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Par Sylvie Le Dantec le 18 Septembre 2019 à 15:16
Rites funéraires du judaïsme
Paris, Fage éditions
coll. Dilaceration Corporis, septembre 2019
96 p.
EAN :9782849756119
Format : Epub fixed layout • prix 6,99€
Protection : Digital Watermarking
version papier • prix 9,90 €Rites funéraires du judaïsme présente les rites du judaïsme qui à l’époque contemporaine compte plusieurs courants principaux : orthodoxe, traditionnaliste, réformé ou libéral. Certaines prescriptions très anciennes concernant la mort d’un proche continuent d’être respectées : inhumation et non crémation, délai très court entre décès et mise en terre, recours à une hevra qaddisha, simplicité du cercueil et de l’enterrement, déchirure d’un vêtement des personnes directement en deuil et récitation du Qaddish* devant la fosse. Les rites funéraires juifs ignorent l’embaumement et l’exposition du défunt.
Patricia Hidiroglou, professeur émérite d'histoire et d'anthropologie des mondes juifs à l'université Paris 1 Panthéon- Sorbonne, est l'auteur de nombreux articles et ouvrages d'anthropologie religieuse et culturelle.
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Par Sylvie Le Dantec le 18 Septembre 2019 à 10:49
Un siècle d'histoire culturelle en France de 1914 à nos jours
Françoise Taliano-des Garets
Paris, Armand Colin, août 2019.
432 p.
Ean 13 : 9782200286637
prix : 26,50 €
Au pays de l’exception culturelle, diffusion et pratiques de masse ont connu depuis plus d’un siècle un développement continu. Les contacts avec le monde se sont intensifiés, érodant les frontières entre les divers types de culture (populaire/d’élite, rurale/urbaine, régionales/nationale…). Un processus de brassage a conduit la France, ancien empire colonial, vers toujours plus de diversité.
Le présent ouvrage scrute ces mutations en conjuguant à la fois histoire culturelle et histoire des arts, approche hexagonale et excentrée. Il s’interroge sur les moteurs du changement, technologiques, économiques, politiques, leur impact sur la sphère culturelle. L’intervention politique dans la culture, du local à l’international, y est examinée, sa progressive affirmation, ses mutations, voire sa remise en cause. Il révèle également des permanences. Entre réalité et représentations, des spécificités de la culture française sont ainsi mises en exergue : attachement à la République et ses valeurs, engagement intellectuel, rayonnement de son patrimoine et de sa création…
SOMMAIRE
Introduction.
Contrastes, fractures et affirmation de la culture de masse de 1914-1945.
La vie culturelle en 1914. La Grande Guerre et comment l'oublier ?
Culture des années noires. Reconstruction et modernisation de 1945 aux années 1980.
La nouvelle donne des années 1950.
Affrontements culturels.
Des Sixties aux années 1980.
D'un millénaire à l'autre, mutations et interrogations des années 1980 à nos jours.
Les années Mitterrand, culture et communication.
Le mouvement des idées. La culture française dans les turbulences de la mondialisation.
Conclusion.
Françoise Taliano-des Garets est professeure d’Histoire contemporaine spécialisée en histoire culturelle.
Membre du CHS Mondes contemporains Paris 1 Panthéon-Sorbonne, elle enseigne à Sciences Po Bordeaux où elle dirige un master de management de projets culturels et développement des territoires.
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Par Sylvie Le Dantec le 14 Juin 2019 à 15:57
Genres urbains
sous la direction d'Emmanuel Bellanger, Thibault Tellier,
Loïc Vadelorge, Danièle Voldman et Charlotte VormsParis, Créaphis éditions, juin 2019
383 p. illustrées
prix : 25 €Où en est l'histoire urbaine des sociétés contemporaines? Cet ouvrage, inspiré par Annie Fourcaut, qui contribua de manière décisive à son développement, propose un état des lieux de ce champ. De Femmes à l'usine (1981), Bobigny, banlieue rouge (1986), à La Banlieue en morceaux (2000), en passant par les publications collectives qu'elle a coordonnées et les travaux qu'elle a encadrés, la trajectoire de cette historienne a conduit l'histoire sociale et politique – telle qu'on la pratiquait dans les années 1970 – vers une histoire urbaine renouvelée.
Le livre revient sur cette évolution et explore des pistes de recherche ouvrant l'histoire urbaine à une variété de « genres ». Les auteurs, historiennes et historiens, sociologues, politistes, géographes, urbanistes et décideurs politiques proposent une histoire urbaine à la fois interdisciplinaire et ancrée dans la fabrique de la ville et ses représentations, portant la marque de sa dédicataire.
Les quatre sections de l'ouvrage dessinent les chantiers qu'Annie Fourcaut a investis : « Du social à l'urbain » met en avant la conviction qu'étudier l'histoire des villes, c'est toujours faire de l'histoire sociale; « Qu'elle était belle la banlieue » est centré sur les banlieues, son territoire d'étude de prédilection; « Les habits neufs des politiques de la ville » interroge les politiques urbaines successives et leur transformation; enfin, « Banc d'essai des modernités » propose une analyse historique de l'urbanisme, comme discipline et comme pratique.
Textes, images et documents de : (par ordre d'apparition dans le livre) Danièle Voldman, Charlotte Vorms, Loïc Vadelorge, Thibault Tellier, Emmanuel Bellanger, Viviane Claude, Isabelle Backouche, Martine Berger, Simon Ronai, Camille Canteux, Takao Nakano, Frédéric Saly-Gioccanti, Marie-Hélène Bacqué, Sylvie Fol, Paul Chemetov, Pierre Gaudin, Emmanuel Bellanger, Fréadéric Moret, Emmanuelle Le Goullon, Antoine Prost, Florence Bourillon, Diego Beija de Souza, Rémi Baudouï, Laurent Coudroy de Lille, Jean-Pierre Frey, Pierre Mansat.
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Par Sylvie Le Dantec le 13 Juin 2019 à 16:15
Culture, médias, pouvoirs
États-Unis et Europe occidentale - 1945-1991collectif
sous la direction de Laurent Martin est professeur d’Histoire contemporaine à l’Université Paris III et secrétaire général de l’Association pour le développement de l’histoire culturelle. Il a réuni une douzaine d’auteurs parmi les plus en vue de l’histoire culturelle : Fabien Archambault (spécialiste de l’histoire du sport), Catherine Bertho-Lavenir (de celle des techniques), Elisa Capdevila (Américains à Paris), Evelyne Cohen (télévision), Tristan Coignard (histoire des idées), Mathieu Dubois (imaginaire politique), Justine Faure (guerre froide), Anaïs Fléchet (musique), Pascale Goetschel (directrice du Centre d’histoire sociale), Pauline Picco (extrêmes-droites), Michel Rapoport (presse), Julie Verlaine (art).
Paris, Atlande, mai 2019
17,8 x 12 cm, 792 p.Traitant du sujet 2019 et 2020 d’Histoire contemporaine des agrégations d’Histoire et de Géographie ainsi que du Capes, cet ouvrage interroge, dans une perspective d’histoire culturelle, les relations entre médias et pouvoirs en démocratie.
Comme tous les clefs-concours, l’ouvrage est structuré en trois parties :
- Repères : le contexte historique
- Thèmes : comprendre les enjeux du programme
- Outils : pour retrouver rapidement une définition, une date, un personnage, une référence
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Par Sylvie Le Dantec le 21 Mai 2019 à 10:53
Le prix du travail
France et espaces coloniaux, 19e-21e sièclessous la direction de Michel Margairaz et Michel Pigenet
Paris, Éditions de la Sorbonne
coll. Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles, juin 2019248 p.
prix : 24 €isbn-13 979-10-351-0309-5GTIN13 (ean13) 9791035103095Le prix du travail ? Cet ouvrage ouvre une question majeure à l'heure où le travail est souvent tenu d’abord comme un coût à réduire et, qu’à cette fin, nombre de droits collectifs et de garanties acquises par les salariés sont remis en question. L’étude traite de l’évolution des formes concrètes, mesures, références, modalités de légitimation, normes et considérations qui ont présidé et déterminent encore aujourd’hui la rémunération du travail. Consacrée à la France et à ses colonies, elle couvre une longue période qui, allant du XIXe siècle à nos jours, fut aussi à la fois celle de la seconde industrialisation, de l’affirmation de la société salariale et de la construction d’un État social.
La perspective historienne de la recherche collective dont elle est issue, s’est enrichie au croisement d’autres approches disciplinaires – droit, économie, gestion, sociologie – portées par certain.es de leurs meilleurs spécialistes. À ce titre, elle éclaire sous des angles multiples les enjeux de maints débats et conflits actuels. Les dix chapitres de l’ouvrage, attentifs à saisir les acteurs, les dynamiques et les temps forts de cette histoire, cernent les conceptions et les politiques à l’œuvre avant d’en examiner les modalités d’application dans plusieurs cadres conjoncturels, territoriaux et professionnels. Le moindre des apports du livre n’est pas, enfin, son glossaire, dont les cinquante-cinq entrées donnent accès à la définition de plus de quatre-vingts termes et expressions.
lien vers l'éditeur
table des matières
Introduction. De quoi les rémunérations du travail sont-elles le nom ?
Michel Margairaz, Michel Pigenet
Conceptions, politiques et enjeux
Salaire à la pièce (XIXe-XXe siècle). Du marchandage au salariat, Claude Didry
Construction et pratiques de la régulation salariale de branche (1936-1950), Laure Machu
Débats et politiques du salaire minimum. La voie française en perspective internationale, des années 1890 à nos jours, Jérôme Gautié
Une politique publique subordonnée. La politique de rémunération du travail en France (1936-1982), Michel MargairazTerrains et modalités
Le prix du travail dans les colonies françaises d'exploitation, Jean-Pierre Le Crom
Le traitement des professeurs de l’enseignement secondaire depuis 1802. Entre logique de grade et logique de fonction, Yves Verneuil
Modalités et enjeux des rémunérations portuaires (France, XIXe-XXIe siècle), Michel Pigenet
Les rémunérations ouvrières à Renault, pratiques et enjeux (1950-2000), Alain ViguierAu carrefour des disciplines
Les rémunérations dans l’enseignement et la recherche francophones en gestion des ressources humaines, Claire Edey Gamassou
Le paysage juridique contemporain de la rémunération des travailleurs, Pierre-Yves VerkindtGlossaire, Bibliographie, Index des notions
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Par Sylvie Le Dantec le 16 Mai 2019 à 13:03
Blanc de plomb
Histoire d’un poison légalParis, SciencesPo Les Presses, mai 2019
372 p., 26 €Couronné deux fois en 2020 !
Prix d'Histoire François-Bourdon et prix Prescrire 2020Les substances toxiques peuplent notre monde, elles ont conquis l’air ambiant et envahi l’espace domestique. Nourriture, emballages alimentaires, textiles, produits cosmétiques, peintures... Pas un domaine de la vie quotidienne n’échappe à la myriade de poisons, cancérogènes ou perturbateurs endocriniens suspectés ou avérés. Chacun le sait et, pourtant, y consent.
Pour comprendre les raisons de cet accommodement collectif, l’historienne Judith Rainhorn a enquêté sur le blanc de plomb, la fameuse céruse, massivement fabriquée et utilisée pour blanchir la peinture qui a couvert les murs des villes européennes depuis la fin du XVIIIe siècle. Poison du travail pour les ouvriers qui l’ont jadis manipulé dans les ateliers empoussiérés, le pigment de plomb, responsable du saturnisme, est aujourd’hui un poison environnemental.
Comme pour l’amiante, les pesticides, les phtalates ou encore les nanoparticules, la logique sociale, industrielle, scientifique et politique a imposé son rythme et ses nécessités, faisant de la céruse un poison légal.
Judith Rainhorn est historienne, professeure à l’université Paris 1 Panthéon- Sorbonne et membre du Centre d’histoire sociale des mondes contemporains (CHS). Ses travaux portent sur l’histoire du travail, de la santé et de l’environnement des populations urbaines en France et aux États-Unis aux XIXe et XXe siècles.
Voir également l'article paru dans Libération le 3 mai 2019
« Autour de Notre-Dame, un silence de plomb »Table des matières
Introduction – Les raisons de la colère
Chapitre 1 – S'approprier le poison (XVIIIe siècle-1830)
Des fards antiques aux parements urbains
De Venise à Amsterdam
L’appropriation d’un secteur stratégique
Balbutiements
À procédé nouveau, nouvelle fabrique
Soutenir à bout de bras la céruse patriote
La céruse française au premier XIXe siècle
Une industrie émiettée
Nouveaux marchésChapitre 2 – L’invention du saturnisme (1820-1860)
Assembler des savoirs en miettes
Paternité de l’identification
Confuses coliques
Tanquerel, le passeur des terres
Lefèvre, le passeur des mers
Désigner la coupable
Un cadre juridique exceptionnel
Brutalité épidémique
Une réglementation sous influence
Tâtonnements thérapeutiques et prophylaxie douteuse
La postérité européenne du « macaroni »
Les médecins au front de la prévention
Adapter les hommes aux risques du travail
Les saturnins, ouvriers alcooliques et désaffiliés ?
Consentir au risqueChapitre 3 – Au bord du gouffre (1845-1853)
Les difficultés de la substitution
Le « moment » Leclaire
Leclaire, inventeur autodidacte
Du laboratoire à l’usine
Publiciser l’invention
Vers une décision politique ?
À la recherche du « patronage de l’autorité »
Prescrire n’est pas proscrire
Concurrences et stratégies sur le marché des pigments
Les cérusiers en ordre de bataille
La Vieille-Montagne prépare l’offensive
Sur le pré
Les tenaces résistances de la céruse
La « routine », ennemie du progrès ?
Fraudes et duperies dans les métiers de la peinture
Contre Leclaire, saint-simonien et fouriéristeChapitre 4 – Grammaires de l’opacité (1853-1900)
S’organiser pour construire un argument
Concentration géographique et coalescences familiales
Défendre le tarif et modifier la classe
Expert-Bezançon, roi du blanc poison
« Autant de sécurité que du pain chez les boulangers »
La normalisation technique
L’eau et l’huile, « panacées des cérusiers » ?
Hiérarchiser les fabriques pour légitimer le secteur
La provincialisation du problème sanitaire
Construire l’opacité par le discours
Parole d’expert, parole d’évangile
L’ombre d’un doute
La rhétorique du risque maîtrisé
Alcool et plomb, les failles du savoir
Quelques certitudes, beaucoup d’incertitudes
Le confinement dans la sphère savante
L’opacité statistique du fait pathologique
Du fait divers à l’introuvable population statistique
Discréditer le chiffre
Le métier, facteur de risque morbideChapitre 5 – Enfance d’une cause (1900-1909)
Des cérusiers aux peintres
Du risque vécu au risque mesuré
Des victimes visibles et armées
Les ressorts de la mobilisation ouvrière
Lacunes et omissions du syndicat
Les socles de l’émotion populaire
Inscrire le combat dans une généalogie
« Dom Craissac de la Céruse »
Des lignes de faille idéologiques et tactiques
« Les hommes qui pensent et les hommes qui peinent »
Les institutions internationalisées de l’hygiène au travail
Hommes de l’art en politique
Les « fonctionnaires d’état-major » en ordre de bataille
L’hygiène industrielle en partage
La céruse et le « massacre des innocents »Chapitre 6 – Négocier la loi (1901-1919)
Récit d’une chronique parlementaire
La tentation administrative
Le volontarisme des députés
La force de l’inertie
Techniciser le débat pour le dépolitiser
Cerner l’épidémie
« Faire de la peinture en manchettes »
Le bégaiement du débat technique
L’État contre les intérêts privés
Une réglementation inapplicable
Indemniser les empoisonneurs ?
Cause humaniste ou complot de basse politique ?
Cérusards vs anti-cérusards
La céruse dans le concert des nations
Une loi peut en cacher une autre
Une matrice commune
Le choix de la réparation
Pratiques et limites des textesChapitre 7 – L’engagement des nations (1919-années 1930)
Anciens acteurs, nouvelles arènes
Le berceau précoce de l’AIPLT
Un problème « mûr au point de vue technique »
Le feu aux poudres
Construire le consensus
Les conditions du dissensus
Confisquer le débat technique
« Le coup de théâtre de Godart »
Une victoire en demi-teinte
« La moitié seulement de la besogne est faite »
Au mépris de la loi
« Un travail de termite »
L’écho belge
Ratify or not ratify, that is the questionÉpilogue – La céruse à bas bruit
Index, Bibliographie , Sources
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Par Sylvie Le Dantec le 18 Avril 2019 à 13:02
Les galeries d'art contemporain à Paris
Une histoire culturelle du marché de l'art, 1944-1970Paris, Éditions de la Sorbonne
2e édition, avril 2019
588 pages, 121 figures,
XV planches couleursisbn : 979-10-351-0307-1 issn : 2105-5505
prix : 25 €Avant propos à la seconde édition
La réédition du présent ouvrage, issu d’une thèse de doctorat soutenue en 2008 et publiée en 2012, au printemps 2019, répond à des raisons matérielles (un second tirage épuisé et une demande continue) et intellectuelles, et même historiographiques, liées aux bouleversements qu’a connus le champ de la recherche sur le marché de l’art au cours des dernières années.
Les sources disponibles, d’une part, ont augmenté de façon très importante, suite à des dépôts d’archives dans des centres publics ou privés, à la découverte et à l’ouverture d’archives familiales aux chercheurs, à la numérisation de collections d’imprimés, en particulier de périodiques. Les principales institutions culturelles conservant ces sources ont ainsi enrichi leurs fonds : l’Institut national d’histoire de l’art (archives Fabius et Loeb), l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (archives de la galerie Breteau) et la Bibliothèque Kandinsky du Musée national d’art moderne (archives des galeries Daniel Cordier et Jean Fournier, fonds Destribats sur les revues d’art d’avant-garde).
D’autre part, l’intérêt des chercheurs pour l’histoire du marché de l’art a grandi lui aussi, et il faut saluer l’aboutissement de travaux de recherches importants qui renouvellent le questionnaire et les perspectives dans ce domaine et confirment son statut d’objet partagé par plusieurs disciplines telles que l’histoire de l’art, l’économie, la sociologie, l’anthropologie et la géographie. De mon côté, j’ai approfondi certains éléments évoqués dans le présent ouvrage, en menant des études thématiques, notamment sur les liens entre l’État français et le marché de l’art, et sur l’histoire du Comité professionnel des galeries d’art. J’ai également procédé à quelques enquêtes monographiques sur des galeries (Daniel Templon, Daniel Cordier), des artistes (Serge Poliakoff, Hans Hartung) ou encore des collectionneurs, et en particulier des femmes collectionneuses et mécènes (Gertrude Stein, Helena Rubinstein, Jacqueline Delubac).
Le genre, défini comme l’ensemble des rapports sociaux de sexe, est en effet l’axe majeur de prolongement de ce travail. Il y a beaucoup à réfléchir sur les relations entre hommes et femmes dans le champ artistique en général, au sein du marché de l’art en particulier. La question de la « féminisation » – le plus grand nombre, ou la plus grande visibilité, des actrices au sein des intermédiaires marchands ou critiques, mais aussi parmi les créatrices – est au cœur de plusieurs projets, achevés ou en cours, collectifs et individuels, menés sur les galeristes, les collectionneuses et les femmes d’artistes : les promesses sur la valeur heuristique du genre, comme l’une des clés d’interrogation du monde de l’art, sont tenues.
Je me félicite plus largement du développement des art market studies, dénomination très en vogue actuellement dans les pays anglo-saxons, qui signale le dynamisme des échanges et des collaborations interdisciplinaires dans l’étude du marché de l’art. Juristes et économistes, historiens et historiens d’art, sociologues et anthropologues, géographes et urbanistes, trouvent à échanger sur cet objet qui devient le support d’une discussion épistémologique et méthodologique très féconde. Il semble stratégique aujourd’hui que parmi l’ensemble des acteurs qui s’y intéressent, les chercheurs professionnels, universitaires ou non, fassent valoir leurs précieuses compétences en matière de renouvellement des connaissances et des approches.
Car l’intérêt pour le marché de l’art, ses acteurs et son histoire, se manifeste bien plus largement. Les musées, en particulier, s’emparent de ces questions et proposent des expositions ou des accrochages en lien avec le commerce, la circulation, la monétisation de l’art, produisant à cette occasion un discours différent, complémentaire de celui des chercheurs. Saluons l’initiative du Musée national d’art moderne qui pour 2019-2020, puis 2021-2022, a choisi de mettre en place un parcours, au sein des collections historiques et contemporaines, centré autour des galeries et des marchands d’art qui ont, les premiers, exposé et fait connaître les œuvres entrées plus tard dans le patrimoine national et aujourd’hui considérées comme des chefs-d’œuvre de l’art du xxe siècle.
Dans cette perspective, le présent ouvrage apporte un cadre historique général aux phénomènes évoqués ici par une monographie, là par des accrochages ponctuels. Il entend proposer une histoire culturelle des intermédiaires artistiques que sont les directeurs et directrices de galerie d’art, dans le Paris de l’après-Seconde Guerre mondiale. L’étude considère que l’action d’une galerie est loin de se restreindre aux transactions économiques, mais influence aussi la création individuelle, la constitution de groupes artistiques, et qu’elle a une importance croissante à cette époque sur le goût des collectionneurs privés comme sur celui des institutions publiques. J’ai placé les marchands d’art au cœur d’un écosystème complexe, où ils sont en relation avec les artistes, les critiques, les collectionneurs et les conservateurs de musées, et où leur activité ne s’examine qu’en regard avec cette chaîne d’acteurs et en lien avec la construction de réputation (pour les artistes) et de notoriété (pour les œuvres), donc de valeur.
De même, si cette histoire place au centre la ville de Paris, c’est pour mieux montrer à quel point œuvres et individus circulent dans un monde de l’art très internationalisé, et comment se structurent et évoluent dominations et rivalités, crises et attaques, enfermements et exclusions. Entre 1944 et 1970, Paris offre à l’historien·ne un cas d’étude particulièrement riche mêlant larges circulations, prétentions à la prescription, humiliations et remises en cause. Les phénomènes étudiés présentent en outre une forte résonance avec l’actualité de notre xxie siècle, qu’ils vont peut-être nous aider à mieux comprendre.
Paris, printemps 2019Lieux d’exposition des œuvres d’art, lieux de rencontre entre artistes et amateurs, lieux de transactions économiques et de reconnaissance symbolique, les galeries sont au cœur du circuit de l’art contemporain, de l’atelier de l’artiste aux salons des collectionneurs et aux cimaises des musées. Faire leur histoire, c’est comprendre comment se construit la valeur artistique, comment les artistes bâtissent leur carrière, comment l’art se diffuse dans la société française. 1944 : les marchands parisiens reconstruisent le premier foyer de création artistique mondiale. 1970 : la foire de Bâle sonne le glas de l’hégémonie parisienne, au profit de New York. Pourtant, pendant un quart de siècle, les galeristes défendent pied à pied leurs visions de l’art : certains se passionnent pour des inconnus, qu’ils révèlent au public ; d’autres militent au côté des avant-gardes ; d’autres encore accompagnent leurs artistes vers la consécration. Toutes et tous impriment leur marque dans l’histoire de l’art.
Fondé sur des archives inédites et une abondante documentation, cet ouvrage propose une histoire sociale et culturelle du marché de l’art parisien pendant les Trente Glorieuses. Les marchands se muent en galeristes : prospecteurs, agents, impresarios, ils se rendent indispensables aux artistes, aux critiques et aux collectionneurs.
Adoptant le point de vue de Paris, ce livre met en évidence l’intensification et la diversification des échanges et des circulations entre des métropoles concurrentes. Il constitue un indispensable complément à l’étude des œuvres et des artistes, pour qui veut comprendre pleinement l’art du XXe siècle.
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Par Sylvie Le Dantec le 4 Avril 2019 à 10:55
La CGT en question(s)
Regards croisés sur 125 années d’un syndicalisme de transformation socialesous la direction de
Michel Dreyfus et Michel PigenetÉditons universitaires de Dijon, avril 2019
168 p. ; 15 x 23 cm
18 €isbn 978-2-36441-309-2
eud.u-bourgogne.fr/histoire/648-la-cgt-en-questions.htmlLa CGT en question(s) propose une synthèse nouvelle et attendue sur l’histoire de l’organisation de référence du syndicalisme français.
Les regards croisés, portés par des spécialistes reconnus et nourris des recherches les plus récentes, couvrent ses 125 années d’existence. Sensible aux difficultés actuelles du syndicalisme en général et de la CGT en particulier, l’approche retenue les met en perspective. L’étude historienne de l’organisation, de ses adhérents et de ses repères identitaires, de ses relations avec les autres centrales hexagonales, les pouvoirs publics et le patronat, de ses affiliations internationales en cerne les traits durables et les évolutions notables. Par-là, elle donne les clés de compréhension de plus d’un siècle de relations sociales en France.Michel Dreyfus est historien, directeur de recherche émérite au CNRS et membre du Centre d’histoire sociale des mondes contemporains (Université de Paris 1).
Michel Pigenet est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre du Centre d’histoire des mondes contemporains.Table des matières
Introduction
Michel Pigenet et Michel Dreyfus : L’organisation de la CGT
David Hamelin : Unité et scissions dans l’histoire de la CGT
Morgan Poggioli : La CGT dans le salariat : repères historiques sur la sociologie des adhérents
Sophie Béroud : La CGT et la puissance publique
Michel Dreyfus : Représenter et négocier
Laure Machu : La CGT à l’heure internationale
Jean-Marie Pernot : Culture(s) cégétiste(s)
Michel Pigenet : Bibliographie (depuis 1995)
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Par Sylvie Le Dantec le 1 Avril 2019 à 11:48
German-occupied Europe in the Second World War
Routledge, avril 2019
264 p.Inspired by recent works on Nazi empire, this book provides a framework to guide occupation research with a broad comparative angle focusing on human interactions. Overcoming national compartmentalization, it examines Nazi occupations with attention to relations between occupiers and local populations and differences among occupation regimes.
This is a timely book which engages in historical and current conversations on European nationalisms and the rise of right-wing populisms.
S'inscrivant dans le renouveau historiographique sur l'empire nazi, l'ouvrage propose, à travers 12 contributions, un aperçu des recherches sur l'Occupation à partir d'une approche comparative. Dépassant les compartimentations nationales pour prendre en compte les transferts d'expériences et les circulations d'une guerre mondiale à l'autre, d'un front à l'autre, l'ouvrage considère les occupations nazies en portant une attention toute particulière aux relations entre occupants et populations locales comme aux différences entre régimes d'occupation en Europe.
Raffael M. Scheck is Audrey Wade Hittinger Katz and Sheldon Toby Katz Professor of History at Colby College, Maine, USA
Fabien Théofilakis is Associate Professor of History at University Paris 1 Panthéon Sorbonne, France
Julia Torrie is Professor of History at St. Thomas University, CanadaTable of Contents
INTRODUCTION by the Editors
FIRST PART: PRECURSORS AND CONTINUITIES
Chapter 1: Dangerous Duality: Experiencing and Remembering Civil-Military Conflict during Germany’s Occupation of Poland, 1914-1918, by Andrew Kless
Chapter 2: The Lessons of War and Occupation: The Career of Hans Nagel, 1914-1945, by Chad Denton
Chapter 3: Radical Reordering along Old Lines: National Socialist Population Policy, Citizenship, and Military Service in Occupied Alsace, 1940-1945, by Devlin M. SchofieldSECOND PART: CONCEPTS OF OCCUPATION
Chapter 4: Genocide as Organizing Principle in Raphael Lemkin’s Analysis of Nazi-Occupied Europe, by Raffael Scheck
Chapter 5: From a Nazi Imperialism to a Fascist Imperialism: Transnational Nationalisms and the Creation of a "New Europe", by Eric Roubinek
Chapter 6: From Principles to Pragmatism: The SS in Occupied France, 1940-1944, by Thomas LaubTHIRD PART: ECONOMIC MATTERS
Chapter 7: German Occupation of Italy, 1943-45: Conflicting Authorities and Contrasting Strategies in the Management of Resources and Supplies, by Alessandro Salvador and Jacopo Calussi
Chapter 8: The Gau Westmark as Colonial Outpost: Rethinking Economic, Military, and Racial Policies in Nazi-Annexed Moselle, by Elizabeth VlossakFOURTH PART: RACE, GENDER, AND THE INTERACTIONS OF OCCUPIERS AND OCCUPIED PEOPLE
Chapter 9: Women of the Reich: German Military Auxiliaries and the Occupation of Europe, by Julia Torrie
Chapter 10: Romance, Marriage, and the Lebensborn Program: Gendering German Expectations and Reality in Occupied Norway, by Caroline Nielsen
Chapter 11: The Volksdeutsche of Eastern Europe as Nazi Collaborators during World War II, by Christoph Schiessl
Chapter 12: Nazi Germanization Policy in Occupied Europe: An Overview, by Bradley J. NicholsAFTERWORD by Shelley Baranowski
Index
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