ardoises). L'histoire de Ludovic Ménard est très liée au lieu où il a toujours milité, Trélazé, à proximité d'Angers; sa biographie nous permet aussi de découvrir le monde des ardoisiers qui travaillaient pas milliers dans les carrières de la région. La vie de Ludovic Ménard fait aussi partie de l'histoire du syndicalisme en France, de l'anarcho-syndicalisme. Et nous croisons aux détours de sa vie des figures importantes du mouvement, comme Joseph Tortelier ou Benoit Broutchoux, mais aussi Sébastien Faure...
Production vidéo : Centre d'Histoire sociale (CNRS/Université Paris1). Réalisation vidéo : Jeanne Menjoulet. Nombre de photographies illustrant ce film-vidéo sont à voir sur le site :
http://revolutionnairesangevins.wordpress.com/
Petite remarque de laurent beaumont : la Maraîchère (école et surtout salle de réunion pour les mouvement ouvrier) n'est en aucun cas une coopérative ; la coopérative comme montré sur la photo dans la vidéo est La Coopérative de l'Avenir du Prolétariat qui sert également de lieu d'accueil tant pour les jeunesses syndicalistes et les pupilles de la coop. L'objectif est de faire pièce en montant une contre-société ouvrière à la bourgeoisie et aux cathos. cordialementCrimes de Dieu et violences cléricales : A propos de Sébastien Faure, une coupure de presse de La Lanterne (décembre 1896) fait le récit de l'une de ses conférences, à Angers :
UNE CONFÉRENCE MOUVEMENTÉE (De notre correspondant particulier)
Angers, 10 décembre 1896 — La conférence que Sébastien Faure a faite hier soir, au Cirque-Théâtre, sur les «Crimes de Dieu», s’est terminée par une bagarre indescriptible.
A peine l’orateur a-t-il commencé le développement de ses théories que les élèves de la faculté catholique se mettent à siffler et à pousser des cris d’animaux.
M. Delahaye-Bougère, manufacturier, siffla avec un tel acharnement que les spectateurs le poussent vers la scène; mais des cris : « A la porte! à la porte! » le forcent à reprendre son fauteuil d’orchestre, d’où il continue sa protestation, criant au conférencier : « Vous êtes un farceur, un menteur, un sot et un imbécile! ». Le conférencier, exaspéré, saute de la scène, dans l'orchestre et saisissant M. Delahaye-Bougère par le collet, le secoue en lui disant : « Je vous défends de m’appeler menteur, je ne suis pas plus menteur que vous. » Une bagarre générale s'engage, si bien que, sur la réquisition du commissaire de police, la séance est levée.
Les blessés sont nombreux; un ancien capitaine, M. Duchemin, a reçu un coup de coup-de-poing américain qui lui a fait une blessure au front; l’anarchiste Ludovic Menard et une femme frappée à coups de canne sont contusionnés. Quant à M. Delahaye-Bougère, il a été sérieusement maltraité.
Ajoutons que M. Delahaye-Bougère est le frère de M. Jules Delahaye, le clérical bien connu.
Présentation du corpus des anarchistes francophones ayant rejoint l'Espagne en révolution, en 1936. Enregistré lors d'une émission de radio libertaire "hors les murs", le 22 mars 2014, quelques figures de militants anarchistes sont retracées, comme Charles Ridel ou Ferdinand Fortin. Production vidéo : Centre d'Histoire sociale (CNRS/Université Paris1). Réalisation vidéo : Jeanne Menjoulet
Les images filmées de l'Espagne à cette époque illustrant cette vidéo sont librement accessibles sur archive.org, il s'agit de "l'enterrement de Durruti" (1936, images de Durruti sur le front d'Aragon), ainsi que des films de la CNT-FAI "Ayuda Madrid" (1936) et "Barcelona July 19th 1936".
Dans le cadre de la sortie du volume du Maitron (dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, mouvement social) consacré aux anarchistes, durant une émission hors-les-murs de radio libertaire, animée par Hugues Lenoir, Anne Steiner présente le corpus des anarchistes individualistes, et dépeint quelques figures de ce mouvement, liées au journal l'anarchie : Anna Mahé, qui co-fonda le journal avec Albert Libertad, Rirette Maitrejean, qui fut mêlée à l'affaire des bandits tragiques (bande à Bonnot). Affaire dont il est aussi question dans cette présentation, par le biais de Victor Serge.
Production vidéo : Centre d'Histoire sociale (CNRS/Université Paris1). Réalisation vidéo : Jeanne MenjouletVictor Serge, 2ème à partir de droite
Cliquer sur la photo pour l'agrandir
"Les anarchistes", le dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone, chroniqué par Philippe Meyer sur France Culture, le 19 mai 2014 :
En cette année de centenaire de 1914, l'engagement antimilitariste des anarchistes et leur opposition constante à la préparation de la guerre est à souligner... et voici comment Le petit parisien du 9 octobre 1905 présentait à ses lecteurs une manifestation anarchiste à laquelle participait notamment Anna Mahé (qui fut arrêtée), à la gare de l'est à Paris :
Propagande antimilitariste - LE DEPART DES CONSCRITS
Le gouvernement est résolu à réprimer avec la plus grande énergie la propagande
anarchiste qui provoque les soldats à la désobéissance envers les chefs et à la désertion, pour ne pas dire pis.
Nous avons dit hier que le ministre de l'intérieur avait envoyé aux préfets l'ordre de faire lacérer les affiches et de faire intenter des poursuites chaque fois que l'occasion s'en présenterait, tant aux signataires qu'aux imprimeurs de ces affiches et à ceux qui les placarderaient D'autre part, M. Chaumié, ministre de la Justice et garde des Sceaux, avait adressé la circulaire suivante aux procureurs généraux :"A la suite d'un manifeste adressé par l'Association internationale antimilitariste des travailleurs, contenant un appel aux conscrits les invitant à l’indiscipline et au refus de leurs devoirs militaires, et d'un appel adressé dans les mêmes circonstances aux familles des conscrits, les invitant à ne pas laisser partir ceux-ci sans protester, des manifestations peuvent se produire demain soir aux abords des gares ou des casernes. Je vous prie de vous entendre avec les autorités administratives pour empêcher toute manifestation antimilitariste et engager des poursuites pour tous faits délictueux commis à cette occasion." Chaumié.
Comme on le verra plus loin, ces ordres ont été exécutés sur tous les points du territoire.
Une Circulaire de M. Lépine
De son côté, le préfet de police a adressé la circulaire suivante aux commissaires de Paris, de la banlieue et aux officiers de paix :"Des affiches antimilitaristes, excitant les jeunes conscrits à désobéir à leurs chefs et à ne pas accomplir leurs devoirs militaires, ont été apposées dans certains quartiers à l’occasion du départ de la classe.
Je vous invite à les supprimer et je vous rapel!e que les éditeurs, auteurs, imprimeurs, vendeurs, distributeurs ou afficheurs des dits placards tombent sous l'application de l'article 25 du 29 juillet 1881, modifié par la loi du 12 décembre 1893.
Au cas où de semblables placards seraient encore mis en vente, distribués ou apposés dans votre circonscription, veuillez les saisir immédiatement et dresser procès-verbal contre les auteurs de l'impression.
Vous lacérerez les placards qui auront été ou seront apposés, et vous procéderez à l'arrestation des personnes surprises en flagrant délit.
Prenez également toutes dispositions d’ordre nécessaires pour empêcher, dans les gares ou lieux de rassemblement, les manifestations antimilitaristes au départ des conscrits."
LEPINE.
Le Désaveu de M. Tailhade
Il apparaît d’ores et déjà que les auteurs de l'affiche bleue dont nous parlions hier, et qui était adressée aux conscrits, ont abusé de certaines signatures. C’est ainsi que M. Laurent Tailhade, dont le nom se trouvait sous ce factum, proteste véhémentement : « Je lis avec stupeur, dit- il, mon nom au bas d'une affiche antimilitariste dont je n’approuve ni le fond ni la forme. ». Il a donné sa démission de membre du groupe antimilitariste. Dans la lettre qu’il envoie à ce sujet au président de ce groupe. il déclare « qu'il n'a pas le moindre goût pour faire la figure d’un sot ». C’est par un malentendu fort déplaisant que j’ai signé votre placard, ajoute-t-il. Avant que d’engager mon nom dans une affaire aussi peu élégante, vous auriez pu, semble-t-il, m’en informer par une démarche plus directe que l’envoi d’une circulaire identique aux imprimes que l’on reçoit par douzaines chaque matin. Dans un Appel aux conscrits promené à travers les lieux où l’on discourt, universités populaires, salles de conférences, etc., j’ai, pendant trois automnes, dit exactement le contraire des paroles que vous m’avez fait signer malgré moi. L'horreur du sang versé dans les massacres internationaux, l’exécration de la guerre que j'ai apprises de Tolstoï et de Reclus, mon maître bien-aimé, impliquent la haine du meurtre, quelle qu’en soit la victime. Je rougis que l’on me puisse croire assez criminel ou assez bête pour inviter les conscrits à l’assassinat de leurs chefs. M. Laurent Tailhade ajoute : Vous m’associez à une manifestation que je réprouve, sans que j'aie aucunement sollicité cet honneur. Je proteste, ce dont il serait naïf de me montrer surpris. J'ignore si — pour parler comme Azede — les libres penseurs « me feront faire mes Pâques», mais je ne serais pas autrement ébahi d'être amené par les grossières, les vaines fureurs antimilitaristes, à quelque retour vers ceux qu’ils accablent de menaces et d’outrages pour tout moyen de persuasion.
Les Recrues rejoignent leurs Corps
Hier ont été mis en route les dispensés des classes 1904 et 1903 et les ajournés de 1902.
C'est, naturellement, à la gare de l’Est que régnait la plus grande animation. Afin d'éviter la cohue, l'entrée principale et la salle des pas-perdus avaient été rigoureusement interdites au public. Seuls les conscrits y avaient accès. Dès qu'ils avaient présenté au guichet leur feuille de route, ils consultaient d'immenses pancartes sur lesquelles on lisait en lettres énormes le nom des principales villes de garnison : Châlons, Toul, Nancy, Bar-le-Duc, etc., et auprès desquelles se tenaient des sous-officiers d'infanterie, ainsi que des soldats, l’arme au pied.
Les jeunes gens se plaçaient alors dans des barrières aboutissant aux quais, le long desquels étaient rangés les trains spéciaux composes de nombreux wagons de troisième classe et de quelques voitures de seconde.
A partir de ce moment les jeunes gens appartenaient complètement à l’autorité militaire.
Hier matin, trois convois quittèrent la gare de l'Est à 9 h. 5, 10 h. 20 et 12 h. 34, à destination de Nancy, emmenant 1.590 appelés. L'après-midi trois mille hommes environ furent dirigés sur Châlons et les autres garnisons.
La cour de la gare de l’Est offrait un spectacle des plus pittoresques. C'était là qu avaient lieu les adieux. Nombreux étaient en effet les parents qui avaient tenu à accompagner leur «petiot». Ne pouvant cacher leur émotion, les mamans pleuraient abondamment et couvraient de caresses l'enfant chéri qui allait payer sa dette à la patrie. Et les recommandations pleuvaient. A tout instant des tapissières, dans lesquelles avaient pris place des conscrits habitant la banlieue, pénétraient dans la cour de la gare. D'autres étaient venus à pied, accompagnés de musiciens et de tambours...
La Soirée
Dans la soirée, en prévision des manifestations annoncées par les révolutionnaires, de formidables mesures d'ordre avaient été organisées tant à l’intérieur qu’aux abords de la gare.
Le commissaire spécial avait été invité à mettre ses bureaux à la disposition de quatre commissaires de police de la ville de Paris : MM. Vaissières, commissaire de police du quartier de l’Hôpital-Saint-Louis ; Durand, commissaire de la Porte-Saint- Martin ; Monentheuil, commissaire de la Goutte-d'Or ; d'Homme, commissaire du quartier des Arts-et-Métiers.
En outre, deux cents hommes d’infanterie, deux cents gardiens de la paix des brigades de réserve et un certain nombre d'agents des 10e, 18e, 19e et 20e arrondissements avaient été mobilisés.
Dans les rues de Strasbourg, du Faubourg Saint-Martin, sur le boulevard de Strasbourg, etc., cent gardes municipaux à pied et à cheval assuraient le service d'ordre.
Comme toutes les manifestations annoncées à l’avance, celle d’hier soir a complètement échoué. Dès huit heures une centaine de jeunes gens, affiliés à la Ligue des Patriotes, ont parcouru les rues avoisinant la gare de l’Est en chantant des refrains patriotiques et criant : « Conspuez Hervé !... »
Cependant, vers dix heures, un certain nombre de révolutionnaires, venus de Montmartre, sont arrivés devant la gare et ont tenté de franchir les barrages, une légère bagarre au cours de laquelle plusieurs arrestations ont été opérées, en est résultée.
En outre, quelques individus, dont deux femmes, qui se trouvaient parmi la foule, ont été arrêtés pour cris séditieux.
Amenés devant le commissaire de police, les manifestants ont subi immédiatement l’interrogatoire d’identité. Sur trente arrestations opérées, une vingtaine environ ont été maintenues.
Dans les postes de police de la mairie du dixième arrondissement et du faubourg Saint-Denis, où ils avaient été transférés sous bonne escorte, les inculpés ont pris place ce matin dans la voilure cellulaire qui les a conduits au dépôt.
Les deux femmes sont Mlle Anna Mahé, rédactrice au journal l'anarchie, et une étudiante russe, Mlle Falck. Cette dernière a été dirigée sur le dépôt sous la double inculpation de cris séditieux et d’infraction à la loi sur les étrangers. La plupart des hommes sont déjà connus de la préfecture de police. Ce sont : Georges Labarde, âgé de dix-huit ans, chaudronnier, 82, rue des Vignoles ; Joseph Carneau, vingt-quatre ans, cordonnier, 22, rue de Loos ; Prosper Leclou, vingt-six ans, camelot, 3, rue des Boulets ; Maurice Aussiet, dix-sept ans, tourneur, 65, rue Lecourbe ; Nestor Bosch, cinquante-quatre ans, 14, rue Delaitre ; Paul Martin, 20 ans, 51, rue Vilin ; Eugène Pley, vingt-deux ans, 98, boulevard de Charonne ; Léon François, dessinateur; Paul Normand ; Georges Godin. dix-sept ans, 2, rue du Roi-Doré ; Marcel Leboux, vingt-trois ans, garçon épicier, 91, rue de Pans, à Saint-Denis ; Paul Haviatte, trente-neuf ans, rétameur, 6, rue des Orteaux ; Charles Touzet, trente-quatre ans, marchand de vins, 65, rue du Moulin-Vert ; Romain Alesandroff, dix-neuf ans, étudiant, sans domicile connu. L'anarchiste Libertad et sa maltresse, qui avaient été arrêtés, ont été remis en liberté.
Un seul conscrit se trouvait parmi les manifestants. C'est un nommé Albert Liron, ferblantier, domicilié 96, rue de Rennes, Il a été remis immédiatement à l’autorité militaire.
Durant toute la soirée, MM. Lépine, préfet de police ; Touny, directeur de la police municipale ; Mouquin, chef du service des recherches, et les. commissaires divisionnaires sont restés sur les lieux.
Vers neuf heures, une scène amusante s'est produite. Alors qu'aucun manifestant n’avait encore paru, des cris provenant dü boulevard Magenta, se firent entendre. Aussitôt, ordre fut donné aux gardes municipaux à cheval et aux agents des brigades de réserve de barrer la rue et le boulevard de Strasbourg. On vit alors apparaître une noce, en tête de laquelle marchait un sous-officier d’artillerie qui chantait à tue-tête : «Viens Poupoule !... ». Inutile de dire que cette pacifique... manifestation remporta un succès de fou rire.
Le Ministre de la Guerre acclamé
A 10 h. 52, M. Berteaux, qui revenait de Liverdun, en compagnie de son officier d’ordonnance, traversa le vaste hall de la gare de l’Est pour se rendre dans la cour d'Alsace, où se trouvait son coupé automobile.
Reconnu par les conscrits qui attendaient le départ du train spécial de minuit quarante le ministre de la Guerre fut chaleureusement acclamé.
A plusieurs reprises il salua les braves garçons dont il sera aujourd’hui le chef suprême.
A la Gare du Nord
A la gare du Nord, où le service d’ordre était également des plus rigoureux, un incident a eu lieu. Deux individus qui, dans la salle des Pas-Perdus, criaient, à pleins poumons : « A bas l'armée ! » ont été immédiatement appréhendés et conduits devant M. Coste, commissaire spécial adjoint. Interrogés, ils déclarèrent se nommer Alphonse Pannetier, âgé de vingt ans, garçon de laboratoire, et Lucien Francoquay, vingt ans également, ouvrier électricien. Tous deux étaient porteurs de placards anarchistes. Ils ont été dirigés sur le dépôt.
Sur les Boulevards
Afin d’assurer l'ordre sur les boulevards, un escadron de !a garde républicaine avait été consigné dans la cour de la mairie du neuvième arrondissement, rue Drouot, et devant le poste de police de la rue Thorel.
Toute la soirée, quelques groupes de jeunes gens ont parcouru les boulevards en chantant I'Internationale.
Quelques cris de « A bas le régiment ! Vive la liberté » se sont fait entendre, vite réprimés par les agents qui stationnaient à chaque coin de rue.
Une dizaine d’arrestations pour refus de circuler ont été opérées, mais, après justification de leur identité, les individus arrêtés ont été remis en liberté.
Après le passage du dernier groupe, qui, par les boulevards, la rue de la Chaussée d'Antin et la rue de Clichy, s'est dirigé vers Montmartre, les troupes consignées dans le centre ont rejoint leurs casernements à minuit.
EN PROVINCE
Conformément aux instructions transmises aux préfets et aux procureurs généraux par MM. Etienne et Chaumié, les affiches antimilitaristes ont été arrachées partout où on les avait apposées.
Une perquisition a été opérée à Roubaix, dans le local ou se réunissent ordinairement les anarchistes roubaisiens, un estaminet situé dans le quartier du Pile, à l’enseigne « Au Palais du Travail ». C’est là que s’imprime une petite feuille anarchiste, publication intermittente. Différents placards et brochures antimilitaristes ont été saisis, ainsi qu’une affiche, qui n'était pas celle que la police recherchait.
A Brest, on a perquisitionné chez un sieur Lucas et saisi trente-huit plaçais qu'il tenait du concierge de la Bourse du travail, M. Letrehuidic, ex-adjoint au maire de Brest.
A Montluçon, une dizaine de perquisitions ont été opérées au domicile des anarchistes résidant dans cette ville, notamment chez les compagnons Louis Grandidier, rédacteur au Libertaire, et Auguste Dagois. Des brochures et des imprimés antimilitaristes et anarchistes ont été saisis. Au domicile de Dagois, on a trouvé une fiole pleine de picrate de potasse, qu’il aurait avoué être destinée à fabriquer des bombes à renversement. Grandidier et Dagois ont été arrêtés et mis à la disposition de M. Alheinc, procureur de la République.
Enfin, nous recevons, de notre correspondant particulier de Chartres, la dépêche suivante :
Chartres, 8 octobre.
De nombreuses affiches de l'Association internationale antimilitariste étaient apposées, hier, sur les murs de notre ville. M. Fessard, maire de Chartres et sénateur d’Eure-et-Loir, fit placarder une proclamation patriotique invitant tous les propriétaires sur les murs desquels ces affiches étaient placées à les faire disparaître.
Dans le courant de l’après-midi, toutes ces affiches furent recouvertes. Le parquet, agissant sur commission rogatoire du procureur général, procédait, chez diverses personnes soupçonnées de favoriser le mouvement antimilitarisle, à des perquisitions. Celles-ci ne donnèrent aucun résultat.
Le soir, une représentation théâtrale et une conférence antimilitariste devaient avoir lieu, mais le propriétaire de la salle Saint-Brice s'y opposa au dernier moment, l'autorité militaire ayant menacé de consigner son établissement à la troupe. Les manifestants, pour la plupart des gamins de quinze à vingt ans, parcoururent, au nombre d'une cinquantaine, les rues de la ville en chantant l'internationale. Aucun incident ne se produisit grâce aux mesures de police qui avaient été prises.
Un Incident en gare de Châlons
Châlons-sur-Marne, 8 octobre.
Un double incident s'est produit au passage en gare de Châlons-sur-Marne du train spécial, cet après-midi, à trois heures sept. Des groupes de conscrits chantèrent l'Internationale et plusieurs conscrits injurièrent l’officier et les hommes de garde.
Le train fut arrêté en pleine marche, et les conscrits qui remplissaient un compartiment furent débarqués.
Le train ayant repris sa marche et un autre conscrit ayant proféré des injures contre l'armée, l’officier de garde fit arrêter de nouveau le train et débarquer l’insulteur en pleine voie.
Ces conscrits sont mis à la disposition de la place de Châlons-sur-Marne.Fin de l'article du Petit Parisien, 9 octobre 1905
Le retour du pêcheur, 1896, par le peintre Henri-Edmond Cross,
dont la notice biographique figure au dictionnaire des anarchistes...
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Par Sylvie Le Dantec le 25 Mars 2014 à 16:11
La guerre au XXe siècle
par Raphaëlle Branche, Sylvie Thénault et alii
Centenaire de la Grande Guerre, 70 ans du débarquement en Normandie, les célébrations autour des Première et Seconde Guerres mondiales rythment l'année 2014. Elles incitent aussi à s'interroger sur ce qu'a été la guerre au XXe siècle. Guerres totales, conventionnelles, de décolonisation..., le XXe siècle a connu des types de conflits différents qui ont touché les populations civiles dans des proportions inédites. Ces diverses expériences guerrières possèdent-elles une forme d'unicité ou se caractérisent-elles par d'irrémédiables spécificités ? Cinq historiens apportent des éléments de réponse. Pour faire de vous un spécialiste, « Regard d'expert » vous offre un panorama complet sur ce sujet.
LES AUTEURS
Stéphane Audoin-Rouzeau, directeur de recherche à l'EHESS et spécialiste de la Première Guerre mondiale ; Raphaëlle Branche, maîtresse de conférences à l'université Paris I et spécialiste de la guerre d'indépendance algérienne ; Anne Duménil, historienne ; Pierre Grosser, professeur agrégé à Sciences Po Paris et spécialiste de l'histoire des relations internationales ; Sylvie Thénault. directrice de recherche au CNRS et spécialiste de l'Algérie coloniale (1830-1962)Paris, La Documentation française
coll. « Doc'en poche, Regard d'expert », documentation photographique, février 2014
110x180 mm • 187 p. illustrées
isbn : 978-2-11-009708-8
prix : 9,90 €1916 - Fabrication d'obus, vérification du perforage
Source : Gallica
Cliquer sur la photo pour l'agrandir
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Par Sylvie Le Dantec le 18 Mars 2014 à 18:12
Femmes collectionneuses d'art et mécènes
Paris, Hazan
coll « Beaux Arts »
150x260 mm • 288 pages • 80 illustrations
EAN : 978-2-7541-0612-6
prix : 35 €Historienne de l’art, agrégée d’histoire, Julie Verlaine nous propose un nouveau livre. Dans la collection "Beaux Arts" chez Hazan, vous pourrez découvrir, le monde des collectionneuses d'art et mécènes de la fin du XIXe siècle à nos jours en Occident.
L'ouvrage présente la première synthèse historique consacrée à cet univers. De multiples portraits singuliers retracent l'itinéraire biographique et esthétique des collectionneuses les plus remarquables : Nélie Jacquemart, Helene Kröller-Müller, Helena Rubinstein, Marie Laure de Noailles, Peggy Guggenheim ou encore, plus près de nous, Ingvild Goetz, Dominique de Ménil, Agnès b, Tatiana Kolodzei, Patrizia Sandretto Re Rebaudengo… en sont quelques exemples. Ce livre montre l’extrême diversité des personnalités et des motivations.
Y a-t-il une manière féminine de collectionner ? Une collection d’art peut-elle avoir un genre ? Il comble les lacunes de la bibliographie consacrée aux collectionneurs en prenant comme grille de lecture principale la notion de genre. Constatant que les pratiques féminines de collection, d’exposition et de mécénat sont profondément méconnues, l’auteur entend à la fois expliquer cette lacune et démonter les a priori culturels et politiques qui aboutissent à occulter le rôle des grandes figures féminines dans le champ artistique.
Dans la lignée des travaux de Griselda Pollock et Roszika Parker sur les femmes artistes, Julie Verlaine remet en question la construction sexuée des représentations et des pratiques dans le domaine de la collection d’art. En faisant la part belle aux collectionneuses européennes, elle entend par ailleurs reconsidérer la place de premier plan donnée aux collectionneuses américaines, bien connues grâce au récent ouvrage de Dianne Sachko MacLeod (Enchanted Lives, Enchanted Objects: American Women Collectors and the Making of Culture, 1800-1940, 2008). Deux publications allemandes (Britta Jürgs, Sammeln nur um zu besitzen, 2000 ; Uwe Fleckner et al., Kunstsammlerinnen: Peggy Guggenheim bis Ingvild Goetz, 2009) et une britannique (Charlotte Gere et Marina Vaizey, Great Women Collectors, 1999) ont bien esquissé des portraits individuels de collectionneuses d’art, allant de la Renaissance à nos jours, mais sans présenter une vision synthétique de cette histoire au féminin.
Comparant les pratiques par-delà les frontières, plusieurs chapitres thématiques analysent les principales évolutions du collectionnisme au féminin : la progressive émancipation juridique et économique, le rapport avec la demeure privée, puis avec le musée ouvert au public, les milieux sociaux et les goûts artistiques – du vase chinois à l’art conceptuel en passant par l’étape essentielle du surréalisme. La période considérée s’étend de la fin du xixe siècle, qui voit la fin du modèle aristocratique du mécénat et de la commande, jusqu’à la période contemporaine, où les notions mêmes de collection, d’art et d’Occident paraissent proches de l’éclatement. La progression, chronologique, montre que l’émancipation des femmes dans les sociétés occidentales peut se lire à travers l’histoire de leurs collections d’art, outil puissant de libération culturelle et d’affirmation de soi.
Alternant avec ces mises au point, plusieurs portraits singuliers retracent l’itinéraire biographique et esthétique de collectionneuses remarquables, parmi lesquelles Nélie Jacquemart, Hélène Kröller-Müller, Helena Rubinstein, Marie Laure de Noailles, Peggy Guggenheim ou encore, plus près de nous, Dominique de Ménil ou Ingvild Goetz. Cette galerie de portraits révèle l’extrême diversité des personnalités et des motivations.
Alternant avec ces mises au point, plusieurs portraits singuliers retracent l’itinéraire biographique et esthétique de collectionneuses remarquables, parmi lesquelles Nélie Jacquemart, Hélène Kröller-Müller, Helena Rubinstein, Marie Laure de Noailles, Peggy Guggenheim ou encore, plus près de nous, Dominique de Ménil ou Ingvild Goetz. Cette galerie de portraits révèle l’extrême diversité des personnalités et des motivations.
Abondamment documenté grâce à un recours systématique aux documents d’archives, confrontant approche contextuelle et biographique, cet ouvrage démontre l’impérieuse nécessité de procéder à une réévaluation de l’action des collectionneuses d’art, s’agissant du soutien à la création vivante, du progrès de la connaissance artistique et surtout de la patrimonialisation des chefs-d’œuvre de l’art depuis 1880.
<= Nélie Jacquemart sculptée par Denys Puech, Abbaye de Chaalis
=>Helene Kröller-Müller (1911,
photo Kröller-Müller Museum)<= Gertrude Stein par Pablo Picasso © 2014 Estate of Pablo Picasso/ Artists Rights Society (ARS), New York • http://www.metmuseum.org/collections/search-the-collections/488221?img=0
Helena Rubinstein en 1937, à la terrasse de son appartement, à Paris, vue sur la Seine et Notre-Dame de Paris. Photographie : Fay S. Lincoln photograph collection, HCLA 1628, Special Collections Library, Pennsylvania State University. Repository: Penn State Special Collections, University Park, PA, USA.
"Un coup de dé jamais n'abolira le hasard" Marie-Laure de Noailles apparaît dans Les Mystères du château de Dé (1929), film de Man Ray (elle y apparaît "en train de nager et de jongler sous l'eau, telle une créature surnaturelle"). Le film est par ailleurs tourné à Hyères à la Villa Noailles. On y voit des sculptures de Picasso et de Joan Miró, et l'on y explore le jardin cubiste de la Villa... La musique de Donald Sosin a été ajoutée plus tard sur les copies vidéos du film muet. "Existe-t-il des fantômes d'action ?... des fantômes de nos actions passées ? les minutes vécues ne laissent-elles pas des traces concrètes dans l'air et sur la terre ?"
Venise, Peggy Guggenheim collection et Peggy guggenheim collection, Ileana Sonnabend exposition
Conférences
Le 30 mai 2014, à l'Hôtel des ventes Artcurial, situé au Rond-point des Champs Élysées, Julie Verlaine a donné une conférence – très appréciée –, suivie d'une séance de dédicace sur son ouvrage devant un public composé d'une trentaine d'auditrices (1 seul homme assistait à cet événement…)Comptes rendus de l'ouvrage
dans Le Quotidien de l'Art, n° 162 [2014] :
La collectionneuse : un collectionneur parmi d'autres ? L'homme serait seul chasseur, avide de conquêtes comme de trophées, donc collectionneur ? Un tel cliché vole en éclat dans le livre passionnant de Julie Verlaine Femmes collectionneuses d'art et mécènes…dans Le nouvel économiste.fr, par Roxane Azimi
Art contemporain
Le collectionnisme au féminin : «Un livre très fouillé retrace l’histoire de ces amatrices d’art de 1880 à nos jours»
La collection, l’apanage de l’homme ? Le livre de Julie Verlaine, Femmes collectionneuses d’art et mécènes, tord le cou à ce cliché. Pour étayer sa démonstration, l’historienne d’art tire le fil jusqu’au XVe siècle à Ferrare, où Isabelle d’Este acheta aussi bien gemmes que peintures tout en commandant des peintures à Léonard de Vinci ou au Titien. Elle fut longtemps considérée comme une exception. Et pourtant elle ne fut pas seule à chercher des trophées. On apprend ainsi que Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint, ou au XVIIIe siècle Margaret Cavendish Bentick, duchesse de Portland, accumulèrent aussi des ensembles non négligeables. Sans oublier Catherine II, dont l’appétence pour l’art coïncidait avec son goût du pouvoir • voir la suite du compte rendu à l'adresse suivante http://www.lenouveleconomiste.fr/art-et-culture/le-collectionnisme-au-feminin-22851/Émissions de radio
Sur France Culture, le mardi 26 août 2014, dans "La grande table", Julie Verlaine intervient dans la deuxième partie de l'émission sur les collectionneuses
France culture, La fabrique de l'histoire, lundi 13 octobre 2014
22 minutes après le début de l'émission
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Par Sylvie Le Dantec le 18 Mars 2014 à 17:47
Les politiques de l'éducation en France
Antoine Prost et Lydie Heurdier livrent un recueil de documents sur les politiques de l'éducation en France depuis le début du XXe siècle. Pourquoi ? Pour fournir à tous ceux qui s'occupent de cette grande maison, un outil de travail ou trouver les texte qui ont piloté son développement et son évolution. C'est ce l'on appelle un «usuel», un petit livre utile…
La loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l'École constitue le dernier jalon de la longue histoire des politiques de l'éducation en France, que ce volume s'attache à retracer. Au fil de plus de cent textes majeurs, connus ou plus rares (lois, circulaires, mais aussi discours, mémoires, etc.), introduits et commentés, l'étudiant, le chercheur ou le lecteur curieux sont invités à parcourir plus de deux cents ans d'histoire de l'École, des décrets fondateurs du Premier Empire aux récents aménagements des rythmes scolaires. Pour faire de vous un spécialiste, « Regard d'expert » vous offre un panorama complet sur ce sujet
Paris, La Documentation française,
coll. « Doc' en poche, regard d'expert », mars 2014
553 p.
isbn : 978-2-11-009575-6
prix : 11,90€
Pour illustrer cette page web, dans un autre registre, dans un autre temps, nous vous proposons une archive télévisuelle datée du 8 septembre 1981. Antoine Prost, historien rappelle ce qu'était l'école républicaine au début du siècle. Emission Les dossiers de l'écran
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Par Sylvie Le Dantec le 6 Mars 2014 à 17:27
Dictionnaire biographique des militants des industries électriques
et gazières, de la Libération aux années 2000Prolongeant le premier Dictionnaire Gaziers-électriciens, sorti en 1996 sous la direction de M. Dreyfus, ce volume propose plus de 400 notices dans le volume papier. Il est accompagné d’un cédérom reprenant plus de 2600 biographies, couvrant l’ensemble des notices du corpus gaziers-électriciens pour les XIXe et XXe siècles. Enfin, pour la première fois dans la collection Maitron, il est accompagné d’un DVD présentant un documentaire réalisé à partir d’une vingtaine d’interviews d’acteurs du syndicalisme.
dirigé par Paul Boulland
Ivry-sur-Seine, Editions de l’Atelier, 2013
sortie 6 février 2014 • 464 p.
prix : 30€Depuis la Libération et la nationalisation des industries électriques et gazières en 1946, l’engagement des femmes et des hommes qui ont travaillé dans ce secteur a durablement marqué l’histoire sociale française. La création d’un statut unique pour les salariés est le fruit des combats menés durant plusieurs décennies avant cette date décisive. Cette conquête démontre le caractère souvent pionner d’un syndicalisme dont l’implantation est particulièrement dense, au regard d’autres secteurs industriels. Ce statut novateur s’accompagne d’un fort engagement pour la défense du service public et pour obtenir les moyens nécessaires au développement des activités sociales. Cette bataille se concrétise par la création du Conseil central des œuvres sociales (CCOS) puis, en 1964, de la Caisse centrale des activités sociales (CCAS). Marquée par d’importantes mobilisations, jusqu’aux luttes contre les premières remises en cause du modèle social et économique d’EDF-GDF, cette période est aussi celle de transformations industrielles et professionnelles majeures, à l’image de l’essor du secteur nucléaire, nouvel espace militant et enjeu d’importants débats de société.
Cet ouvrage réunit plus de 400 biographies inédites ou renouvelées de militants gaziers et électriciens, précédées par une introduction analysant les parcours de ces militants et l’évolution des formes de leur engagement syndical mais aussi politique, associatif, mutualiste, etc. de la Libération aux années 1990. Le cédérom joint propose un corpus de plus de 2600 biographies, qui englobe l’ensemble des notices publiées depuis les origines du Maitron et plusieurs centaines de notices nouvelles. Ainsi, du dernier quart du XIXe siècle jusqu’au seuil du XXIe siècle, ces itinéraires et ces engagements s’inscrivent dans plus d’un siècle d’histoire.Pour la première fois dans la collection Maitron, le dictionnaire offre également le témoignage de certains des acteurs de cette histoire. Le documentaire Énergie[s] militante[s], dont le DVD est inclus avec ce volume, constitue ainsi une introduction originale et vivante à l’ensemble des biographies.
Dirigé par Paul Boulland, chercheur associé au Centre d’histoire sociale du XXe siècle (Paris I-CNRS) et co-directeur du Maitron, cet ouvrage bénéficie de l’apport d’une centaine d’auteurs et correspondants.Présentation video
Paul Boulland présente ce volume du dictionnaire biographique, ainsi que le DVD documentaire - Énergie[s] militante[s] -, qui est offert avec le livre.
Entretien, captation, montage, réalisation vidéo : Jeanne Menjoulet
Production : CHS
Outre le dictionnaire, et le DVD documentaire, un cédérom est aussi joint au livre. Ce CDROM contient un corpus de plus de 2.600 biographies, qui englobe l'ensemble des notices publiées depuis les origines du Maitron et plusieurs centaines de notices nouvelles. Ainsi, du dernier quart du XIXe siècle jusqu'au seuil du XXIe siècle, ces itinéraires et ces engagements s'inscrivent dans plus d'un siècle d'histoire.
1923, grève des gaziers, Emile Baligean (CGTU) haranguant les grévistes (ci-dessus et ci-dessous)
Source Gallica, photographie de presse Agence Meurisse.
1909 Emile Pataud secrétaire du syndicat des électriciens à la tribune. Grève des postiers à l'hippodrome, meeting du 14 mai 1909. Source Gallica, photographie de presse Agence Rol.
Parmi ces 2600 biographies, voici des extraits de l'une d'entre d'elles. Le nom de Corentin Cariou, évoque, pour les parisiens, une avenue du XIXe arrondissement et une station de métro. Cette station se situe tout près de l’usine de la Villette où un certain Corentin Cariou avait travaillé...
CARIOU Corentin, Marie
Né le 12 décembre 1898 à Loctudy (Finistère), fusillé le 7 mars 1942 à Carlepont, près de Compiègne (Oise) ; aide de forge, puis aide-ajusteur à la Société du Gaz de Paris ; syndicaliste ; membre du comité central du Parti communiste (1932-1936) ; conseiller municipal de Paris (1938-1940), quartier de Flandre (XIXe arr.).
Fils de Pierre Cariou, marin, Corentin passa sa jeunesse dans un milieu de marins pêcheurs bretons et fréquenta l’école communale de sept à douze ans. Il était le dernier né d’une famille de onze enfants. L’aîné périt dans un naufrage. Sa mère, journalière, et une de ses soeurs s’appelaient Corentine (du nom de saint Corentin, premier évêque de Quimper qui, dit-on, multiplia les poissons). Corentin lui-même partit en mer dès l’âge de douze ans et demi et demeura marin jusqu’à dix-huit ans, avant de faire son service militaire dans la marine (...) il fit quelques semaines de prison pendant son service militaire. Libéré à vingt et un ans, il fut marin pêcheur pendant deux ans puis décida d’aller chercher du travail à Paris à la mort de ses parents en 1923. « Je n’ai rien lu entre douze et vingt-trois ans » écrivit-il en 1932. Il précisait qu’il parlait « la langue bretonne assez bien, la française assez mal ».C’est par son frère Jean Cariou, ouvrier à la Compagnie du gaz de Paris, qu’il entra dans cette Société où travaillaient de nombreux Bretons, comme aide de forge à l’usine des goudrons de la Villette (aujourd’hui démolie), le 13 novembre 1923. Il fut titularisé en 1925 et passa plus tard aide-ajusteur. Il habitait alors 26 bis, rue de l’Argonne à Paris (XIXe arr.). En 1925, il habitait 51, rue des Boulets (XIe arr.) et, en 1929, 7, rue Augustin-Thierry (XIXe arr.). Fin 1932-début 1933, il s’installa avec sa famille 15, villa de l’Ermitage (XXe arr.), où il vécut jusqu’en 1939, puis 82, rue Compans (XIXe arr.).
Corentin Cariou adhéra à la CGTU et peut-être au Parti communiste en 1923, sans doute sous l’influence conjuguée de son frère Jean, militant syndical, et du climat révolutionnaire qui régnait alors dans les usines du Gaz de Paris (grèves avec occupation en 1922, nouvelles grèves en 1923). Il participa l’année suivante à la constitution de la cellule n° 193 du Gaz de la Villette (1er rayon). Cependant dans sa biographie rédigée pour la Commission des cadres le 15 novembre 1932, il donne une autre chronologie : « Rentré au PC en 1926, dans une réunion de sympathisants de l’usine, recommandé par l’unanimité des membres de la cellule avec qui je militais depuis deux années [...] secrétaire adjoint de la section syndicale de l’entreprise, appartenant à la cellule du gaz de la Villette, n° 182 au 19e rayon. Membre du comité du 1er rayon depuis 1927 et élu au comité régional à la conférence de 1929, étant membre depuis [...] appartenant au syndicat unitaire du gaz de Paris depuis 1923 et secrétaire permanent depuis 1930. » (RGASPI, Moscou, 495 270 1377). Il militait également au SRI, à la Bellevilloise et à la coopérative la Famille nouvelle.
Donc, Corentin Cariou se consacra surtout au militantisme syndical. Son organisation le délégua au congrès tenu salle de la Grange-aux-Belles (Paris XIe arr.) les 4 et 5 juillet 1925. (...) À partir de 1928-1929, Corentin et son frère Jean entrèrent en conflit politique ouvert. Jean, de tendance syndicaliste révolutionnaire, proche de Pierre Monatte et de sa revue La Révolution prolétarienne, était alors secrétaire général du syndicat CGTU du Gaz de Paris (...). Le 20 mai 1930, lors d’élections, les minoritaires furent battus, un bureau « majoritaire » mis en place (Corentin Cariou, Vincent, Max Dupuy, Arthur Bardot, Alfred Lahaye, Rouby, Pierre Kérautret, Raymond Fonfride). Corentin Cariou devint secrétaire général du syndicat et gérant du journal Les Gaziers de Paris ; en 1934-1935, il passa secrétaire adjoint, le secrétaire général étant Pierre Kérautret. Les deux frères devaient rester opposés politiquement et syndicalement.
En février 1931, Corentin Cariou prit avec la commission exécutive l’initiative d’une première école syndicale (cinq jours, le jeudi soir, sur cinq semaines). En 1932, il fut élu secrétaire du comité intersyndical CGTU des services publics de la région parisienne avec Marcel Paul, Émile Loiseau et Jean Maury. (...) Déjà frappé de quinze jours de mise à pied, avec « dernier avertissement » le 13 mai 1930, pour « lecture d’une protestation malgré l’interdiction du régisseur de l’usine », Corentin Cariou fut révoqué du Gaz de Paris le 16 février 1935, avec tout le bureau du syndicat unitaire, pour l’apposition d’une affiche jugée diffamatoire. L’affaire, dite « Qui a fumé fumera », fit grand bruit, et après une campagne d’opinion de grande ampleur, les sept révoqués furent réintégrés le 17 juillet (...), Cariou entra au Comité central lors du VIIe congrès national (Paris, 11-19 mars 1932) et le quitta au VIIIe congrès (Villeurbanne, 22-25 janvier 1936). Travaillait-il encore à l’usine des goudrons, ou était-il permanent syndical ? Les rapports de police le qualifiaient toujours d’employé à la Société du Gaz au début de la Seconde Guerre mondiale. Le Parti communiste le présenta à plusieurs élections. (...). Il entra au conseil municipal de Paris comme représentant du quartier du Pont-de-Flandre (XIXe arr.) à l’occasion de l’élection partielle du 27 mars 1938 provoquée par la démission du communiste Jacques Grésa (élu député).
Le conseil de préfecture le déchut de ce mandat le 21 janvier 1940, pour appartenance au Parti communiste. En septembre 1939, il ne fut pas mobilisé. Comme d’autres militants, il avait à attendre dans ses foyers un ordre individuel de mobilisation. Il ne se cacha pas ; il attendit. L’ordre arriva le 23 décembre 1939. Il fut à la fois mobilisé et interné administrativement au camp de Baillet (Seine-et-Oise) (une source administrative le présente cependant comme mis en séjour surveillé en date du 13 décembre 1939 puis libéré). Il fut transféré le 12 janvier 1940 à La Ferme Saint-Benoît (Seine-et-Oise), dans la « 1ère compagnie spéciale ». Puis le 23 mars à Bourg-Lastic, il fut incorporé dans la « 2e compagnie spéciale de travailleurs » créée dans ce camp d’internement (il retrouva notamment Lucien Sampaix*). Il s’évada et gagna Lyon (Rhône) où il profita de la pagaille de la débâcle pour se faire démobiliser légalement.
Il rejoignit alors sa femme et sa fille en Bretagne, puis retourna avec elles à Paris dans le XIXe arr. où le Parti communiste clandestin lui confia des responsabilités dans cet arrondissement. « Un soir, dit sa fille Andrée, en se promenant dans le square de la Butte Rouge, il s’est rendu compte qu’il était suivi. En rentrant, il nous dit : " Je ne suis pas sûr, mais je pense avoir été repéré ; demain, je partirai ". La police tournait autour de trois familles du quartier : les Sampaix, les Michel et nous. » La police était là le lendemain, 5 octobre 1940, et l’envoya au sanatorium d’Aincourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Sa participation, aux côtés de Jean Duflot* notamment, à « un mouvement d’indiscipline » le fit incarcérer avec lui le 6 avril 1941 à la maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise, Yvelines). Le 8 mai, il fut dirigé sur le centre de séjour surveillé de Châteaubriant (Loire-Inférieure).
Là, toujours aux côtés de Jean Duflot*, placé dans la « baraque des isolés », il vécut en octobre 1941 l’exécution des otages (sa femme et sa fille étaient retournées en Bretagne en juin-juillet 1941). Corentin Cariou était interné depuis le 9 février au camp de Compiègne lorsqu’à la suite de l’attentat commis le 1er mars 1942 contre une sentinelle allemande, rue de Tanger (XIXe arr.), les autorités d’occupation décidèrent de fusiller comme otages « vingt communistes et juifs » ; parmi eux : Roger Jurquet, Gaston Huart, Roland Martin, Corentin Cariou, Pierre Rigaud et Pierre Semard. L’exécution de Cariou, de Pierre Rigaud et de Réchaussière (syndicaliste de la TCRP) eut lieu le 7 mars 1942 à midi, à Carlepont, dans une forêt près de Compiègne, au même endroit où Louis Thorez avait été fusillé le 21 février (une stèle a été posée). La veille de sa mort, à 20 h 30, Cariou écrivit à sa femme : « ... Je suis dans une cellule isolée, pour ma dernière nuit [...] Je pars avec courage, en confiance dans la victoire finale. Sois courageuse pour élever notre chère fille [...] Je ne vois pas ce que j’écris dans la nuit. Nos sacrifices ne seront pas vains... »
Corentin Cariou serait mort en criant : « Vive la France. Vive le Parti communiste. » Il laissait une femme (Marie, Anne, Marianne née Le Garrec le 14 février 1893 à Plonéour Lanvern, Finistère, morte le 31 janvier 1958), et une fille (Andrée, née le 23 février 1931 à Paris, morte le 20 juillet 1997). Dans son autobiographie de 1931, il présentait ainsi sa femme : « Marie Anne Garrec de Pont-l’Abbé (Finistère), exerçant la profession de brodeuse avant de venir à Paris où elle a travaillé comme femme de chambre dans une modeste pension de famille. Aucune activité politique, sympathisante. Son père, journalier âgé de soixante-dix ans, mère repasseuse, habitant tous les deux à Pont-l’Abbé. » (document cité) Le corps de Corentin Cariou fut inhumé à Cuts (Oise). Le 1er novembre 1945, le Parti communiste organisa une cérémonie place de la République et des obsèques solennelles pour les sept élus de Paris victimes du nazisme (Jules Auffret*, Corentin Cariou*, Léon Frot*, Maurice Gardette*, René Le Gall*, Raymond Losserand* et Charles Michels*). Ils reposent dans une tombe commune au Père-Lachaise, près du mur des Fédérés (...)
René Gaudy, Claude Pennetier
Biographie de Marcel Paul, retracée aussi dans le film du CCAS ci-dessous...
MARCEL PAUL ou l'énergie de l'engagement
Une production Les Activités Sociales de l'Energie - Une réalisation Direction de la Communication Pôle Audiovisuel
Groupe de pilotage : Simone JANTOU, Brigitte MAGNIADAS, Nadine CUIBURU, Alexandre COURBAN, Françoise ROBERT-SANGUE, Chloé VIGNERON
Commentaire : Paul BOULLAND Voix : Stéphane LAUTISSIER
Documentaliste : Serge SALVAR Illustration sonore : Daniel FRANÇOIS
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Par Sylvie Le Dantec le 3 Mars 2014 à 15:57
Des archives à la bande dessinée, l'exemple de
Mauvais genre de la dessinatrice Chloé Cruchaudet
d'après l'essai de Danièle Voldman et Fabrice Virgili, La Garçonne et l'Assassin paru chez Payot en 2011Chloé Cruchaudet a reçu le prix Landerneau 2013, le prix du meilleur livre pour le magazine Lire, le Coup de coeur au festival BD de Saint-Malo et, il y a quelques semaines tout juste, le Grand Prix de la Critique ACBD décerné par plus de 80 journalistes spécialisés. Depuis, la mayonnaise a pris chez les libraires et "Mauvais Genre" se rapproche déjà des 50.000 ventes.
Mauvais Genre reçoit le prix du public Cultura à AngoulêmePaul et Louise s'aiment, Paul et Louise se marient, mais la Première Guerre mondiale éclate et les sépare. Paul, qui veut à tout prix échapper à l'enfer des tranchées, devient déserteur et retrouve Louise à Paris. Il est sain et sauf, mais condamné à rester caché. Pour mettre fin à sa clandestinité, Paul imagine alors une solution : changer d'identité, se travestir. Désormais il sera... Suzanne.
Paris, Delcourt, coll. « Mirages », 2013
200 x 270 mm • 160 planches.
isbn : 978-2-7560-3971-8 • prix : 18 €Entendre sur France culture "La Fabrique de l'histoire" : Plusieurs invités, parmi lesquels Chloé Cruchaudet, qui présente (à la huitième minute de l'émission...) la genèse de la bande-dessinée "Mauvais genre"
Voir les différentes critiques sur le net notamment Bedetheque.com
Midi libre, propos recueillis par Philippe Mouret
Bande dessinée : sous le charme du "Mauvais genre" de Chloë Cruchaudet
extrait :
PM : Cela demande beaucoup de documentation ?
Chloé Cruchaudet : Quand j’ai entendu parler du livre à la radio, je me suis précipitée sur cet essai historique et je me suis attachée aux deux personnages qui nous interpellent sur qu’est-ce que la féminité, la masculinité ? Qu’est-ce qui est inné, acquis ? J’ai gardé une certaine liberté d’interprétation, mais en respectant le cadre de l’époque. Le plus difficile a été pour les planches sur la guerre, c’est un sujet qui a déjà été beaucoup et bien traité, par Tardi et d’autres. Je suis allée au musée de l’Armée, j’ai rencontré un historien qui m’a beaucoup apporté à propos des blessures, des traumatismes de la guerre. Pour le Paris populaire, c’était plus facile, j’habite la capitale, je savais où aller.Depuis Télérama.fr Le Mauvais genre de Chloé Cruchaudet
Chaque semaine, la rédaction de Télérama.fr pioche parmi ses bandes dessinées préférées du moment et demande à un auteur de commenter trois de ses planches.
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