• Genre et travail migrant.
    Mondes atlantiques, XIXe-XXe siècles

    Genre et travail migrant. Manuela Martini, Philippe Rygiel

    Accompagnatrices passives d’hommes aux activités variées, gardiennes des codes et des valeurs des sociétés d’origine, les migrantes du passé ont été souvent dépeintes comme des épouses, des filles ou des mères confinées à la sphère domestique. Les portraits de femmes migrantes rassemblés ici ont pour premier mérite de montrer que cette image ne fut jamais qu’un mythe. De la Bretonne qui gagnait le Paris du XIXe  siècle, aux infirmières venant des Caraïbes, des Chinoises qui s’implantent en France aux Irlandaises installées à Québec, toutes travaillent, au sein du ménage comme à l’extérieur de celui-ci.
    Les formes genrées du travail immigré ne sont cependant jamais tout à fait les mêmes. Et empruntant à la sociologie ou à l’anthropologie, les historiens reconnus qui nous font ici part de leurs travaux s’interrogent sur les formes, le sens et les conditions de celui-ci. Le travail salarié est-il toujours pour la femme migrante la condition de son autonomie ? Favorise-t-il­ une redistribution des rôles au sein de la famille ? Et comment comprendre, sur la longue durée, à la fois les formes pérennes du travail féminin migrant et ses transformations récentes ?
    Ce recueil en effet, qui intéressera les spécialistes des questions d’immigration, permet aussi à tous de mieux percevoir les gestes des hommes et des femmes qui permettent nos sociétés contemporaines.

     

     

    sous la direction de
    Manuela Martini et Philippe Rygiel

     

    Publibook, 2009
    coll. « Sciences Humaines et Sociales, sciences sociales », 198 p.

     


    votre commentaire
  • L’antisémitisme à gauche.
    Histoire d’un paradoxe, de 1830 à nos jours
     

    L’antisémitisme à gauche. Michel Dreyfus

    La Découverte, 2009, rééd. 2011
    346 p.

    Depuis le début des années 2000, en lien avec les événements du Proche-Orient, on a vu se développer en France l’idée selon laquelle la gauche serait la principale responsable de la recrudescence d’actes antisémites. Cette vision est excessive et injustifiée, mais elle traduit un certain malaise. Existe-t-il ou a-t-il existé un antisémitisme spécifique à la gauche ? Longtemps négligée par les historiens, cette question délicate est traitée pour la première fois dans cet ouvrage extrêmement documenté, qui retrace l’histoire des positions de la gauche française vis-à-vis de l’antisémitisme sur deux siècles.
    Des débuts de la révolution industrielle à nos jours, toutes les composantes de la gauche ont tenu des propos antisémites, mais sous des formes très différentes dans l’espace et dans le temps. À l’antisémitisme économique associant les Juifs au capitalisme, exprimé par de nombreux socialistes au xixe siècle, s’est ajouté un antisémitisme racial et xénophobe à partir des années 1880. Au lendemain de l’affaire Dreyfus, tournant fondamental, l’antisémitisme n’est plus revendiqué ouvertement dans les rangs de la gauche. Mais il n’y disparaît pas pour autant et on le voit encore insidieusement à l’œuvre, dans l’entre-deux-guerres, à la SFIO et chez les pacifistes, parfois au sein du Parti communiste, puis, après guerre, à l’ultragauche, sous la forme du négationnisme.
    Une plongée historique passionnante, qui intéressera tous ceux que préoccupe cette question douloureuse – et en particulier les lecteurs de gauche, pour rester vigilants contre un danger toujours possible.


    Fenêtre sur : un livre de Michel Dreyfus... par CentreHistoireSociale


    votre commentaire
  • La guerre d’indépendance des Algériens, 1954-1962

    La guerre d’indépendance des Algériens, Raphaëlle Branche, Charles-Robert Ageron, Emmanuel Blanchard, Omar Carlier, Stéphanie Chauvin, Malika Rahal, Benjamin Stora, Sylvie Thénault, Laure Pitti

    Pour la première fois, un ouvrage présente la guerre d’Algérie à des lecteurs français en se situant de l’autre côté : du point de vue des Algériens. Il s’agit de comprendre ce que fut cette « guerre d’indépendance » pour ceux qui l’ont faite ou au nom de qui la guerre fut menée. En prenant d’abord la mesure de la diversité des attitudes algériennes, alors même que le Front de libération nationale prétendait parler au nom du peuple entier.
    Les lecteurs pourront aussi comprendre comment la mécanique impitoyable de la guerre a peu à peu réduit la réalité à une opposition binaire, intimant à chacun de choisir son camp. Ainsi est devenue de plus en plus intenable la position des personnes « entre-deux ». Certains n’hésitèrent pas à assassiner ces passeurs qui témoignaient qu’une autre relation était possible entre Français et Algériens.
    Redécouvrir cette histoire, c’est aussi mieux cerner ce que fut l’Algérie française et mesurer comment l’ombre de la guerre pèse encore sur les relations entre l’Algérie et la France.
    Avec Charles-Robert Ageron, Emmanuel Blanchard, Omar Carlier, Stéphanie Chauvin, François-Xavier­ Hautreux, James R. House, Neil MacMaster, Chantal Morelle, Guy Pervillé, Laure Pitti, Malika Rahal, Benjamin Stora et Sylvie Thénault.

     
    présenté par  Raphaëlle Branche,  Perrin, 2009, coll. « Tempus », 356 p


    Extrait d'une chronique de La Cliothèque   http://clio-cr.clionautes.org/la-guerre-d-independance-des-algeriens-1954-1962.html :

    Chronique de Gérard Buono (clionautes)
    extrait : "Le premier apport directement utile pour les enseignants est la présentation de Raphaëlle Branche. En une douzaine de pages très
    denses, elle propose en effet une synthèse excellente, avec une périodisation argumentée, qui, sans négliger les racines et les
    implications du conflit en métropole, contient déjà ce qu'on peut concevoir comme le parti pris d'ensemble : un renversement de
    l'angle d'analyse. Il s'agit en effet de la guerre d'indépendance des algériens, et non pas de la « Guerre d'Algérie », encore moins
    des « évènements d'Algérie ». Comment les algériens eux-mêmes ont-ils vécu, agi, souffert, combattu, et « comment sont-ils
    devenus algériens » ? L'objectif est de tenter de comprendre ce conflit « au ras du sol », de comprendre comment le passage de
    l'Algérie française à l'Algérie indépendante se traduit au quotidien, en particulier en termes d'identité pour les populations
    directement concernées.
    Cette introduction ouvre une somme de quatorze contributions, qu'on ne pourrait toutes présenter ici en détail, mais qui apportent
    toutes quelque chose d'intéressant.
    Plusieurs traitent plutôt de la situation en amont, des racines et de la gestation du mouvement nationaliste algérien.
    Omar Carlier examine le rôle de l'Étoile Nord-africaine et de son leader charismatique Messali Hadj au sein de l'émigration
    algérienne en métropole avant la seconde guerre mondiale. Et de la place donnée (retirée ?) à ce mouvement majeur dans le
    discours historique de l'Etat algérien aujourd'hui. Entre mythe et occultation, l'Etoile nord-africaine, pourtant première
    association politique autonome, aux source du nationalisme algérien, peine à trouver une place dans l'histoire officielle en
    Algérie. La contribution de Benjamin Stora emprunte le même chemin de réflexion sur les conditions dans lesquelles se fait l'histoire. En s'engageant dans la rédaction d'une biographie de Messali Hadj, puis d'un vaste Dictionnaire biographique (de 600 militants nationalistes), Benjamin Stora est arrivé à une réflexion plus générale sur les origines sociales des acteurs principaux : ceux de l'avant-garde, mais aussi le rôle des élites rurales, des « bourgeois de village » et des ouvriers agricoles. Et il tente d'expliquer la sous représentation des paysans dans les instances dirigeantes du nationalisme par la répression coloniale, le poids de l'islam, le quadrillage des campagnes par un réseau de notables acquis à la présence française, ou encore le déficit de formation des militants paysans au sein des formations nationalistes.
    Guy Pervillé essaie aussi de creuser la question des élites algériennes, et de leurs origines sociales et de leur formation. Les composantes politiques du nationalisme algérien (Malika Rahal traite de la place des réformistes) ou les apports personnels (Sylvie Thénault évoque la figure de l'instituteur et écrivain Mouloud Feraoun, assassiné en 1962 par un commando de l'OAS, et de sa relation complexe avec la question des rapports entre la France et l'Algérie).
    Si cet ouvrage s'efforce de renverser le point de vue, en se situant du côté algérien de la guerre d'indépendance, la complaisance n'est pas de mise : la diversité des attitudes au sein de la population algérienne est prise en compte, mais aussi les pires excès ne sont pas passés sous silence. "

    La suite de la chronique de Gérard Buono (4 pages) est à lire sur  © La Cliothèque

     


    votre commentaire
  • La fabrique d’une génération.
    Georges Valero, postier, militant et écrivain


    La fabrique d’une génération.  Georges Valero, postier, militant et écrivain. Christian ChevandierChristian Chevandier

    Né au temps du Front populaire, Georges Valero grandit dans un des quartiers les plus déshérités de l’agglomération lyonnaise. Soldat en Algérie, il se lance clandestinement dans la rédaction d’un roman antimilitariste. L’écriture devient alors un élément essentiel de son existence, tout comme le militantisme au sein d’une gauche révolutionnaire. Il s’y engage très tôt et est confronté aux soubresauts de l’histoire dans la deuxième moitié du xxe siècle : les luttes anticoloniales, le communisme, Mai 1968, le syndicalisme autogestionnaire, l’anarchie.
    Fils d’ouvriers immigrés, Valero entretient un rapport très fort à la culture. Il écrit dans les journaux lycéens, met en place à Lyon le ciné-club de la CGT dans les années 1960, fait venir le théâtre de la Cité dans son centre de tri occupé en Mai 68, participe à l’aventure des radios libres. Ses romans sont fortement imprégnés de cet engagement dans la cité, mais se révèlent également un témoignage sur un monde populaire où l’on peine à parler de soi à la première personne. En cela, au-delà de la figure de l’écrivain travailleur, c’est bien l’histoire d’une génération et d’un milieu, pour lesquels la culture se révélait émancipatrice, qui est ici retracée. Et l’attention portée aux années de formation, qui fait de cet ouvrage un rare récit d’une enfance et d’une jeunesse en milieu populaire, insiste bien sur ce qui se révèle la fabrique d’une génération.
    Curieux d’un monde qui lui semble poser des questions fort actuelles, Christian Chevandier est parti au début du XXIe  siècle à la recherche de son personnage, a parcouru les lieux que le romancier a fréquenté, a rencontré ceux qui furent ses proches, ses amis tout comme des collègues qui ne l’appréciaient que modérément. Praticien de la recherche historique, il a su découvrir des archives inédites : les manuscrits de Georges Valero, des correspondances, les archives syndicales, celles de la police et de l’armée, des papiers privés.

     Les Belles Lettres, 2009, 

    coll. « L’histoire de profil »
    434 p.

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique