• Les prisonniers de guerre allemands
    France, 1944-1949

    Les prisonniers de guerre allemandsFabien Théofilakis

    Paris, Fayard, coll. « Histoire », 2014
    155 x 235 mm • 800 p.

    ean : 9782213663043
    prix imprimé : 32 €
    ean numérique : 9782213665528
    prix numérique : 30,99 €

    Entre 1944 et 1948, presque 1 000 000 de prisonniers de guerre allemands sont détenus en France, d’abord dans des enceintes sauvages et des sites provisoires, puis dans des camps réguliers, enfin chez des particuliers.

     Figures honnies de l’Occupation, ces soldats de Hitler deviennent, vaincus, un enjeu majeur de la sortie de guerre de l’Europe en pleine reconstruction. Les Allemands réclament leur libération, les Américains comptent sur eux lorsque la Grande Alliance cède la place à la guerre froide et le gouvernement français entend se servir de cette main-d’œuvre peu chère et docile pour effacer les traces de la défaite.

     De sa plongée au cœur des archives françaises, allemandes, suisses, américaines, britanniques, vaticanes, Fabien Théofilakis nous offre une connaissance renouvelée de la transition française de la guerre à la paix. A partir de documents inédits et de nombreux témoignages d’anciens prisonniers qu’il a recueillis, il rend compte de cette captivité oubliée. Il campe ainsi le face-à-face inversé entre vainqueurs et vaincus d’hier dans une France qui a du mal à surmonter les traumatismes de l’Occupation et de la collaboration. Il dévoile une cohabitation intime comme les petits entrelacs d’une vie quotidienne tendue entre Français et Allemands. Il interroge le lien ambigu de la société allemande sous le nazisme puis sous occupation française avec ses prisonniers jusqu’à leur rapatriement. Il resitue l’enjeu des prisonniers de guerre dans la redéfinition des relations entre Alliés. Ce travail magistral comble une lacune et propose une autre vision de l’immédiat après-guerre, celle du retour de la paix en Europe occidentale.


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  • Paris, New York : des migrants italiens,
    années 1880 – années 1930

    Paris, New York : des migrants italiens, années 1880-années 1930Judith Rainhorn

    Paris, CNRS Éditions, Coll. « Cnrs histoire», 2005
    24 x 17 cm • 233 p.

    isbn-10: 2271063302
    isbn-13: 978-2271063304

    Villes-lumières, capitales du monde, Paris et New York ont accueilli, de la fin du XIXe siècle à la veille de la Seconde Guerre mondiale, des centaines de milliers d'Italiens venus se faire les forçats de l'industrialisation triomphante. Aux marges des métropoles, les quartiers ouvriers de La Villette et d'East Harlem ont vu s'épanouir puis se dissoudre des territoires italiens, au gré de l'odyssée de cet " Ulysse collectif " que fut l'Italie à l'ère industrielle. De cette vague migratoire sans précédent sont nées des images multiples, du musicien des rues au maçon inégalable, de la couturière à domicile au journaliste antifasciste. Au-delà de ces figures, l'appropriation de l'espace local, les inerties et les innovations affectant les structures familiales et le monde du travail, les modes de sociabilité ou encore les combats politiques constituent autant de prismes d'observation des migrants dans leurs espaces d'accueil. L'opposition, devenue classique, entre le " modèle " d'intégration français universaliste et le " modèle " américain aux rapports sociaux nécessairement ethnicisés, est ici réinterrogée : la comparaison met en lumière les dissemblances fondamentales en termes de contexte migratoire, de rythmes d'urbanisation et d'évolution du marché du travail, mais également les nombreuses analogies dans les processus d'insertion et d'acculturation à l'œuvre à Paris et à New York. Puisant dans les archives françaises, italiennes et américaines, ce livre nous donne à voir l'histoire du corps à corps entre les hommes et les lieux qu'ils ont investis. Dans une époque marquée au fer du nomadisme international, l'histoire de cette migration, désormais close, est un outil précieux pour comprendre l'un des phénomènes clés du monde contemporain


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  • Étranges voisins.
    Altérité et relations de proximité dans la ville depuis le XVIIIe siècle


    Étranges voisins. Altérité et relations de proximité dans la ville depuis le XVIIIe sièclesous la direction de Judith Rainhorn et Didier Terrier

    Rennes, Presses universitaires de Rennes,
    coll. « Histoire », 2010,
    276 p

    isbn : 978-2-7535-1011-1
    prix : 18 €

    L’histoire du voisinage en ville reste à écrire. Dans un monde urbain où l’interconnaissance et le côtoiement physique sont de mise, les formes de convivialité, de solidarité et d’entraide, mais également les tensions, litiges et affrontements entre voisins constituent le quotidien de vies minuscules qui, pourtant, ont laissé peu de traces dans les archives. La ville impose aux hommes leurs manières de vivre ensemble. Dans l’espace restreint de l’immeuble et du quartier, des populations étrangères les unes aux autres, souvent étranges les unes aux yeux des autres, partagent l’impérieuse nécessité de vivre les unes avec les autres. L’altérité, acceptée ou rejetée, est donc au cœur des relations de voisinage : on se côtoie, bon gré, mal gré, les ouï-dire circulent et les rumeurs enflent, les connivences et les conflits se tissent. Tout prend de l’ampleur dès lors que le voisinage s’en mêle. La prégnance du lieu sur les habitants est telle que les espaces intermédiaires, la rue, la cour, le hall d’immeuble, le couloir, deviennent un enjeu essentiel pour ceux qui fabriquent la ville comme pour ceux qui la régissent. Historiens, anthropologues, politistes et urbanistes, spécialistes reconnus et jeunes chercheurs font ici dialoguer les disciplines sur la question de la cohabitation quotidienne en milieu urbain. De la contrainte à l’accommodement, de la sociabilité choisie à la promiscuité subie, des crispations construites aux frontières érigées, de la dénonciation au crime, ce livre traque dans les villes de l’Europe en voie d’industrialisation et d’urbanisation massive, du xviiie au xxe siècle, un objet jusqu’ici resté dans l’ombre de l’histoire: la vie au ras du sol avec son étrange voisin.

    Télécharger « TDM Rainhorn-étranges voisins.pdf »


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  • A History of the Workplace: Environment and Health at Stake

    A History of the Workplace: Environment and Health at StakeJudith Rainhorn et Lars Bluma (eds.)

    Routledge, coll. « Nano and Energy », 2014
    17,8 x 1,8 x 24,9 cm, 160 pages

    isbn-10: 1138801100
    isbn-13: 978-1138801103
    123,40 €

    Interest in the history of the workplace is on the rise. Recent work in this area has combined traditional methods and theories of social history with new approaches and new questions. It constitutes a ‘topical contact zone’, a particularly dynamic field of research at the junction of social history, history of occupational health and safety, history of technology and the industrial environment. This book focuses on the new approaches in this important and growing area and their possible range of influence. These new attempts to rewrite a history of the workplace are multiple - and in some cases disparate - but share many key characteristics. They are turning away from the assumption that class and class conflict is the prime mover in social history, abandoning the traditional binomial workers vs. entrepreneurs perspective which had long sustained the historical perspective on labour. Moreover, as this collections outlines, these new attempts concentrate on the analysis of complex social networks of actors that defined and configured industrial workplaces, suggesting a broadening of possible social actors.

     

    Table des matières

    An introduction Judith Rainhorn and Lars Bluma  
    2. The hygienic movement and German mining 1890 – 1914 Lars Bluma  
    3. The banning of white lead: French and American experiences in a comparative perspective (early twentieth century) Judith Rainhorn  
    4. Aluminium in health and food: a gradual global approach Florence Hachez-Leroy  
    5. Fiddling, drinking and stealing: moral code in the Soviet Estonian mining industry Eeva Kesküla  
    6. Hygienists, workers’ bodies and machines in nineteenth-century FranceThomas Le Roux  
    7. The factory as environment: social engineering and the ecology of industrial workplaces in inter-war Germany Timo Luks  
    8. The ideal of Lebensraum and the spatial order of power at German factories, 1900 – 45 Karsten Uhl


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  • Santé et travail à la mine
    XIXe-XXIe siècles

    Santé et travail à la mine, XIXe-XXIe sièclessous la direction de Judith Rainhorn

    Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion,
    coll. « Histoire et civilisations », 2014
    313 p.

    isbn-102757407392
    isbn-13 978-2-7574-0739-4

    ean 13 : 9782757407394
    prix : 27 €

    L'inscription du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais au patrimoine mondial de l'humanité en 2011 a fait de la mine un lieu de mémoire universel et des gueules noires les héros et martyrs d’un monde disparu. Pourtant, l’activité minière, quasiment révolue dans la Vieille Europe et les pays de la première industrialisation, est aujourd’hui en pleine expansion dans la plupart des pays émergents, au point de constituer l’une des activités économiques essentielles de la Chine, du Brésil, de l’Afrique australe et de l’Inde.

    Érigeant en mythe un monde ouvrier fier de ses valeurs de courage, de solidarité et de puissance virile, Zola a définitivement lié dans notre imaginaire la mine au danger et à la catastrophe. Mais le vieux Maheux de Germinalconcède aussi : « Du charbon, j’en ai dans la carcasse de quoi me chauffer jusqu’à la fin de mes jours ». Loin du spectacle de la mort collective, en effet, le travail à la mine est générateur de maladie et d’agonie silencieuse : silicose, ankylostomiase, sidérose et cancers dessinent les contours d’une catastrophe de masse, bien plus meurtrière, vécue à l’échelle individuelle par ceux qui perdent leur vie à la gagner depuis deux siècles.

    C’est l’histoire, longtemps occultée, que ce livre raconte. Réunissant les contributions de chercheurs internationaux, dont certains pour la première fois en français, il offre une réflexion à la croisée de l’histoire du travail, de la santé, des mobilisations sociales et des politiques publiques. Voyage dans les maux de la mine de charbon, de cuivre ou d’uranium, de la France au Chili, du Japon à l’Afrique du Sud, de l’Allemagne à la Chine, de l’Ecosse à l’Espagne, de la Belgique aux États-Unis, ce livre apporte un regard historique neuf sur une question d’une sinistre actualité dans notre monde globalisé.

     

    Sommaire

    Préface. Les risques sanitaires dans les mines.
    Enjeux d'une histoire mondiale
    Paul-André Rosental

    Les maux de la mine. Revisiter l'histoire minière au prisme des enjeux de santé au travail, Judith Rainhorn

    Première partie
    Réseaux et mobilisations socio-politiques  autour de la santé à la mine

    L’ankylostomiase dans la Ruhr.
    Corps, environnement et réseaux sociaux dans l’industrie minière de l’Empire allemand, Lars Bluma

    La négociation collective d’une maladie professionnelle : la pneumoconiose des ouvriers mineurs en Belgique (c. 1937- c. 1970), Eric Geerkens

    Légiférer sur les maladies professionnelles au Chili au XXe siècle :  les mineurs du cuivre entre l’État et le patronat, Angela Vergara

    Silicose et extrême-gauche dans le Nord dans les années 70. Les raisons d’une aporie, Marion Fontaine

    Deuxième partie
    Invisibilité et invisibilisation du champ sanitaire  dans l’industrie minière

    Du déni à la flatterie : la reconnaissance de la pneumoconiose du mineur de charbon comme maladie professionnelle en Espagne (1930-1944)Alfredo Menéndez-Navarro

    Les victimes invisibles de la pneumoconiose dans les mines de charbon au JaponBernard Thomann

    L’Afrique et le monde nucléaire : maladies industrielles et réseaux transnationaux dans l’uranium africainGabrielle Hecht

    La Chine et ses mineurs de fond : chronique d’un désastre sanitaireIrène Huang

    Troisième partie
    Écouter et voir les corps à l’ouvrage

    Corps meurtris. Genre et invalidité dans les mines de charbon d’Écosse au milieu du XIXe siècleAngela Turner

    Observer les corps, délier les langues, ou comment dévoiler les interactions entre travail et santé dans les mines de cuivre de l’Arizona (États-Unis, 1919)Judith Rainhorn

    Quand les corps parlent : faire de l’histoire orale pour étudier la santé et l’invalidité au travail dans les houillères britanniques au XXe siècleArthur McIvor


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  • L’économie faite homme. Acteurs, entreprises et institutions de l’économie.
    Mélanges offerts à Alain Plessis

    L’économie faite homme. Acteurs, entreprises et institutions de l’économiesous la direction d’Isabelle Lespinet-Moret
    et Olivier Feiertag

    Genève, Droz, 2010
    coll. «Publications d’histoire économique et sociale internationale »
    16 x 24 cm, 588 p.

    issn : 1422-7630
    isbn : 978-2-600-01459-5
    prix : 56,05 €

    Ce volume de mélanges témoigne de l'influence que les recherches et le magistère d’Alain Plessis exercent sur l’histoire économique et sociale en France et dans le monde.

    Trente contributions illustrent la vitalité et la fécondité de cette approche qui revendique à sa façon l’héritage de l’école des Annales mais intègre aux méthodes proprement historiques les problématiques les plus actuelles de la sociologie économique, de l’anthropologie historique, de l’économie de l’information ou encore de l’économie des institutions.

    Les analyses portent principalement sur les acteurs, les entreprises et les institutions de l’économie de la période contemporaine, de la fin du XVIIIe siècle à nos jours. Les banques et les banquiers, la monnaie et le crédit, qui sont au cœur des travaux d’Alain Plessis, sont au centre de ce livre, mais l’État, les grandes entreprises, les ouvriers et les employés sont aussi traités.

    Alors que les faits économiques et financiers semblent, aujourd’hui plus que jamais, déterminer les évolutions historiques, les études ici réunies démontrent que la raison économique n’existe pas à l’état pur et que l’économie, réalité tout autant sociale que politique et même culturelle, n’est rien sans les hommes et les femmes qui la font vivre et en vivent.


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  • L'Office du travail, 1891-1914
    La République et la réforme sociale

    L'Office du travail, 1891-1914Isabelle Lespinet-Moret

    PUR, coll. «  Pour une histoire du travail », 2007
    16,5 x 24 cm, 374 p.

    isbn : 978-2-7535-0445-5
    prix : 19 €

    Créé en 1891, l’Office du travail sert de matrice au Ministère, sans pour autant se confondre avec celui-ci créé en 1906. L’Office s’affirme comme un laboratoire de la régulation sociale. Par ses enquêtes et ses statistiques, il met à disposition des législateurs, des syndicalistes et des réformateurs des connaissances très précises sur le travail, la production et les relations sociales, afin de préparer la réforme sociale. Il incarne le compromis élaboré entre libéraux, catholiques sociaux, radicaux et socialistes pour apporter une solution à la question du travail.


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  • L’Organisation internationale du travail
    origine - développement - avenir

    L’Organisation internationale du travailIsabelle Lespinet-Moret, Vincent Viet (dir.)

    Presses universitaires de Rennes
    coll. «  Pour une histoire du travail », 2011
    16,5 x 24 cm, 216 p.

    isbn : 978-2-7535-1286-3
    prix : 18 €

    Issu d’un colloque international qui a réuni des historiens, sociologues, politistes, juristes et économistes, cet ouvrage propose une lecture originale du devenir de la seule organisation internationale de la Société des Nations ayant survécu aux chocs de la grande crise et de la Deuxième Guerre mondiale, l’OIT. Ses auteurs s’affranchissent, en effet, d’une histoire officielle, encline à valoriser la singularité pérenne de l’Organisation dans son environnement « inter-national », pour se concentrer sur la fabrication et l’usage des normes, dont la mise au point, la circulation et la diffusion ont été favorisées par une nébuleuse d’experts et par des médiations qui débordent les frontières politiques traditionnelles. C’est, du même coup, le fonctionnement transnational d’une institution « sans terre » (Albert Thomas), née au milieu d’États souverains, qui se dévoile. La première partie de l’ouvrage s’intéresse aux « gens de l’OIT », c’est-à-dire à des personnes, groupes et réseaux d’experts ayant concouru à la définition des normes. Axée sur la « diplomatie du travail », la seconde prend en compte les médiations individuelles et institutionnelles qui permettent de comprendre les mécanismes transnationaux d’appropriation et de diffusion des normes promues par l’Organisation. La dernière partie envisage, dans une perspective dynamique, la façon dont l’OIT a élargi sa zone d’influence et son pouvoir normatif en entreprenant la « conquête » de nouvelles frontières et populations.


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  • jeudi 26 mai 2016, à la mairie du 11e arrondissement de Paris, 12, place Léon-Blum

    une conférence de Julie Verlaine sur 

    Femmes collectionneuses d’art et mécènes : figures et pratiques de l’engagement culturel au tournant XIXe-XXe

    dans le cadre d'une série de conférences consacrées au mécénat et à la philanthropie à Paris au XIXe et dans la première moitié du XXe, proposées par la mairie du 11e arrondissement et le Comité d’Histoire de la ville de Paris. 

     

     


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  • Daniel Templon, une histoire d'art contemporain

    Daniel Templon, une histoire d'art contemporainJulie Verlaine

    Paris, Flammarion, collection « Écrire l'art »
    mai 2016
    160 x 230 mm • 413 p. ; 200 ill.

    ean 9782081365582
    prix : 35 €

    Un format inédit, à la fois livre d’histoire et recueil d’entretiens 
    50e anniversaire de la galerie Daniel Templon

    lien vers le site de l'éditeur

    lien vers la galerie

    Sur RFI, émission Vous m'en direz des nouvelles
    Le rendez-vous culturel quotidien de RFI à 13h10 TU sur l'antenne monde et Paris 
    Jeudi 20 octobre 2016 

    écoutez Julie Verlaine
    En ce jour d’ouverture de la Foire Internationale d'Art Contemporain, les nouvelles tendances du marché de l'Art et les artistes d'aujourd'hui sont à l'honneur à Paris. Mais pour commencer, hommage à Daniel Templon, pionnier de l’art contemporain à Paris, qui a fait connaître des artistes du monde entier (Jean-Michel Basquiat, Wilhem de Kooning, Keith Haring, Helmut Newton), et qui a joué un rôle majeur dans l’ouverture de la scène française à l’international. Il fête cette année les 50 ans de sa galerie.

    Lorsque Daniel Templon ouvre sa galerie en 1966, le monde de l'art a profondément évolué depuis les marchands d'art tels que Kahnweiler, Durand-Ruel ou Vollard qui ont défini la profession à la fin du xixe et au début du xxe siècle. New York et l'art américain font une entrée fracassante dans l'histoire de l'art et Daniel Templon est le pionnier d’une nouvelle génération qui se saisit de cette nouveauté, élargit son horizon, et réinvente le métier : celui de galeriste. Ainsi, la trajectoire de la galerie reflète de manière vertigineuse non seulement l'histoire de l'art de la seconde moitié du xxe siècle mais aussi les mutations socioculturelles et économiques du milieu de l’art contemporain.

    Cet ouvrage de Julie Verlaine est le fruit d'une véritable enquête historique, par le dépouillement des riches archives, et d’une abondante documentation imprimée, qui reconstitue dans le plus grand détail les activités de la galerie, et permet de prendre la mesure des évolutions qui ont ponctué son existence et le paysage artistique international. Le récit de ces 50 années est enrichi par les propos du galeriste racontant ses rencontres, celle avec Catherine Millet à l’âge de 20 ans et ses découvertes des plus grands artistes contemporains tels que César, Ben Vautier, Carl Andre, Frank Stella, Andy Warhol, ou Helmut Newton. Il donne ainsi les clés de cette histoire, mais aussi de l’itinéraire atypique qui a fait de lui un témoin privilégié des transformations artistiques, économiques et politiques du dernier demi-siècle. Le livre est divisé en trois parties correspondant aux trois âges de la galerie : sa naissance (1966-1972), sa croissance (1970-1980) et sa maturité (depuis 1990).

    Télécharger « table des matières D.Templon.pdf »

    Julie Verlaine et le galeriste Daniel Templon dédicacent

    Daniel Templon, une histoire d'art contemporain

    Daniel Templon, une histoire d'art contemporain

     Daniel Templon, une histoire d'art contemporain

    Daniel Templon, une histoire d'art contemporain

     

     

     

     

    PREMIÈRE PÉRIODE • NAISSANCES • 1945-172

    CIMAISE-BONAPARTE, DE LA CAVE AU PREMIER

    Peu attiré par les études, le jeune Daniel Templon s’intéresse à la poésie et au jazz et découvre la peinture. Rencontres fortuites et décisions intuitives l’amènent à devenir progressivement un directeur de galerie d’art, entre 1966 et 1968. Installé rue Bonaparte, au coeur de Saint-Germain-des-Prés, il découvre en néophyte le monde de l’art : artistes, critiques et collègues marchands. Les premières expositions qu’il organise avec un camarade de lycée reflètent le goût dominant à Paris durant ces années…

    entretien (extrait) • p. 47-48

    « Il faut être l’homme du moment, rencontrer les bons acteurs et saisir les opportunités avec le goût du risque et de l’ambition. Dans mon cas, cela veut d’abord dire être allé à New York avant les autres. »

    JV : Votre arrivée fortuite, sans argent aucun et sans relations, dans le marché de l’art, serait-elle encore possible aujourd’hui ?

    DT : Il serait extrêmement difficile aujourd’hui en France de refaire ce que j’ai fait. Pas pour des raisons de compétences, cela va de soi. C’est une question de contexte historique. Il faut être l’homme du moment, rencontrer les bons acteurs et saisir les opportunités avec le goût du risque et de l’ambition. Dans mon cas, cela veut d’abord dire être allé à New York avant les autres.
    Dans un monde global comme l’est devenu celui de l’art, les forces sont trop dispersées. Ce qu’a fait Leo Castelli à New York entre les années 1960 et 1980, en rassemblant autant de grands artistes dans une même entité, est unique et n’est pas reproductible. Aujourd’hui quatre ou cinq galeries puissantes à New York et à Londres, avec des contrats qui les lient aux meilleurs artistes du moment, tiennent la moitié du marché mondial. Impossible d’imaginer pareille histoire dans le contexte français. Développer une galerie avec succès est évidemment toujours possible, en revanche, pour atteindre un très haut niveau, c’est considérablement plus complexe. L’argent, au sens de capitalisation d’une entreprise, est désormais essentiel. Il a remplacé en grande partie la valeur culture. Il ne s’agit pas d’un jugement, même si je le regrette, mais d’un constat. En général, et c’est le cas de beaucoup d’entre nous, la carrière s’est faite sans moyens au départ et la découverte de l’art a eu lieu hors du milieu familial : Yvon Lambert est le fils d’un boulanger, Emmanuel Perrotin celui d’un employé de banque, moi-même d’un employé de mairie. On peut aussi devenir marchand après avoir été collectionneur, il y a toutefois peu d’exemples de réussite. En revanche, le milieu familial d’origine peut le favoriser. Le père de Nathalie Obadia, qui travaillait pour l’Éducation nationale, s’intéressait à l’art contemporain et l’emmenait dans les galeries quand elle était enfant. C’est aussi le cas de Georges-Philippe Vallois, dont les parents avaient une galerie d’Art déco.
    Patrick d’Elme et moi ignorions tout de l’art contemporain ; il était d’autant plus audacieux d’ouvrir une galerie que nous n’avions pas un franc et pas même une seule relation dans Paris. Ensuite, tout s’est fait naturellement. Les rapports avec les artistes et les intellectuels m’ont toujours semblé évidents, faciles. Je n’avais pas de complexes pour les rencontrer. Évidemment, cela m’a pris plus de temps pour m’intégrer et créer des liens dans ces milieux socialement différents du mien. Catherine Millet avait elle aussi des origines modestes – son père dirigeait une petite auto-école – et habitait Bois-Colombes.

    Quelques images

    Daniel Templon, une histoire d'art contemporain

     

    Daniel Templon, une histoire d'art contemporain

    Première période

    NAISSANCES
    1945-1972

     extrait du cahier iconographique n° 1.

     

     

     

    Edward Kienholz The Beanery, installation, 253 x 670 x 190 cm. 
    Stedelijk museum d'Amsterdam, 1965.

     

     

     

     

    Vue de la façade de la galerie lors de l'exposition de Ben "L'art est inutile" – 1970.
     

     

     

     

     

     

     

    Anne Vautier, Catherine Millet, Alfred Pacquement et Ben lors de l'exposition "Art = Ben" au Stedelijk museum d'Amsterdam en 1973.

     

     

     

     

     

     

    Daniel Templon, une histoire d'art contemporain

    Deuxième période

    CROISSANCE
    1972-1990

     extrait du cahier iconographique n° 2.

     

     

     

    Maquette de la fondation Daniel Templon
    à Fréjus, 1989.

    Vue de l'exposition L'art en France, au musée temporaire, fondation Daniel Templon, Fréjus, 1990.
    De gauche à droite : Georges Braque, Fernand Léger, Pablo Picasso, 1990.

    Chapitre 6

    EXPOSER L’ART AMÉRICAIN À PARIS (2) : POP ART ET NOUVELLES FIGURATIONS

    Qu’il s’agisse des abstraits, d’artistes fondateurs comme De Kooning ou encore d’artistes pop, l’ambition d’une « remontée » dans l’histoire de l’art américain au xxe siècle est poursuivie, d’année en année, par le biais de projets d’expositions et de publications de catalogues, jusqu’à la fin des années 1980. Ce faisant, Daniel Templon cherche à s’imposer comme l’un des principaux passeurs entre les États-Unis et la France, d’autant plus qu’à ces expositions regardant vers le passé font pendant des manifestations qui, elles, sont délibérément tournées vers l’avenir : celles consacrées aux évolutions les plus actuelles de la création outre-Atlantique. Le lien est assuré par l’attention portée aux figures majeures du pop art des années 1960 dont les créations contemporaines sont présentées par Daniel Templon, parfois en dialogue avec des rétrospectives muséales. Le fil figuratif se déroule, d’expositions de photographes en présentations de jeunes peintres qualifiés d’hyperréalistes, voire de « néo-pop ». 

    Daniel Templon, une histoire d'art contemporain

     1982

     Daniel Templon et Andy Warhol au 30, rue Beaubourg.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Troisième période

    EXPANSION
    depuis 1990

    L’ART CONTRE LE SPECTACULAIRE

    Le début des années 1990 constitue une nouvelle étape dans l’histoire de la galerie, marquée par un déménagement qui, à l’origine, n’est en rien pensé comme éphémère. Installé en bas de l’avenue Marceau, près du pont de l’Alma, Daniel Templon a pour objectif d’accentuer la respectabilité de sa galerie. Ses moyens sont modestes – une grave crise économique rend le marché de l’art atone durant plusieurs années – mais son ambition, immense : il compte faire entrer la galerie dans une période de maturité, approfondir les directions déjà suivies pendant un quart de siècle et faire reconnaître les choix effectués dès le début des années 1970.
    Tandis que la notion d’art contemporain s’élargit considérablement en s’ouvrant à des hybridations multiples dans un emballement économique et médiatique sans précédent, Daniel Templon défend non sans éclectisme des formes artistiques classiques et particulièrement la peinture. Il montre en alternance des artistes français (Raymond Hains, Jean Le Gac, François Rouan, Alain Jacquet, Jean-Michel Alberola puis Gérard Garouste) et des étrangers (Jim Dine, Julian Schnabel, Robert Longo, Alex Katz, Francesco Clemente, Jaume Plensa, Joel Shapiro).

    Daniel Templon, une histoire d'art contemporain

    Troisième période

    EXPANSION
    depuis 1990

    Vue de l'exposition «Larry Bell/Jeppe Hein», 2010

    en bas Ivan Navarro, pavillon chilien (Arsenal), Biennale de Venise, 2009.

     

     

    entretien (extrait, p. 386)

    JV : Quelle est votre analyse sur l’état actuel du marché de l’art français ? Quel peut être son avenir ? Comment lui rendre son dynamisme et sa compétitivité ?

    DT : Le marché de l’art se porte très bien, mais je regrette que la partie financière ait trop pris le pas sur la partie artistique. Que d’un métier de passion on soit passé à un « business ». L’art devient valeur de placement, il y a une trop grande spéculation sur certains artistes à la mode. Il en va des artistes comme des tubes musicaux ou des films : il n’y a pas de recettes garantissant un succès assuré, cela se saurait. Or des galeries ultrapuissantes cherchent aujourd’hui à promouvoir par une ultramédiatisation des artistes dans le but d’une rentabilité financière rapide. Ce sont des multinationales et elles fonctionnent comme des supermarchés : sans engagements spécifiques souvent, essayant d’attirer à elles un maximum d’artistes, elles en « prennent » cinquante, voire plus – cent vingt voit-on sur le site de Larry Gagosian –, achètent leurs oeuvres, sortent beaucoup d’argent et en gagnent beaucoup ; le chiffre d’affaires de ce dernier avoisinerait en 2014 le milliard de dollars. Je n’émets ici aucun jugement moral : les choses sont comme elles sont, cela va de pair avec le développement d’une économie mondiale. C’est l’époque, nous en sommes là, il faut « faire avec ».
    Le marché de l’art français est à l’image de la France, un pays qui a du mal à être de son temps. Les autres ont avancé vite, nous à vitesse réduite. L’État n’a jamais encouragé le développement du marché de l’art. Ce n’est qu’à partir de 2003 que la loi Aillagon, en modifiant notamment la loi de 1987 sur le mécénat et celle de 1901 sur les associations pour développer les dispositifs juridiques et fiscaux existants, a permis des avancées réelles.
    Il faudrait maintenan l’améliorer : que l’on puisse acheter des oeuvres et les donner à un musée, à une institution reconnue d’utilité publique, avec une déduction fiscale quasiment intégrale, comme aux États-Unis ! Cela donnerait une « sortie » au tableau, et une récompense financière et symbolique (celui qui a vu juste bien avant les autres) à l’acheteur-donateur qui a su prendre des risques, enrichissant ainsi les collections publiques.

     

     

     


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