publication des livres des chercheurs du CHS, histoire sociale, histoire urbaine, histoire culturelle, guerre d'Algérie, CNRS, universite Paris1, "Centre d'histoire sociale"
La Prison : une nécessité pour la République
Pierre Victor Tournier
De la peine prononcée à la réinsertion, en passant par l’enfermement, cet ouvrage est un parcours au coeur du système carcéral français. Surpopulation, sens de la peine, perpétuité réelle, récidive, maladie mentale : avec une administration pénitentiaire réticente à divulguer les chiffres, il est bien difficile de faire la part des choses en la matière.
Combien de personnes en prison aujourd’hui en France ? Quel est le taux de récidive ? Si l’on ne peut pas se passer des prisons, ne doit-on pas en limiter l’usage aux infractions les plus graves, en imaginant d’autres façons de sanctionner les délits ? Comment aménager la détention et mieux préparer la sortie des condamnés afin de les aider à « vivre une vie responsable » ? Si la prison est bien une nécessité pour la République, c’est au coeur de celle-ci, et non dans ses marges, qu’elle doit s’inscrire.
C’est dans la complexité des questions pénales et carcérales que Pierre Victor Tournier nous entraîne, refusant toute forme de radicalité et avançant des éléments de réponses précis et exigeants.
Éditions Buchet & Chastel, février 2013, 261 p., prix : 18 €
(1) La prison - une nécessité pour la... par ChsProd
Présentation par Pierre Victor Tournier de son livre, "La prison - Une nécessité pour la République" - basée sur les extraits d'une conférence enregistrée en juin 2013 à la DAP . Réalisation vidéo : Jeanne Menjoulet
(2) La prison, une nécessité pour la République par ChsProd
Après une conférence de Pierre Victor Tournier (juin 2013), à la D.A.P., au sujet de son livre "La Prison - Une nécessité pour la République", Laurent Ridel, directeur interrégional des services pénitentiaires de l’outre-mer (D.A.P.), s'exprime sur le sujet de ce livre. Réalisation vidéo : Jeanne Menjoulet
Paroles de...
« Ma parole est libre, ma plume l’est aussi », telle est la devise de Pierre V. Tournier ; un très bon livre de l’infatigable arpenteur du champ pénal… Jean Lebrun " La marche de l’histoire", France Inter
C’est un grand enjeu culturel : se donner les moyens de parvenir à ce que la prison ne soit plus la peine de référence, explique Pierre V. Tournier, qui milite depuis des années pour ce qu’il a appelé la contrainte pénale communautaire… Sonya Faure, Libération
Pierre V. Tournier consacre une longue analyse, dans son livre à peine sorti, à la "nouvelle probation" qui, pour lui, devrait plutôt s'appeler la contrainte pénale communautaire. Il pense qu'il faut œuvrer à un consensus entre les réformistes de gauche, du centre et de droite, à suivre… Marie Lefebvre-Billez, Réforme, hebdomadaire protestant d'actualité
Un livre passionnant qui remet en cause bien des idées reçues sur la prison… Michel Field, LCI
Ce livre est un régal, comme un jeu mathématique appliqué à ce milieu carcéral bien clos et bien opaque… Daniel Bernard, grand-reporter à Marianne
Loin de faire l'éloge de la prison telle qu'elle existe aujourd'hui en France, l'auteur montre en revanche pourquoi il est impossible de s'en passer et pourquoi il faut la réformer Laurence Neuer, Le Point
Un texte qui permet de réfléchir à la question : Pourquoi la France fait-elle ce sort-là à ses prisonniers ? Philippe Lefait, "Des Mots de minuit", France 2
et le compte rendu dans la revue Dalloz Actualité
Inévitables prisons ?, par Didier Peyrat, magistrat
Si notre système pénal ne se réduit pas à la prison, puisqu'une large majorité des peines prononcées par les tribunaux répressifs ne débouche sur aucun enfermement, elle en est quand même la référence centrale, omniprésente dans les codes, l'imaginaire collectif et les médias. Il n'est pas surprenant que la sanction la plus lourde (en privant de liberté, on agit sur les corps) et visible (les prisons se voient) imprime sa marque à toute discussion sur les politiques pénales.
Pierre Victor Tournier, spécialiste de démographie pénale, aborde méthodiquement son sujet, traité à fond. Le livre regorge de renseignements précieux sur la prison et apporte des éléments de réponse à de nombreuses questions : qui récidive et pourquoi ? Quelle est l'ampleur réelle et l'évolution de la surpopulation carcérale ? Comment et pourquoi distinguer entre « stock » et « flux » (d'entrée et de sortie) ? Quelle part des agresseurs sexuels en détention ? Quelles origines sociales des détenus ? P.V. Tournier œuvre ainsi à la constitution d'un savoir sur la prison, y compris sur le plan statistique, car « une politique du chiffre juste » est la condition d'une lutte sérieuse contre la surpopulation carcérale.
On signalera le point de méthode louable qui est le sien : ne pas perdre de vue ce qui précède l'enfermement (le délit ou le crime préalables). Un exemple : les simple voleurs, sont une denrée rare en prison (7,5% des écroués), alors qu'en 1970 ils représentaient presque la moitié des incarcérés (49,4%). Voilà qui donne à réfléchir sur les mutations de la répression pénale. Aujourd'hui, les deux tiers des détenu(e)s ont été condamnés pour des atteintes directes ou indirectes aux personnes. Il est donc difficile de désindexer le débat sur la prison du débat sur la violence (subie, perçue, imaginée) dans la société. Sera-t-il possible d'organiser la déflation carcérale, sans avoir obtenu une déflation de la délinquance violente ?
Le crime étant ce qu'il est, la prison est pour l'instant inévitable. Par contre, ce qui est sans doute évitable, c'est son fonctionnement actuel. Le livre est d'un réaliste, mais aussi d'un humaniste convaincu. Il n'est pas fatal que les prisons soient un univers de non droit, d'atteintes à la dignité et qu'y soit délivrée, par toutes sortes de modes de faire aussi défectueux qu'involontaires, une sorte de formation supérieure au mépris de l'autre. Comment apprendre à respecter la sécurité d'autrui, dans un système où l'on se révèle incapable de préserver la sécurité des détenus ?
Préoccupé aussi de ce qu'il y a en fin de prison, l'auteur milite pour des dispositifs intelligents d'aménagement de peine et formule de nombreuses propositions pour changer la sortie de prison afin de limiter les récidives. Enfin, ces pages invitent à une réflexion sur le sens de la peine qui fonde ce qu'on peut nommer le réformisme pénitentiaire de P.V. Tournier.
À l'heure où, à l'occasion du rapport rendu par la conférence sur la prévention de la récidive, risquent de se réveiller les simplismes virulents du débat sur la sécurité et la justice, voici un travail qui assume en même temps la nécessité républicaine de la prison et l'impératif de sa transformation. Un livre qui tombe à pic.